a) Orientation de la politique budgétaire française

A première vue, la prévision de croissance du Gouvernement pour 2004 est très proche de la prévision moyenne des instituts : 1,7 % contre 1,6 %. Le Gouvernement table cependant sur une hypothèse de déficit budgétaire inférieure à celle retenue par les instituts . Pour le Gouvernement, en effet, le déficit des administrations publiques serait ramené de 4 % du PIB en 2003 à 3,6 % en 2004. Cette orientation est conforme à l'engagement, pris par la France auprès de ses partenaires européens, de ramener à moins de 3 % du PIB, en 2005, le déficit des administrations publiques. Le déficit budgétaire serait ramené de 4 à 3,6 % du PIB, grâce à une amélioration de 0,7 point du solde structurel, qui serait, pour partie, compensée par une dégradation du solde conjoncturel, à hauteur de 0,3 point de PIB.

Les instituts indépendants doutent que la réduction du déficit soit si prononcée, et s'attendent plutôt à une quasi-stagnation du solde budgétaire, rapporté au PIB, en 2004, par rapport à 2003 (4 % après 4,1 %).

Autrement dit, les prévisions des instituts retiennent l'hypothèse d'une stimulation budgétaire de l'activité plus forte que dans la prévision gouvernementale. Le Gouvernement est plus optimiste sur l'évolution spontanée des composantes privées de la demande (consommation des ménages, investissement des entreprises). Le scénario officiel retient ainsi une croissance sous-jacente sensiblement plus élevée que pour les instituts indépendants.

Pour les besoins de la projection, une prévision intermédiaire a été retenue ; le déficit diminuerait par rapport à 2003, mais pas autant que dans la prévision gouvernementale. Il s'établirait à 3,9 % en 2004. Ce choix s'explique par les deux considérations suivantes :

• il est vraisemblable que le retour de la croissance l'année prochaine se fera de manière progressive et graduelle ; l'hypothèse gouvernementale d'un rebond assez marqué de l'activité (abstraction faite de l'impulsion négative de la politique budgétaire) peut donc être jugée un peu optimiste ;

• en même temps, il paraît exclu que le Gouvernement n'engage aucune mesure supplémentaire de réduction du déficit budgétaire l'année prochaine ; la pression de nos partenaires européens, et la nécessité d'assainir nos finances publiques dans un contexte de hausse rapide de l'endettement public, plaident en faveur d'un effort de réduction du déficit budgétaire.

L'écart entre la projection de la Délégation et la prévision du gouvernement s'explique par une hypothèse un peu moins favorable, dans notre scénario, en matière d'élasticité fiscale . L'élasticité fiscale mesure la sensibilité des recettes publiques aux variations de la conjoncture. Elle est, en moyenne de 1 sur longue période (un taux de croissance donné du PIB s'accompagne d'une hausse proportionnelle des recettes fiscales). Mais elle peut varier, entre 0 et 2, en fonction de la position de l'économie dans le cycle conjoncturel. Cette hypothèse différente se traduirait par de moindres recettes fiscales au titre de l'impôt sur les sociétés.

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