III. SUSCITER UNE DYNAMIQUE DE LA « BIENTRAITANCE » DANS LES ÉTABLISSEMENTS
M. Serge
Franchis, membre de la commission d'enquête, a parfaitement
exprimé la nécessité d'instaurer une dynamique de la
bientraitance : «
Il est possible, au fil des ans, de
devenir de plus en plus performant auprès des personnes
handicapées, mais il est également possible de devenir las ou
laxiste et de ne plus leur apporter le soin
nécessaire
».
De surcroît, il est précisé dans le
Livre blanc
de
l'UNAPEI :
« Le handicap constitue en soi un facteur de
risque de maltraitance. Par ailleurs, de
façon générique,
on peut également avancer
que toute institution est potentiellement maltraitante, ne serait-ce que parce
que la vie en collectivité limite souvent l'expression de la
singularité de chaque personne accueillie
».
Il s'agit, pour l'essentiel, de faire vivre la loi du 2 janvier 2002
rénovant l'action, sociale et médico-sociale, dont les
dispositions combinées doivent instiller cette dynamique.
A. OUVRIR LES ÉTABLISSEMENTS
D'une
certaine manière, l'ouverture des établissements constitue une
nécessité « historique » dans la perspective
d'une progression continue vers la bientraitance. Il convient en effet de
rappeler que ces institutions ont
d'abord été fondées
sur le modèle de l'asile traditionnel : une localisation à
l'écart des villes, un univers carcéral.
M. Roland Broca,
président de la Fédération française de
santé mentale (FFSM) a laissé entendre à la commission
d'enquête que cette vision conserve une part
d'actualité : «
Ce sont davantage -du moins
à l'origine- des lieux de recueil plutôt que de soins, au sens du
souci de l'autre souffrant, de l'autre handicapé dans ses
habiletés sociales. La situation a bien sûr évolué
depuis 30 ans, mais nous sommes encore loin du but qu'on pense pouvoir
s'assigner
».
La commission d'enquête veut le souligner : toutes les personnes
handicapées ne peuvent trouver de réponse dans le milieu
ordinaire. L'institution a sa pleine légitimité, et il serait
vain d'opposer systématiquement le milieu ordinaire et le milieu
adapté et protégé.
L'institution peut, en effet,
s'ouvrir. M. Patrick Gohet, délégué
interministériel aux personnes handicapées, a montré
à la commission d'enquête que la contradiction apparente entre
aspiration au milieu ordinaire et nécessité du milieu
protégé est, ainsi, aisément
surmontable : «
Nous devons avoir un système
qui soit le plus intégré possible mais je pense que l'institution
peut être conçue comme étant elle-même un moyen
d'intégration
. L'intégration de la personne
handicapée dans une maison spécialisée est le signe d'une
volonté pédagogique et éducative.
»