III. L'AUDIOVISUEL

1. Liban

Ce qui marque le paysage audiovisuel libanais est la domination du secteur privé (la majeure partie de l'audience est répartie entre sept chaînes de télévision dont deux publiques, en crise structurelle, comme on le notera ci-dessous) et par la faible part des programmes francophones, comme le montre le tableau suivant :

PAYSAGE AUDIOVISUEL LIBANAIS ET FRANCOPHONIE

Télé Liban

TL 1 (18 h/j). Pas de programmes en français.

Emissions en arabe (moins de 3 h par jour de production propre), et en anglais sous-titré.

TL2 " Le neuf " (5h/j). Programmes en français : 5 h/j (18 h 30 à 23 h 30).

Un film américain ou autre par semaine en moyenne, sous-titré. Programmes fournis par France Télévision et dans une moindre mesure par La Cinquième/Arte, TF 1 et La 6. Le dernier journal de TV 5, à 23 h, est relayé.

Chaînes privées

LBCI (18 h/j). Pas de programmes en français.

MTV (18 h/j). Programmes en français : 3 h 30/j.

Diffusion à 6 h 45 du 20 de TF 1 de la veille. Relais en direct de 7 h 30 à 9 h 30 de Télé Matin de France 2. Journal de 13 h de TF 1 en direct (14 h libanaise). MTV diffuse également (commentaires en français) les grands événements sportifs de forte audience, grands prix de F 1, tennis, etc.

Future TV (18 h/j). Programmes en français : 0 h 15/j.

Journal télévisé en direct à 17 h 30 (réalisé par une ancienne élève du DES de journalisme, soutenu par le poste). Cette chaîne, dont l'audience semble progresser, diffuse des films et des séries sous-titrés en français (en outre, partenariat touristique commercial avec Monaco).

NBN (18h/j). Pas de programmes en français.

Des débats politiques alternent avec le Télé Achat.

El Manar (24 h/j). Pas de programmes en français.

Les chaînes libanaises diffusent globalement 20 % de programmes en français, 28 % en anglais et 52 % en arabe. Le décalage est important, et préoccupant pour l'avenir, avec l'enseignement, dont on a vu plus haut l'orientation toujours largement francophone. Il illustre une nouvelle fois le danger, déjà signalé, d'un cantonnement du français dans le statut précaire de langue savante ou d'une culture déconnectée de la vie pratique.

Cette situation mérite d'être relevée dans la perspective du prochain sommet de la francophonie qui aura lieu en 2001 à Beyrouth, et la délégation de la commission n'a pas manqué d'en faire la remarque à l'occasion des audiences que lui ont accordées le Président de la République, le Premier Ministre et le ministre de l'information, en plaidant pour un fort engagement de l'Etat libanais, avec l'aide de la France, en faveur de la remise en ordre de Télé Liban et de la promotion de son canal francophone, Le Neuf.

Dans le domaine de la télévision publique, un accord conclu en 1993 entre CFI et le ministre libanais, visant à pourvoir Télé Liban en programmes français gratuitement puis selon un système commercial préférentiel, qui n'avait jamais été appliqué, a été réactivé. Il est encore trop tôt pour tirer le bilan de cette réactivation. Télé Liban a acheté depuis 1997 quelques programmes en français mais leur place reste très modeste.

Un projet de relance de la création du canal francophone Le Neuf, à l'étude depuis 1996, a été suspendu en raison d'incertitudes en ce qui concerne les moyens que le côté libanais était disposé à fournir à sa télévision publique. L'octroi d'un soutien français au Canal Neuf, notamment en matière d'équipements, ne pouvait intervenir que si le gouvernement libanais s'engageait à contribuer au processus global de redressement entrepris par le président de Télé Liban. C'est en partenariat avec le gouvernement libanais et sur la base d'engagements réciproques qu'un appui financier français pouvait être étudié.

La question se posait en particulier de l'opportunité de rénover le seul programme francophone quand l'ensemble de Télé Liban est à reconstruire. Les dettes atteindraient en effet 50 millions de dollars et un plan de restructuration de la grille du personnel - pléthorique et dont le niveau de compétence n'est pas sans être mis en doute - impliquerait de provisionner une quarantaine de millions de dollars.

Il semble que le dossier de la restructuration de Télé Liban ait progressé depuis le passage à Beyrouth de la délégation de la commission, sur la base d'une coopération avec un opérateur privé français, le gouvernement français fournissant sur protocole financier, une aide d'une trentaine de millions de francs.

Quoi qu'il en soit des projets concernant Télé Liban, d'autres pistes sont explorées afin de renforcer la place de la francophonie dans l'audiovisuel libanais. Il semble possible d'envisager ainsi des solutions telles que le renforcement des programmes français sur MTV, chaîne qui affiche un choix de programmation francophone et pourrait devenir un partenaire privilégié.

En ce qui concerne la radio, les efforts entrepris par RFI depuis 1993 pour la reprise de ses programmes par Radio Liban ont connu pendant longtemps des résultats très mitigés. En effet, l'émetteur dont RFI avait fait don à Radio Liban, se trouvait régulièrement hors d'état de fonctionner, sans que la direction de la chaîne libanaise ou les autorités libanaises semblent disposer de la possibilité de faire cesser ce qui semblait apparaître comme le résultat de manoeuvres délibérées. Bien que la situation ne soit pas encore totalement satisfaisante, la coopération entre les deux radios semble s'être stabilisée, grâce notamment à l'affectation d'un CSN au suivi de la programmation en français de Radio Liban.

Enfin, la demande de fréquence de RFI sur Beyrouth, déposée par RMC/Moyen-Orient, a dû être abandonnée faute d'avoir trouvé une radio-relais libanaise autorisée à diffuser ses émissions en FM.

2. Syrie

La coopération audiovisuelle avec la Syrie s'appuie, en matière de télévision, sur les relations entretenues par CFI, TV5 et France Télévision avec la télévision publique syrienne (ORTAS).

La deuxième chaîne syrienne, qui accueille des programmes étrangers, diffuse environ une heure quotidienne de programmes de CFI sous-titrés en arabe. Une équipe de CFI présente dans les locaux de l'ORTAS visionne, choisit et sous-titre les programmes transmis par CFI. Le manque de cassettes destinées à l'enregistrement des émissions a été signalé comme une illustration particulièrement criante de l'insuffisance des moyens disponibles pour cette action.

TV 5 peut être captée sur deux satellites en Syrie : Eutelsat diffuse les émissions de TV 5 à destination d l'Europe, tandis qu'Arabsat a repris le canal autrefois attribué à CFI et diffuse sous le titre TV 5 Orient. Faute d'émissions en langue arabe ou sous-titrées en arabe, cette chaîne ne peut espérer jouir d'une véritable audience dans le pays.

En revanche, la coopération entre l'ORTAS et France Télévision semble assez prometteuse. Initiée en 1998, elle s'appuie sur une convention signée entre les deux organismes. La formation est privilégiée, notamment celle des personnels techniques.

Une spécialité de la Syrie étant la production de feuilletons largement diffusés dans le monde arabe, c'est sur ce secteur que se sont d'abord portés les efforts (stage de formation en France et en Syrie des ingénieurs lumière, directeurs photo, assistants de réalisation, etc.).

Parallèlement, les actualités commencent à faire l'objet d'une formation précise. En septembre 1999, une opération importante a été montée entre France Télévision et l'ORTAS sur la préparation, la fabrication et la diffusion du journal télévisé. Six formateurs de France Télévision, conduits par un rédacteur en chef de France 2, ont travaillé à la rénovation du journal télévisé avec les équipes de la télévision syrienne.

Enfin, France Télévision ne pouvant satisfaire une forte demande de coproductions émanant de l'ORTAS, il est envisagé que des émissions de la télévision française soient réalisées en Syrie avec l'appui logistique de l'ORTAS. Cela a été le cas de l'émission " Un train pas comme les autres ", dont le tournage a eu lieu au mois d'octobre 1999.

La radio syrienne, enfin, continue pour l'instant à ne diffuser qu'une heure d'émission quotidienne en français, en direction de l'Europe et sur ondes courtes. Le développement de la coopération dans le domaine de la télévision, cependant, incite à tenter des opérations de même nature en direction de la radio, avec le soutien de RFI qui est disposé à intervenir en partenariat avec l'ORTAS. Des actions de formation pourraient permettre de lancer cette coopération.

3. Jordanie

Notre coopération avec la télévision jordanienne, qui remonte à 1978, est considérée comme de bonne qualité. Elle se traduit par la reprise de 3 heures de programmes quotidiens en langue française (sous-titrés en arabe) à partir d'émissions de CFI (avec qui un accord a été conclu dès 1989). L'interruption déjà évoquée du signal de CFI sur ARABSAT a été palliée depuis janvier 1998, par le nouveau service de banque de programmes mis en place par CFI à destination des télévisions du Proche et du Moyen Orient sur le satellite Hotbird 3.

Il faut noter que les autorités jordaniennes ont soutenu notre projet de diffusion en direct de programmes français par TV 5 sur le satellite ARABSAT, en remplacement de CFI, malgré la candidature d'une chaîne jordanienne sur le canal resté vacant depuis l'interruption des programmes de CFI.

Une aide exceptionnelle à la télévision jordanienne, conditionnée à l'octroi d'une fréquence FM pour RMC/Moyen-Orient, a été décidée à l'occasion de la visite du Président de la République en Jordanie en octobre 1996. Cette aide, d'un montant de 750 000 FF, a été répartie comme suit :

- 250 000 FF consacrés à la formation de 6 stagiaires jordaniens, un mois en France et in situ, grâce à une mission d'experts de France Télévision ;

- 500 000 FF pour la fourniture de trois caméras.

France Télévision coopère également avec la télévision jordanienne sous la forme d'actions de formation et d'assistance technique.

Une opération spécifique d'assistance technique et d'informatique sur financement partiel du ministère des affaires étrangères a notamment été organisée pour les élections législatives jordaniennes de novembre 1997.

France Télévision a informatisé les résultats de ces élections et organisé une émission dans le style de nos soirées électorales.

En 1998, plusieurs missions de France Télévision se sont rendues en Jordanie, notamment deux experts qui ont séjourné deux mois dans ce pays avec deux objectifs :

- dans le domaine des programmes, concevoir et produire avec des techniques modernes de production un programme complet destiné à l'antenne, puis appliquer ces méthodes de travail et cette organisation à l'ensemble du département des programmes de la télévision jordanienne ;

- dans le domaine de la conception graphique, former les personnels aux méthodes de création d'une " identité visuelle ", concevoir un habillage pour les trois chaînes de la télévision jordanienne, créer un nouvel organigramme pour l'ensemble de la cellule avec la mise en place d'une direction de l'habillage et de l'auto-promotion.

Ces missions ont été initiées et encadrées sur place et à Paris par la cellule Méditerranée Monde Arabe. Partiellement financés par le ministère des Affaires étrangères, une part significative du coût de ces opérations a été pris en charge par France 2.

En 1999, les relations avec la télévision jordanienne se sont poursuivies dans les domaines du conseil à la programmation, et de la conception graphique.

France Télévision a également eu en charge la direction de la production et de la couverture des 9 èmes Jeux Pan-Arabes qui se sont déroulés à Amman du 4 août au 4 septembre 1999. Plusieurs experts se sont rendus sur place pour concevoir la couverture, l'implantation des caméras sur les stades, la réalisation, la logistique, la gestion des moyens et des hommes et les liaisons avec l'ensemble des télévisions arabes présentes sur le terrain et qui avaient des athlètes en compétition. Un chef de production de France Télévision a assuré durant un mois la coordination générale du projet en collaboration avec les différents secteurs de la télévision jordanienne.

Pour l'année 2000, plusieurs missions de coopération ont été prévus dans plusieurs domaines technique et journalistique :

- la chaîne internationale de la télévision jordanienne diffuse des programmes en français et notamment un journal. Une mission a été prévue pour aider au remodelage de ces journaux télévisés ;

- la télévision jordanienne s'intéresse également aux outils informatiques mis en place par France Télévision pour la gestion de l'ensemble des chaînes au niveau administratif des programmes, de la mise à l'antenne ainsi que de la réception des informations des agences de presse.

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