E. L'EMPLOI ET LE CHÔMAGE

Les perspectives de l'emploi et du chômage sont fondées sur l'hypothèse d'une croissance de la productivité horaire tendancielle de 1,6 %, qui prolonge les évolutions récentes.

La progression de l'emploi qui découle de cette hypothèse de productivité et de la croissance économique est de 0,8 % à moyen terme, soit presque 200 000 créations nettes d'emplois par an.

L'OFCE retient par ailleurs l'hypothèse d'un ralentissement de la population active, qui croîtrait de 160 000 en 2003 à 60 000 en 2006. Cette évolution est en ligne avec les projections de l'INSEE. Elle est légèrement supérieure à celle de la population en âge de travailler et s'en rapproche au fur et à mesure que le taux de chômage se rapproche de son niveau de plein emploi. En effet, en période de ralentissement de l'activité et d'augmentation du chômage, des actifs potentiels peuvent renoncer à se présenter sur le marché du travail («  travailleurs découragés », allongement de la durée des études). Inversement, en période d'amélioration conjoncturelle, des personnes jusque-là découragées se présentent sur le marché du travail, entraînant ainsi une évolution de la population active observée supérieure à celle de la population en âge de travailler.

L'évolution de l'emploi est plus rapide que celle de la population active, si bien que le nombre de chômeurs diminue dans la projection d'environ 110 000 par an. Le taux de chômage régresserait ainsi régulièrement, passant de 8,9 % en 2001 à 6,8 % en 2006.

Emploi et chômage 1)

Evolution moyenne (en milliers)

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

Emploi total

545

446

212

281

234

198

166

Population active totale

187

288

153

161

110

106

57

Nombre de chômeurs

-358

-158

-59

-119

-124

-92

-109

Taux de chômage (au sens du BIT)

9,5

8,9

8,6

8,1

7,6

7,3

6,8


1. Rappel : 1999 : 417 ; 283 ; - 135 ; 11,0.

F. LES PRIX

Du fait de la baisse du chômage, les prix accélèreraient. L'inflation resterait cependant en France au-dessous de la cible de la BCE, à 2,0 % à l'horizon de 2006.

Inflation 1)

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

Prix à la consommation

1,2

1,4

1,5

1,3

1,4

1,9

1,7

Salaire horaire

4,6

3,8

3,2

3,2

3,5

3,4

3,3

Salaire horaire réel

3,4

2,4

1,6

1,9

2,0

1,5

1,6

Productivité horaire

2,3

0,6

1,4

1,9

1,8

1,4

1,4

Coûts salariaux par unité produite

1,3

2,3

1,6

0,9

1,5

1,8

1,8


1. Rappel : 1999 : 0,2 ; 3,1 ; 3,0 ; 1,7 ; 1,2.

Le scénario extériorise un taux de chômage s'établissant à 6,8 % en 2006 avec un maintien de l'inflation en dessous de 2 % par an. Ce résultat suppose vérifiée une hypothèse lourde : celle d'une baisse du taux de chômage d'équilibre à 5 %.

Ce concept, issu de la théorie du « chômage naturel » de Milton Friedman (1968), a connu des appellations diverses : NAIRU, NAWRU, chômage de long terme ou chômage structurel. Elle repose sur l'idée selon laquelle au-dessous de ce niveau « naturel », toute baisse du chômage observé a, dans un premier temps, pour contrepartie une accélération de l'inflation ; puis dans un deuxième temps, du fait de la spirale prix-salaires qui découle de cette inflation, le taux de chômage revient à son niveau structurel initial. Au total, la baisse du chômage, n'aurait donc été que transitoire, tandis que ses conséquences inflationnistes seraient définitives. Selon cette théorie, les politiques actives de la demande d'inspiration keynésienne sont inadéquates pour combattre le chômage structurel. Seules des réformes structurelles permettraient de diminuer ce niveau « naturel ».

Cette analyse a fait l'objet d'abondantes controverses quant à ses soubassements théoriques mais également sur sa validité empirique. Certains éléments théoriques permettent d'entrevoir une baisse de ce chômage non inflationniste. Les théories de l'hystérèse montrent comment ce chômage a augmenté avec le taux de chômage observé, du fait notamment de son impact sur le capital humain. A l'inverse, une baisse du taux de chômage pourrait amener une baisse du taux de chômage d'équilibre. En outre, il est probable que l'expérience d'une longue période d'absence d'inflation et le renforcement de la crédibilité de la banque centrale européenne modifient les anticipations sur les prix, permettant une baisse du chômage d'équilibre. Les baisses de taux d'intérêt passées pourraient en outre favoriser une augmentation progressive du taux d'investissement, de nature à limiter les tensions potentielles sur l'appareil productif. Le NAIRU peut enfin baisser graduellement en réaction aux politiques structurelles sur le marché du travail (réforme de l'indemnisation du chômage en 1993, abaissement de charges patronales, prime à l'emploi, PARE,...). Les politiques structurelles sur le marché des biens (politique de concurrence, dérégulation) et sur les marchés financiers (dérégulation) peuvent aussi diminuer le NAIRU.

Cependant, une variante plus défavorable a été réalisée pour illustrer les conséquences d'une absence de baisse du taux de chômage d'équilibre (sans hypothèse particulière de réponse de la banque centrale). L'inflation atteindrait 5 % en 2006. Cela entraînerait une perte de compétitivité et amputerait la croissance. A long terme, le taux de chômage reviendrait à son niveau d'équilibre.

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