B. LA VACCINATION EN ANNEAU

La vaccination en anneau permet de juguler la croissance d'une épizootie lorsque les mesures sanitaires (abattages, désinfections, restrictions aux mouvements d'animaux) ne suffisent pas à contenir l'apparition de nouveaux foyers . A elle seule, elle n'a pas permis d'obtenir l'éradication de la fièvre aphteuse 72 ( * ) au cours de la période antérieure à 1991.

La faculté de recourir à cette vaccination est, comme on l'a vu au I du présent chapitre, soumise à un étroit contrôle de la Commission. Une fois l'épizootie enrayée, un Etat qui procède à une vaccination d'urgence est tenu, pour retrouver le statut de zone indemne sans vaccination, de faire disparaître les animaux vaccinés . Faute de quoi, il est susceptible de voir ses exportations faire l'objet de restrictions commerciales de la part d'autres Etats. Il convient donc de souligner que la vaccination « en anneau » ne permet pas de conserver le cheptel vacciné , sauf à perdre le statut de zone indemne de fièvre aphteuse sans vaccination .

Le risque de perdre le statut de zone indemne explique sans doute pour partie que la Grande-Bretagne, qui a obtenu de la Commission européenne l'autorisation de procéder à une telle vaccination, ne l'ait finalement pas mise en oeuvre, les représentants de la National Farmers Union faisant clairement part de leur opposition à une telle mesure 73 ( * ) , alors même que deux chaînes de supermarchés (Tesco et Sainsburg) s'engageaient à commercialiser les produits issus du bétail vacciné, avec l'assentiment de la Food Standard Agency 74 ( * ) .

Les Pays-Bas ont, quant à eux, après avoir reçu l'autorisation de Bruxelles, entamé en avril 2000 un programme de vaccination, puis de destruction des animaux vaccinés, malgré la vive -et parfois même violente- opposition manifestée par la population.

Pour la France, la question est donc de savoir à partir de quel nombre de foyers aphteux il serait nécessaire de recourir à la vaccination en anneau , tout en notant qu'une telle stratégie suppose de disposer d'un stock de vaccins suffisant. Selon une étude précitée de l'INRA Rennes sur la situation en France 75 ( * ) « Au vu des simulations réalisées, la stratégie de vaccination d'urgence, associée à une stratégie d'abattage, ne se justifie d'un point de vue économique que si les autorités sanitaires s'avèrent incapables d'éradiquer l'épizootie dans un délai raisonnable en mettant en oeuvre des stratégies sanitaires strictes. Dans l'hypothèse où les animaux vaccinés sont abattus dans un délai de trois mois après l'éradication de la maladie, une campagne de vaccination n'est économiquement justifiée que si on anticipe une durée de l'épizootie d'au moins un mois avec au moins 500 foyers ». On retiendra de ces travaux que le meilleur moyen d'éviter une vaccination d'urgence est d'enrayer l'épizootie très rapidement.

* 72 Cf. Robert Vindrinet, « Vaccination périfocale : efficacité dans la lutte antiaphteuse », dans Bulletin de l'Académie Vétérinaire de France, 1993, page 140.

* 73 Cf. « Farms leaders raise questions over the effectiveness of vaccination » dans The Independant, 17 avril 2001.

* 74 Cf. Les Echos, 19 avril 2001, page 10.

* 75 O. Mahul, « Evaluation des conséquences économiques de l'épizootie de fièvre aphteuse », op. cit.

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