III. LA FRANCE FAIT PARTIE DES PAYS OÙ LES REVENUS D'INTÉRÊT SONT LES PLUS PRIVILÉGIÉS PAR RAPPORT AUX REVENUS DES ACTIONS

Si dans la plupart des pays de l'Union européenne les revenus d'intérêt sont moins taxés que les revenus des actions, cela est particulièrement net en France.

A. L'ÉTAT DES LIEUX

Comme le résume l'OFCE, « se sont développées dans tous les pays de l'UE des formules de taxation privilégiées des revenus d'intérêt, à des taux libératoires, inférieurs pour la quasi-totalité des épargnants à leur taux d'imposition à l'impôt sur le revenu. Par contre, les dividendes sont souvent taxés à l'IR, avec restitution de l'IS versé par une formule d'avoir fiscal. Les plus-values, qui représentent théoriquement la contrepartie des profits non distribués, supportent généralement le seul taux de l'IS ; elles sont parfois aussi taxées spécifiquement. Au total, la taxation des revenus des actions est généralement nettement plus forte que celle des revenus d'intérêt, alors même que les pays européens souhaitaient développer l'épargne à risque ».

Cet écart est « particulièrement important en France », comme le graphique ci-après permet de le mettre en évidence.

L'imposition des dividendes et des intérêts sur les obligations d'Etat
dans certains Etats européens, selon l'OFCE (2001)


Taux marginal de prélèvement, au taux supérieur de l'impôt sur le revenu

(en %)

Taux d'imposition
des dividendes

Taux d'imposition des intérêts
sur obligations d'Etat

En cas d'imposition à l'IR, on suppose que celle-ci se fait au taux maximal

(la droite en pointillés correspond à l'égalité des taux d'imposition)

(1) Sans tenir compte du système d'abattements

Source : d'après les données figurant dans le rapport de l'OFCE


Le rapport précité du commissariat général du Plan 28 ( * ) , qui repose sur la notion de taux marginal de prélèvement effectif (cf. page 116 du présent rapport), confirme globalement cette analyse, comme l'indique le graphique ci-après. Selon ce rapport, la France se situe parmi les pays qui surtaxent le plus les revenus des dividendes par rapport à ceux des obligations (bien moins cependant que les Etats-Unis).

L'imposition des dividendes et des intérêts sur les obligations d'Etat
dans certains Etats européens, selon le commissariat général du Plan (2001)


Taux marginal de prélèvement effectif , pour un revenu moyen

(en % du rendement réel )

Taux marginal effectif de
prélèvement des dividendes

Taux marginal effectif de
prélèvement des obligations

Selon les hypothèses d'un rendement nominal avant imposition de 5 % et d'une inflation de 2 %.

(la droite en pointillés correspond à l'égalité des taux d'imposition)

(1) Le fait qu'en Suède les taux dépassent 100 % provient de l'importance des taxes locales.

Source : Commissariat général du Plan, La place des actions dans le patrimoine des ménages, mesure et comparaisons internationales (contribution de Th. Laurent et Y. L'Horty), décembre 2002


Comme le graphique ci-avant le montre dans le cas du Danemark, la surtaxation des revenus des actions par rapport à ceux des obligations n'est pas inévitable. Ainsi, l'OFCE indique que « les pays nordiques et la Grèce ont évolué vers une imposition plus neutre des revenus du capital mobilier. Ces pays appliquent ce que l'on appelle le système dual : les dividendes, les intérêts et les plus-values sont imposés à un taux unique, les revenus du travail étant imposés selon un barème progressif. La Finlande par exemple accorde un avoir fiscal qui supprime totalement la double imposition et impose au même taux les profits des sociétés et les revenus du capital (29 %). Les Pays-Bas ont opté pour une imposition sur la richesse 29 ( * ) . La Grèce exonère totalement les dividendes au niveau de l'actionnaire et impose un taux unique sur des deux formes de profit (distribué ou non) de 35 % au niveau de la firme. »

La fiscalité des revenus financiers a donc, dans la plupart des pays européens, des effets pervers, en infléchissant la structure de détention de l'épargne dans un sens économiquement non optimal. Ainsi, les entreprises sont incitées à se financer par la dette plutôt que par l'émission d'actions. La France est, avec l'Italie, le pays où ce déséquilibre de l'épargne des ménages est le plus marqué, comme le montre le graphique ci-après.

Affectation de l'épargne des ménages en 1999

Source : OFCE (V. Oheix, B. Séjourné « Les portefeuilles des ménages européens : des choix initiaux à l'affectation finale », Revue d'économie financière, n° 64)

* 28 Commissariat général du Plan, La place des actions dans le patrimoine des ménages, mesure et comparaisons, décembre 2002.

* 29 Là encore, la méthodologie retenue peut conduire à des appréciations différentes. Ainsi, selon le rapport du commissariat général du Plan, dans le cas des Pays-Bas le taux marginal effectif de prélèvement pour un ménage de revenu moyen serait de 50 % pour les obligations et 69 % pour les dividendes.

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