2. La nécessité de soumettre les experts à une formation juridique et à un contrôle

Il semble également que la formation juridique des experts et le contrôle de leur activité soient insuffisants.

a) Un contrôle insuffisant

Chaque année, sans que les intéressés aient à renouveler leur demande initiale, les assemblées générales des cours d'appel et le Bureau de la Cour de cassation examinent la situation de chaque expert précédemment inscrit, pour s'assurer qu'il continue à remplir les conditions requises, respecte les obligations qui lui sont imposées et s'en acquitte avec ponctualité. La réinscription sur une liste est décidée sous les mêmes conditions et dans les mêmes formes que l'inscription.

Les experts font connaître tous les ans, avant le 1 er septembre au premier président de la cour d'appel ou, pour ceux qui ne sont inscrits que sur la liste nationale, au premier président de la Cour de cassation, le nombre des rapports qu'ils ont déposés au cours de l'année judiciaire ainsi que, pour chacune des expertises en cours, la date de la décision qui a commis l'expert, la désignation de la juridiction qui a rendu cette décision et le délai imparti pour le dépôt du rapport.

Le contrôle des experts est exercé à la fois par le premier président et par le procureur général .

Chacun de ces magistrats reçoit les plaintes et fait procéder à tout moment aux enquêtes utiles pour vérifier que l'expert satisfait à ses obligations légales et s'en acquitte avec ponctualité.

S'il apparaît au premier président ou au procureur général qu'il existe des présomptions contre un expert inscrit d'avoir manqué à ses obligations, il fait recueillir ses explications. Le cas échéant, il saisit l'assemblée générale de la cour d'appel ou le Bureau de la Cour de cassation en vue de la radiation de l'expert.

M. Jean-Bruno Kerisel a en effet laissé entendre à la mission qu'une fois inscrits les experts ne faisaient plus l'objet que d'un contrôle assez lâche : « Certains experts n'ont plus les compétence requises. Celles-ci devraient donc être validées tous les cinq ans. La certification des professions n'est malheureusement pas aussi répandue en France qu'à l'étranger : en général, elle est donnée pour une période de trois ou cinq ans. Désormais, un médecin hospitalier expert doit renouveler sa certification professionnelle auprès de la cour d'appel tous les cinq ans. Il devrait en être de même pour les ingénieurs, les architectes, les comptables, etc .

« Tous ces professionnels devraient également recevoir une certification d'aptitude juridique. Ils doivent en effet se tenir au courant de l'évolution non pas du droit - ils n'ont pas à dire le droit - mais de la procédure . »

Telle est la raison pour laquelle, la mission souscrit à la proposition de la Fédération nationale des compagnies d'experts près les cours d'appel et les tribunaux administratifs de prévoir, tous les cinq ans, un renouvellement des experts inscrits.

b) La nécessité de prévoir une formation juridique à l'attention des experts

Enfin, à l'instar de la Fédération nationale des compagnies d'experts près les cours d'appel et les tribunaux administratifs, la mission estime nécessaire que des formations juridiques soient organisées dans chaque cour d'appel.

M. Jean-Bruno Kerisel a en effet souligné que « bien souvent, on s'aperçoit que les rapports d'expertise judiciaire ne respectent pas certaines des règles qui figurent dans le nouveau code de procédure pénale ou dans le code pénal. Je pense, par exemple, à la règle du contradictoire. Certains médecins des hôpitaux chargés d'une mission d'expertise convoquent le malade, c'est-à-dire le demandeur, mais ne convoquent pas le défendeur. Le contradictoire n'étant pas respecté, le rapport va évidemment au panier. La Chancellerie considère comme tout à fait utile cette formation juridique des experts dans chaque cour d'appel . »

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