2. Un ensemble hétéroclite

a) Des contours flous

Il convient de souligner qu'il n'existe aucune définition officielle ou aucun label spécifique pour les Think Tanks .

D'ailleurs, si certaines des institutions recensées ci-dessus, comme l' American Enterprise Institute , l' Heritage Foundation ou l' Economic Policy Institute se présentent comme des Think Tanks , d'autres, comme la Brookings Institution , le Cato Institute ou le Center on Budget and Policy Priorities préfèrent se définir comme des institutions ou des organismes de recherche.

Quand ils établissent des liens avec d'autres sources de documentation économique, les sites internet de l'American Economic Association ou des Think Tanks eux-mêmes, regroupent ainsi les principaux Think Tanks dans ensemble hétéroclite d'institutions réunies sous un vocable assez général comme « institutions de recherche non académiques » ou « Think Tanks et autres organisations ».

En outre, la définition des Think Tanks proposée précédemment ne doit pas être prise au pied de la lettre.

En effet, si les Think Tanks se présentent comme des institutions sans but lucratif afin de bénéficier d'un régime fiscal privilégié, ils sont pour la plupart constamment en recherche de financements, et certains proposent pour ce faire à leurs adhérents une gamme étendue de « services » plus ou moins commerciaux, de sorte qu'ils seraient considérés en France comme des associations à but lucratif.

Par ailleurs, le fait que les Think Thanks soient « non partisans », signifie seulement qu'ils ne sont pas rattachés à l'un des deux grands partis politiques : cela ne signifie aucunement que leurs travaux ne s'inscrivent pas dans une famille de pensée politique.

La plupart des Think Tanks sont ainsi plus ou moins politiquement connotés.

Par exemple, parmi la cinquantaine de « scholars », c'est à dire les « chercheurs » de l' American Enterprise Institute , figuraient en avril 2001 d'éminentes personnalités républicaines, comme M. Newt Gringich, Speaker de la Chambre des Représentants entre 1995 et 1999 et promoteur de la « révolution conservatrice » (qui y est « scholar » spécialisé en matière de santé, de nouvelles technologies de l'information, d'affaires militaires et de politique) ; Mme Lynne Cheney, épouse du vice-président des États-Unis ; Mme Jeane J. Kirkpatrick, ancienne représentante des États-Unis auprès des Nations Unies sous la présidence de Ronald Reagan  et plusieurs anciens conseillers de Ronald Reagan.

Certains Think Tanks sont même explicitement des institutions de promotion de certaines idées politiques .

Par exemple, The Heritage Foundation se présente sur son site internet comme un Think Tank « non partisan ... dont la mission est de concevoir et de promouvoir des politiques publiques conservatrices fondées sur les principe de la libre entreprise, d'une intervention publique limitée, de la liberté individuelle, des valeurs américaines traditionnelles et d'une défense nationale puissante ».

De même l'indépendance des Think Tanks est parfois toute relative .

Certains Think Tanks qui s'affichent « indépendants » sont largement financés par des organisations syndicales ou par des administrations publiques, dont elles constituent quasiment des démembrements.

Par exemple, la RAND se présente comme une institution « indépendante », alors qu'elle fut fondée à la demande de l'armée de l'air américaine par essaimage à partir des chercheurs d'un constructeur d'avions militaires ( Douglas Aircraft ), et qu'elle demeure financée aux trois quarts (81 % en 1998 et 76 % en 1999) par des administrations publiques fédérales, notamment par le ministère de la défense.

En conséquence, le périmètre des Think Tanks est assez flou . En conséquences, les listes de Think Tanks établies par certaines organisations, comme l' American Economic Association ou le NBER ne se recoupent pas.

Il est vrai que certaines institutions sont difficiles à classer. Par exemple, le Conference Board , qui est souvent considéré comme l'un des Think Tanks les plus prestigieux, n'en présente que certaines caractéristiques. Il s'agit en effet d'une institution reconnue comme indépendante, qui réalise des travaux scientifiques de grande qualité et les diffuse dans un langage très accessible. En outre, le Conference Board se définit comme une institution qui ne recherche pas à réaliser des bénéfices (« non-for-profit organization »).

Cependant, le Conference Board se présente aussi comme un prestataire de services de conseils aux dirigeants des entreprises adhérentes, et n'est d'ailleurs pas reconnue par le fisc comme une association sans but lucratif.

Par ailleurs, certaines organisations se présentent comme des Think Tanks , alors qu'elles sont tout au plus des clubs de réflexion et de propagande politiques sans réels moyens d'études.

De même, il est parfois difficile de distinguer certains Think Tanks d'associations caritatives, tant leurs moyens, leur fonctionnement et leurs objectifs sont similaires.

Inversement, certains centres adossés à des universités, comme l'Institute for Social Research ne sont pas considérés comme des Think Tanks alors même que leur fonctionnement et leur financement ne diffèrent guère de celui des principaux Think Tanks .

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