3. La politique : une démocratie parlementaire ferme et stable

Le système politique de Singapour est généralement considéré comme autoritaire : on peut, par exemple, lire, dans l'édition 2001 de l'" Atlaséco ", sous la rubrique " Singapour-Constitution " : " République. Régime parlementaire. Pouvoir autoritaire ".

La peine de mort continue d'être appliquée (notamment pour les narcotrafiquants). Le code pénal prévoit encore des châtiments corporels (bastonnade) pour certains types de délits. Quelques clichés ou expériences passées ont, en outre, contribué à forger un véritable mythe : le contrôle, un temps opéré, à l'entrée du territoire, de la coupe de cheveux des personnes se rendant à Singapour, ou encore l'interdiction du chewing-gum figurent parfois en bonne place dans les guides touristiques et accréditent l'image d'un régime attentatoire aux libertés publiques.

Plusieurs auteurs discernent dans certains pays du sud-est asiatique un désintérêt de la population pour la chose politique : " L'Etat sinisé est plus fonctionnel que politique (...). Par conséquent, les sociétés sinisées sont très peu politisées. La pérennité des partis politiques en est une preuve significative (...). Le désintérêt de la population pour la politique est également particulièrement évident à Hong Kong et même à Singapour où les autorités coloniales n'ont jamais favorisé le développement d'une conscience politique " 3 ( * ) .

Les visiteurs occidentaux sont en général frappés par le faible taux de délinquance et de criminalité, l'absence quasi-totale, au quotidien, d'actes d'incivilité, la discipline et l'ordre qui règnent dans la Cité-Etat, peut-être d'ailleurs liés autant à la culture de la population, à son adhésion au groupe, à la surveillance mutuelle qui s'exerce entre citoyens, voire à une certaine forme de fierté nationale qu'à la sévérité des règlements et au " contrôle " politique de la société.

Singapour est une démocratie parlementaire monocamérale . Suite à l'amendement de la Constitution opéré en 1991, le Président de la République, auparavant désigné pour 4 ans par le Parlement, est désormais élu au suffrage universel. Le Président nomme le Premier ministre et, sur recommandation de ce dernier, son Gouvernement, qui est responsable collectivement devant le Parlement.

Le Parlement est composé de 93 membres : 83 sont élus pour 5 ans au suffrage universel, 9 sont nommés pour 6 ans par le Président de la République, 1 est élu hors circonscription dans les rangs du parti d'opposition ayant remporté le plus grand nombre de suffrages.

La vie politique de Singapour, depuis son indépendance, le 9 août 1965, est dominée par le People's Action Party (PAP) fondé en octobre 1954 par M. Lee Kuan Yew. Les partis d'opposition sont le Worker's Party , le Singapore People's Party et le Singapore Democratic Party . Ainsi, lors des élections législatives du 2 janvier 1997, les candidats du PAP ont remporté 81 des 83 sièges à pourvoir, l'opposition n'obtenant que deux places au Parlement ; par la suite, le député élu hors circonscription a été désigné au sein du Workers'Party .

Mais la contestation des décisions gouvernementales reste naissante et demeure peu répandue.

Elle aurait d'ailleurs tendance à s'exprimer en dehors du cadre politique institutionnel . On note ainsi l'émergence de forums associatifs, tels que le " Think Centre " animé par M. James Gomez, ou " l'Open Singapore Centre " de MM. Chee Soon Juan et Jeyaretnam, qui entendent commenter l'action du Gouvernement et de l'administration. Si ces associations ont encore une audience très limitée , elles répondent aux attentes d'une certaine catégorie de la population, jeune, éduquée à l'étranger et travaillant dans des secteurs économiques de pointe, et qui souhaite avoir un rôle plus important dans la définition des choix nationaux. A ce titre, l'ouverture, en août 2000, d'un " Speaker Corner " à Hong Lim Park (lieu mis à disposition des " contestataires " dans un parc public) est un pas supplémentaire dans l'amélioration de la liberté d'expression à Singapour.

* 3 Eric Bouteiller et Michel Fouquin, in " Le développement économique de l'Asie orientale ", La Découverte, 1995, page 24.

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