B. L'ABSENCE D'HARMONISATION EUROPÉENNE
Elle se manifeste à un double point de vue : au niveau multilatéral, l'embryon d'une politique européenne de lutte contre les drogues existe mais est largement sous-développé ; au niveau de chaque pays, les disparités entre les différentes législations et pratiques nationales sont trop importantes pour permettre une véritable coopération entre Etats membres.
1. Une politique européenne de lutte contre les drogues embryonnaire
La lutte
contre les drogues étant une compétence partagée entre les
institutions communautaires et les Etats membres, a été
adopté sous présidence portugaise lors du Conseil européen
de Feira le plan européen d'action anti-drogue (2000-2004) dont la
stratégie globale, comportant onze objectifs généraux et
six cibles principales, avait été fixée lors du Conseil
européen d'Helsinki.
Le plan d'action traduit en actions détaillées cette
stratégie et définit clairement les mesures que devront prendre,
au cours des cinq prochaines années, les institutions communautaires et
les États membres.
Ces mesures visent tant la réduction de la
demande que la réduction de l'offre, et insistent sur la
nécessité d'une coopération internationale ainsi que d'une
information, d'une évaluation et d'une coordination efficaces à
tous les niveaux.
Malgré ces objectifs ambitieux et l'appui précieux de l'OEDT, et
selon le constat qu'en faisait Mme Nicole Maestracci, ancienne
présidente de la MILDT, dans le premier bilan de son plan triennal,
«
les politiques de drogues ne constituent pas encore une
véritable priorité politique
» au sein de l'Union
européenne : écartelées «
entre les
premier et troisième piliers, entre la « santé publique
» et la « sécurité publique », elle(s) souffre(nt)
d'un évident problème de coordination et de décision
politique
».
Ces carences sont d'autant plus regrettables que la drogue est
considérée par une large majorité d'européens comme
un sujet primordial qui devrait être davantage traité, notamment
à l'échelle communautaire
. Ainsi, selon
l'Eurobaromètre qu'a publié l'OEDT en avril 2002, 71 % des
citoyens européens estiment que les décisions concernant ce
problème constituent une priorité qui devrait être
davantage prise en compte dans le cadre de l'Union européenne.