b) Les années 90 ont vu le creusement de l'écart de croissance entre l'Europe et les Etats-Unis

Les Etats-Unis connaissent une croissance soutenue depuis 1992, au terme de laquelle le PIB américain a progressé en moyenne au cours de la période 1992-2000 de 3,8 % en volume par an.

Par comparaison, la croissance a été nettement moins dynamique en Europe.

Comparaison entre la croissance aux Etats-Unis,
dans la zone euro et en France

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Etats-Unis

3,1

2,7

4

2,7

3,6

4,4

4,4

4,2

5

Zone euro

1,4

-0,8

2,3

2,2

1,4

2,3

2,8

2,6

3,4

France

1,3

-0,9

1,8

1,9

1

1,9

3,3

3,2

3,2

S'en est suivi un creusement de l'écart de développement entre les Etats-Unis et la zone euro.

Soit une base 100, en 1992, le PIB américain s'élève 8 ans plus tard à 140 et celui de la zone euro aux alentours de 120. La richesse des Etats-Unis s'est, ainsi, accrue au cours de la période deux fois plus qu'en Europe .

Cette croissance accélérée a été contemporaine d'une accélération des gains de la productivité apparente du travail, intervenue aux Etats-Unis depuis 1995.

CROISSANCE ANNUELLE DE LA PRODUCTIVITÉ APPARENTE
DU TRAVAIL AUX ETATS-UNIS

1966-1973

1974-1995

1995-1999

+ 2,4 %

+ 1,5 %

+ 2,5 %

Les causes de cette accélération sont sans doute multiples. S'il ne faut pas négliger les effets probables des réformes apportées aux marchés du travail et des biens, non plus que l'impact des restructurations du secteur productif, l'attention se porte aujourd'hui sur l'impact de la nouvelle économie sur le régime de croissance aux Etats-Unis.

Plusieurs études attribuent aux nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) une responsabilité importante dans l'accroissement récent de la productivité du travail aux Etats-Unis.

CONTRIBUTION DES NTIC À L'ACCÉLÉRATION
DE LA PRODUCTIVITÉ DU TRAVAIL AUX ETATS-UNIS

Gordon
(2000)

Jorgenson et Stiroh
(2000)

Oliner et
Sichel
(2000)

« US Council of Economic Advisers »
(2001)

Période

1995-1999

1995-1998

1995-1999

1995-2000

Augmentation de la productivité du travail


1,33


0,95


1,16


1,63

Intensification capitalistique
dont :

0,33

0,29

0,33

0,38

NTIC

...

0,34

0,50

0,62

Autres

...

- 0,05

- 0,17

- 0,23

Productivité totale des facteurs

0,31

0,65

0,80

1,19

Secteur des NTIC

0,29

0,24

0,31

0,18

Reste de l'économie

0,02

0,41

0,49

1,00

Autres facteurs

0,69

0,01

0,04

0,04

Effet du cycle

0,50

...

...

0,04

Prix

0,14

...

...

...

Qualité du travail

0,05

0,01

0,04

0,00

Source : Fonds monétaire international. World Economic Outlook. Octobre 2001.

Cet impact aurait été double :

D'une part, le « boom » de l'investissement en NTIC aurait favorisé une intensification capitalistique aux Etats-Unis, qui, en mettant davantage de capital à la disposition des travailleurs américains, aurait amélioré leur efficacité.

D'autre part, et cet effet aurait été de plus grande ampleur que le précédent 3 ( * ) , la productivité totale des facteurs aurait accéléré sous l'effet d'une meilleure organisation des processus de production due aux NTIC. En particulier, des phénomènes de substitution du capital au travail se seraient produits.

L'accélération de la productivité du travail aux Etats-Unis a permis une élévation du rythme de croissance qui a bénéficié à ce pays mais aussi à l'Europe et au reste du monde.

L'augmentation de la productivité du travail observée aux Etats-Unis a élevé le niveau de la croissance potentielle américaine et cela a favorisé le maintien, aux Etats-Unis, d'une croissance effective élevée.

La croissance potentielle d'un pays est égale au produit de la variation de sa population active par les gains de productivité du travail. La croissance effective peut lui être inférieure ou supérieure, en fonction d'un grand nombre de données (en particulier, l'orientation des politiques économiques). Cet écart entre croissance effective et croissance potentielle peut, quant à lui, être souhaitable ou non, selon la situation économique de départ. Si, en régime stable, un tel écart n'est pas désirable, l'existence d'un « réservoir de main-d'oeuvre » inutilisé peut inciter transitoirement à le rechercher, comme ce devrait être le cas en Europe. Cependant, il faut prendre conscience que plus cet « écart de production » est élevé et durable, plus des tensions risquent d'advenir, dont l'atténuation par les politiques publiques est fort délicate.

Parmi d'autres facteurs, c'est à l'augmentation de la croissance potentielle que la forte croissance effective observée aux Etats-Unis a dû de se produire et de durer . En effet, malgré le dynamisme de l'activité économique, l'écart de production est constamment resté limité, en dépit d'une légère hausse au cours de l'année 2000.

ECART DE PRODUCTION 1) AUX ETATS-UNIS

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

- 1,8

- 1,8

- 0,5

- 0,7

- 0,4

0,4

1,0

1,3

2,2

1. Différence entre le PIB effectif et le PIB potentiel, en pourcentage du PIB potentiel.

En conséquence, les tensions inflationnistes sont restées modérées .

INDICE DES PRIX À LA CONSOMMATION AUX ETATS-UNIS
(pourcentages de variation par rapport à la période précédente)

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

3,0

3,0

2,6

2,8

2,9

2,3

1,6

2,2

3,4

Cette caractéristique a conforté la croissance américaine, qui a ainsi pu être durable. Elle témoigne d'une période prolongée d'absence de tensions excessives sur les facteurs de production, qui n'auraient pu être évitées sans la hausse de la productivité.

* 3 Excepté dans l'étude de Gordon.

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