b) Un fréquent problème d'enclavement

La principale cause du surdimensionnement des centres commerciaux des quartiers défavorisés semble être leur enclavement. Ce dernier provient de trois phénomènes.

(1) Un enclavement du quartier dans son ensemble

Tout d'abord, le quartier est lui-même fréquemment enclavé.

En effet, les quartiers d'habitat social ont souvent été construits sur des plateaux offrant de vastes surfaces à construire. Ainsi, des dénivelés les isolent fréquemment du reste de la ville.

Par ailleurs, les voies ferrées, quatre voies et autoroutes qui longent souvent ces quartiers constituent un facteur d'enclavement supplémentaire.

Ainsi, selon l'EPARECA, « seules de très rares exceptions (la Paillade à Montpellier, la Verrière à Meaux, Vénissy à Vénissieux, les Flanades à Sarcelles, Epicentre à Epinay) disposent de vastes zones de chalandise (supérieures à 20.000 habitants), autorisant le développement de plus grands centres, y compris d'hypermarchés ».

(2) Une mauvaise conception du centre commercial

Un deuxième facteur d'enclavement est que les urbanistes des années soixante et soixante-dix ont généralement conçu les centres commerciaux autour de l'idée que les clients viendraient y réaliser leurs achats à pied. Ainsi, à Saint-Ouen l'Aumône le centre commercial des Chenevières est situé dans une zone piétonne. De même, à Poitiers le centre de Bellejouane est construit dans un quasi cul-de-sac, en périphérie du quartier et en-dehors des flux de circulation 12 ( * ) .

(3) Une évolution des quartiers autre que celle qui avait été prévue

L'inaccessibilité peut également provenir du fait que le quartier a évolué différemment de ce qui était prévu.

Tout d'abord, certains projets d'urbanisme n'ont pas été totalement réalisés. Ainsi, à Montataire le centre des Martinets, situé au coeur du quartier projeté à l'origine, s'est retrouvé en périphérie du fait de l'absence de réalisation de la seconde partie du programme.

Ensuite, certains sites ont vu leur accessibilité réduite du fait de la montée de l'insécurité. Par exemple, le centre du Val d'Argent Nord, à Argenteuil, est rendu difficilement accessible par l'insécurité du parc de stationnement souterrain.

c) Une volonté de fuir le quartier

Il convient en outre de mentionner le fait que, bien souvent, les habitants des zones urbaines sensibles souhaitent s'évader de leur quartier (les habitants des quartiers voisins ne souhaitant a fortiori pas s'y rendre pour réaliser leurs achats).

En effet, comme l'indique le CREDOC dans le document précité, « la vie dans les quartiers de banlieue est marquée par une double tendance, celle du repli, la « cité » étant vécue comme un monde à part, et celle de l'évasion, la vraie vie se passant ailleurs ».

Il en découle que les habitants peuvent, d'une part, souhaiter avoir sur place plus d'offre commerciale et de services et, d'autre part, préférer fréquenter des zones commerciales plus attractives éloignées de leur quartier.

* 12 Par ailleurs, autre exemple de mauvaise conception des centres commerciaux, la taille des cellules commerciales est devenue trop petite pour accueillir les formules commerciales actuelles.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page