7. Des phénomènes spécifiques liés à l'élévation du niveau de la mer

Enfin, votre Rapporteur tient à évoquer brièvement trois phénomènes qui pourraient accompagner l'élévation du niveau de la mer : la salinisation, la réduction du volume des eaux souterraines, l'accroissement de la fréquence des surcôtes.

a) La salinisation

Les estuaires de la Seine, de la Loire et de la Gironde pourraient subir une intrusion saline plus prononcée.

Par ailleurs, pour l'estuaire de la Loire, il a été estimé qu'une élévation du niveau de la mer de 0,60 m entraînerait une migration du front de salinité vers l'amont du fleuve d'environ un kilomètre. Ce qui est à comparer avec la dizaine de kilomètres de déplacement de ce front au cours des vingt dernières années du fait des travaux d'amélioration de la navigation dans l'estuaire de la Loire.

La Camargue subirait aussi une salinisation accrue.

b) La réduction du volume des eaux douces souterraines

Le sous-sol de l'espace littoral se caractérise par la rencontre entre deux masses d'eau : l'eau de mer, salée et immobile, et l'eau douce de l'aquifère continental qui s'écoule sur l'eau salée.

En cas d'élévation du niveau de la mer, l'interface entre les deux masses d'eau se déplacerait vers la terre. D'où un certain nombre de conséquences diverses selon les caractéristiques des lieux considérés.

Cela risque de se traduire, en Camargue , par un morcellement des aquifères d'eau douce, ou encore une arrivée de l'eau salée sous certains puits ; ces phénomènes étant accélérés par des prélèvements d'eau inconsidérés.

Plus gravement, en Polynésie , la réduction du volume des lentilles d'eau douce pourrait poser de véritables problèmes d'approvisionnement pour les habitants des atolls .

Quant aux terres littorales basses et planes , les drainages devront y être renforcés, de même que les pompages dans les polders .

Enfin, les agglomérations urbaines proches du littoral pourraient être gênées dans l'évacuation de leurs eaux usées, du fait de l'élévation du niveau de la mer par rapport au niveau des collecteurs.

c) L'accroissement de la fréquence des surcôtes

Des ondes de tempêtes, des marées de vive-eau (42 ( * )) , des effets de résonance liés à la configuration du littoral marin, conjugués à l'élévation du niveau de la mer, pourraient entraîner des surcôtes bien plus fréquentes que par le passé comme le montrent les exemples ci-dessous.

Fréquence accrue des surcôtes

Lieu

Elévation

du niveau de la mer

Estuaire de la Loire

Côte occidentale du Cotentin

Rivages de la mer du Nord

+ 0,30 m

+ 1,40 m

10 ans

(100) (43 ( * ))

10 ans

(100)

-

+ 0,50 m

-

-

+ 3 m

80 ans

(500)

D'une manière générale, et comme souvent au cours du présent rapport, votre Rapporteur tient à souligner que les retombées futures des changements climatiques, pour importantes et graves qu'elles semblent devoir être parfois, restent en deçà des dommages déjà infligés par l'homme à la nature quant à plusieurs des phénomènes évoqués.

Il en va ainsi notamment pour la submersion des espaces deltaïques privés de sédiments fluviaux par les barrages et les aménagements des fleuves , ou pour la disparition des mangroves davantage menacées de déforestation que de submersion, ou pour la mort des récifs coralliens victimes de diverses pollutions . De même, le renforcement de l'érosion des plages par le recours aux cordons d'enrochements renforçe l'érosion de la plage qu'ils sont censés protéger ; la salinisation de l'estuaire de la Loire résulte de travaux d'amélioration de la navigation , et la réduction du volume des eaux douces souterraines provient de prélèvements excessifs .

De même encore, en Italie, Venise ne s'enfonce pas à cause de l'élévation du niveau de la mer, mais du fait des marées, des pompages de l'eau et du pétrole effectués sous elle, ainsi que de l'envasement des canaux.

* (42) Marée de nouvelle ou de pleine lune pendant laquelle la différence entre la hauteur de la pleine mer et celle de la basse mer -le marnage- est maximale.

* (43) Exemple de lecture du tableau : si le niveau de la mer s'élève de + 0,30 m au cours du XXIème siècle, une surcôte de 1,40 m serait à redouter tous les 10 ans au lieu de tous les 100 ans actuellement.

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