3. Le « modèle français » : des collectivités locales au faible poids financier et à forte autonomie fiscale
La
France, la Belgique et le Luxembourg - situés dans l'ellipse en haut
à gauche du graphique - se caractérisent à la fois par un
faible poids financier des collectivités locales (de 5,7 % du PIB pour
le Luxembourg à 9,8% du PIB pour la France), et par une forte autonomie
fiscale des collectivités locales (de 32 % des recettes dans le cas du
Luxembourg à 57 % dans celui de la France).
La forte autonomie fiscale des collectivités territoriales
françaises a récemment acquis une valeur constitutionnelle. En
effet, depuis la loi constitutionnelle du 28 mars 2003, le nouvel article 72-2
de la constitution prévoit que «
les recettes fiscales et
les autres ressources propres des collectivités territoriales
représentent, pour chaque catégorie de collectivités, une
part déterminante de l'ensemble de leurs ressources
».
Il faut néanmoins souligner à cet égard que, comme
l'indique le tableau ci-après, le taux d'autonomie fiscale des
collectivités territoriales en France a eu tendance à se
réduire ces dernières années, suscitant une
rigidité accrue des budgets et une pénalisation des
collectivités territoriales disposant d'une économie
dynamique.
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Taux d'autonomie fiscale* des collectivités territoriales en France |
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1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
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Communes |
49,3% |
49,9% |
48,5% |
46,1% |
42,5% |
nd |
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Départements |
58,0% |
59,6% |
56,5% |
55,9% |
52,3% |
51,3% (1) |
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Régions |
57,8% |
57,6% |
48,7% |
50,2% |
41,7% |
37,3% (1) |
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nd : non
disponible
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Par ailleurs, si l'on prend en considération la faculté de fixation de l'assiette des impôts locaux, jusqu'à la révision constitutionnelle précitée, l'autonomie fiscale des régions françaises était moindre que celles de plusieurs de leurs homologues européennes, comme l'indique le tableau ci-après.
Source : Nicolas Painvin, in Jean Arthuis, Fiscalité locale : quelles pistes pour la réforme ?, rapport d'information du Sénat n°289 (2002-2003)
L'autonomie fiscale des régions en Europe, selon Fitch Ratings
La loi
constitutionnelle du 28 mars 2003 placera donc les régions
françaises au même niveau que leurs homologues italiennes et
espagnoles. En effet, selon l'article 72-2 de la Constitution, la loi peut
désormais autoriser les collectivités territoriales à
«
fixer l'assiette et le taux
» des impositions de toutes
natures, «
dans les limites qu'elle détermine
».
La fiscalité propre est le mode de financement qui assure aux
collectivités locales la plus grande autonomie, comme l'indique le
tableau ci-après.
Comparaison des différents modes de financement des
collectivités territoriales :
synthèse des jugements
exprimés par les personnalités auditionnées par la
commission des finances à l'automne 2002
Mode de financement |
Exemples européens |
Principaux avantages |
Inconvénients |
Dotations |
|
Prévisibilité |
Tendance à l'augmentation |
Partage d'un impôt d'Etat |
Allemagne, Royaume-Uni |
Simplicité de la répartition, faibles coûts de gestion, absence de cercle vicieux entre taux élevés et sous-développement économique |
Absence de
véritable responsabilité fiscale locale, conduisant à une
faible légitimité politique
|
Fiscalité propre |
France |
Responsabilisation des collectivités territoriales
|
Risque de
cercle vicieux entre taux élevés et sous-développement
économique
|
Source : Jean Arthuis, Fiscalité locale : quelles pistes pour la réforme ?, rapport d'information du Sénat n°289 (2002-2003)