a) Des allégements de charges permettent de réduire le chômage classique

Les controverses suscitées par l'étude ici examinée ne doivent pas éloigner de l'essentiel. Dès lors que, pour des salariés donnés, leur coût du travail apparaît supérieur à leur productivité, une réduction de ce coût est favorable à l'emploi.

Dans les pays à prix du travail administré comme la France, où le SMIC s'impose comme un plancher de rémunération comparativement élevé, une solution alternative à une baisse du SMIC consiste à réduire les charges sociales qui lui sont attachées.

La totalité des exercices d'évaluation concluent à l'efficacité de telles mesures et ils ne diffèrent que sur le nombre d'emplois qu'elles créent.

Les créations d'emplois engendrées par les allégements de charges sociales seraient le produit de deux enchaînements complémentaires :

des effets de substitutions , entre salariés avec une déformation de la structure de la main-d'oeuvre au profit des populations bénéficiaires des allégements, ainsi qu' entre facteurs de production , la baisse du coût relatif du travail par rapport au capital engendrant per se un enrichissement de la croissance en emplois ;

des effets de volume , la baisse des prix entraînant une augmentation de la demande, du volume de la production et donc de l'emploi.

Un troisième effet théorique est souvent cité : l'amélioration de la profitabilité qui résulte de la baisse des coûts de production. L'étude sous revue le mentionne, mais sans trop y insister. Les raisons de cette relative discrétion sont probablement les suivantes :

- plus la profitabilité s'améliore à prix constants moins instantanément les créations d'emplois sont fortes puisqu'alors le redressement de la profitabilité résulte d'une accélération des gains de productivité ;

- l'étude ne conclut pas, sur l'échantillon d'entreprises observées, à une significative augmentation du taux de marge, ce qui est par ailleurs nécessaire pour extérioriser à la fois une forte progression de l'emploi et une forte augmentation de la production ;

- enfin, l'étude met en évidence un effet rapide sur l'emploi des mesures d'allégement alors que l'amélioration de la profitabilité n'a pas d'effets très immédiats ;

Les créations d'emplois résulteront de la combinaison d'un accroissement du rythme de croissance économique et d'effets de substitution entre travail qualifié et travail non-qualifié particulièrement marqués dans l'industrie.

Evaluation des taux de croissance imputables
aux réductions de charges

Variables

Industrie

Tertiaire

Effectifs salariés

2,62

3,44

Coût moyen du travail

- 3,10

- 4,36

Part des non qualifiés 1)

0,7

0,7

Part des jeunes 1)

- 0,23

- 0,50

Part des jeunes non qualifiés 1)

- 0,14

- 0,30

Intensité capitalistique

- 1,41

- 1,61

Productivité du capital

0,73

1,36

Productivité du travail

- 0,69

- 0,25

Taux de marge

- 0,34

0,16

Coût unitaire de production

- 2,44

- 3,48

Valeur ajoutée

1,94

3,19

1. Augmentation en point de la part de la population sous revue dans le total de la population active.

Source : Economie et Statistique n° 348, 2001-8

Selon l'étude, l'augmentation de la valeur ajoutée en volume résultant des allégements de charges atteint 2 % dans l'industrie et 3,2 % dans le tertiaire. Les effectifs salariés totaux s'accroissent un peu plus vite (2,6 % dans l'industrie et 3,4% dans le tertiaire). Il y a enrichissement de la croissance en emplois. Mais celui-ci reste modéré. Si au total l'augmentation de la part des non-qualifiés dans la population employée est modérée (0,7 point), ce qui traduit des effets de substitution assez modestes entre travail qualifié et travail non-qualifié, la croissance de l'emploi non-qualifié est cependant rapide.

Dans l'industrie , où le taux de croissance des effectifs est estimé à 2,6%, la variation de la part des non-qualifiés atteint 0,7 point. Compte tenu de la part initiale des non-qualifiés qui est de 22%, on évalue à 5,8% le taux de croissance de l'emploi non qualifié imputable au dispositif (2,6 + 0,7/0,2). Pour les qualifiés, le taux de croissance des effectifs est de 1,8 %. Leur part dans la main-d'oeuvre totale recule donc.

Dans le tertiaire , où la part des non-qualifiés est initialement de 30%, les taux de croissance par qualification sont estimés à 5,7% pour les non-qualifiés et à 2,5% pour les qualifiés.

On en déduit des créations ou sauvegardes d' emplois non-qualifiés de 70 000 dans l'industrie et de 150 000 dans le tertiaire. Les créations d' emplois qualifiés s'élèveraient quant à eux à 80 000 dans l'industrie et à 160 000 dans le tertiaire. Au total, il résulterait des allégements sous revue 220 000 créations ou maintiens d'emplois non-qualifiés , et 240 000 créations ou maintiens d'emplois qualifiés , dans l'économie.

L'effet de substitution est important dans l'industrie et, même de second ordre, non négligeable dans le tertiaire.

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