2. Notre coopération avec le Kenya, ou comment mener une coopération plus dynamique avec des moyens réduits

Le déplacement de la mission sénatoriale au Kenya a permis de mieux évaluer les enjeux et les moyens de la coopération française dans les nouveaux pays intégrés à la zone de solidarité prioritaire.

a) Les enjeux de la coopération avec le Kenya

Le Kenya dispose de plusieurs atouts au premier rang desquels la stabilité politique dont il a bénéficié depuis son indépendance. Le Kenya a restauré en 1991 le multipartisme sous la pression de la population et des bailleurs de fonds. Les deuxièmes élections pluralistes de décembre 1997 ont été marquées par la continuité : elles ont été en effet remportées par le Président Moi (dernier mandat de cinq ans) et l'ancien parti unique -la KANU- sur une opposition divisée. Toutefois, depuis 1992, les tensions foncières ont nourri à intervalles réguliers, en particulier dans la vallée du Rift, des violences politico-ethniques.

Par ailleurs, le potentiel économique du pays se compare très favorablement aux autres Etats de la région : les capacités agricoles permettaient encore, au cours des années 80, quand la pluviométrie présentait un niveau normal, d'assurer l'autosuffisance alimentaire et d'exporter du café, du thé et diverses productions légumières et horticoles ; les infrastructures de transport (l'aéroport de Nairobi constitue un noeud de communications pour toutes les destinations transrégionales ; le port de Mombasa, l'état des réseaux ferré et routier permettent le transit vers l'Ouganda et au-delà vers toute la région des Grands lacs) ; le dynamisme de l'activité touristique lié à la richesse et la variété du patrimoine humain et naturel ; les bases d'un développement industriel ; la promotion de l'intégration régionale au sein de l' « East African Community » (EAC) -avec deux pays voisins : l'Ouganda et la Tanzanie et du « Common Market for Eastern and southern Africa ».

L'économie kenyane reste toutefois marquée par de nombreux facteurs de fragilité dont le poids s'est plutôt accru dans la période récente. En premier lieu, la prédominance du secteur agricole rend l'économie particulièrement vulnérable aux aléas climatiques : l'aggravation de la sécheresse en 2000 a provoqué une augmentation de la mortalité du bétail ainsi qu'une contraction de la production céréalière estimée à 30 % par rapport à 1999. En 1999, la croissance n'avait pas dépassé 1,4 %, taux qu'il convient de rapporter à la croissance de la population de l'ordre de 2,4 %.

Par ailleurs, les vicissitudes des relations avec les bailleurs de fonds multilatéraux ont aussi pesé sur la conjoncture économique ; ainsi la facilité d'ajustement structurel renforcé accordée par le FMI en 1996 a été suspendue l'année suivante afin de sanctionner la lenteur des privatisations et le manque de détermination des autorités kenyanes dans la lutte contre la corruption. Le redressement engagé par les autorités depuis 1999 a toutefois conduit la Banque mondiale et le FMI à reprendre leurs décaissements.

Enfin, le développement du pays reste hypothéqué par l'extension de la pandémie de sida : 14 % de la population est séropositive et la moitié des lits d'hôpitaux est occupée en 2001 par des malades du sida. Les effets de la maladie apparaissent d'autant plus alarmants qu'ils touchent plus particulièrement les forces vives du pays -et notamment les jeunes.

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