QUE POUVONS-NOUS APPRENDRE DES AUTRES EXERCICES VARIANTIELS ?

Afin d'encadrer les résultats plausibles de notre scénario de référence, nous mettons en oeuvre dans le modèle Némésis un jeu d'hypothèses portant sur les mécanismes du modèle ou sur la politique de R&D elle-même.

I. LES VARIANTES DE SENSIBILITÉ

Sensibilité des résultats à l'égard de l'élasticité

La valeur de l'élasticité du PIB au stock de savoir et son évolution entre 2002 et 2030 conditionnent les répercutions du renforcement de la R&D dans chaque secteur économique sur leur production, leurs gains de productivité, l'amélioration de la qualité de leurs produits et leurs créations d'emplois. C'est pourquoi, nous envisageons deux autres scénarios pour ce paramètre du modèle.

Tableau 7. Résultats des variantes sur l'élasticité du PIB au stock de savoir

 

V 0,0 : = 0,124 en 2030

V 1,0 : = 0,141 en 2030

V 2,0 : = 0,10

 

Europe

France

Europe

France

Europe

France

PIB 1

12,1

7 ,1

16,3

9,8

10,9

6,1

Emploi total 2

10 007

949

14 222

1 491

5 720

485

Emploi de recherche 2

3 140

346

3 433

379

3 044

339

Solde budgétaire 3 2010

0,13

0,07

0

0

0,41

0,19

1 en écart au compte tendanciel en 2030, en %.

2 en écart au compte tendanciel, en milliers.

3 en points de PIB

Modification de la loi d'évolution de l'élasticité

La variante V 1,0 est réalisée avec les mêmes hypothèses que la variante V 0,0 , si ce n'est que la loi d'évolution de est modifiée. 80 ( * ) Ici, elle accorde moins de poids à la partie fixe de . Dans ce cas, les résultats sont un peu plus favorables, puisque l'accroissement de PIB est de 16,3 % pour l'Europe et de 9,8 % pour la France. Les résultats sur l'emploi sont également meilleurs avec 14,2 millions d'emplois supplémentaires en Europe, dont 1,5 millions en France. Trois raisons expliquent cela :

• Dans la variante V 0,0 , varie de 0,075 en 2002 à 0,124 en 2030 alors que dans V 1,0 , varie de 0,075 à 0,141, ce qui signifie que l'influence de la R&D sur la production est plus importante à long terme dans la variante V 1,0 que dans la variante V 0,0.

• Dans V 1,0 , comme le poids accordé à l'intensité de R&D dans la détermination de est plus élevé, les élasticités sectorielles sont d'autant plus importantes et augmentent d'autant plus que les secteurs réalisent une part importante de la R&D. Les secteurs intensifs en R&D gagnent ainsi plus en compétitivité dans la variante V 1,0 que dans V 0,0 .

• Enfin, l'écart de PIB entre les deux variantes V 0,0 et V 1,0 , couplé avec le fait que l'accroissement de la productivité du travail dans les secteurs riches en main d'oeuvre est relativement plus élevé dans V 1,0 expliquent les meilleurs résultats sur l'emploi dans cette variante.

Maintien d'une élasticité constante et identique dans tous les secteurs et les pays

Dans le scénario V 2,0 , nous supposons identique dans tous les secteurs afin de tester la sensibilité des résultats à l'hypothèse de dépendance de à l'égard de l'effort de R&D. La valeur moyenne de dans cette variante V 2,0 supposée égale à 0,1, ce qui nous rapproche de la moyenne des valeurs de V 0,0 . On observe que cette hypothèse est plus défavorable à la croissance et à l'emploi en raison, d'abord, de la plus faible productivité de la R&D dans les secteurs intensifs en R&D et, ensuite, de la plus grande productivité du travail dans les secteurs riches en main d'oeuvre, ce qui tend à diminuer relativement l'emploi. Ainsi l'accroissement de PIB n'est plus que de 10,9 % en Europe et de 6,1 % en France. Les créations d'emploi sont près de trois fois inférieurs à celles obtenues dans le scénario de référence V 0,0 .

Variations sur la partage de la valeur ajoutée

Dans le scénario de référence V 0,0 , les progrès de productivité sont répercutés pour un tiers sur les salaires, le reste étant conservé par les entreprises. Les salaires évoluent également en fonction de l'effet Phillips qui fait dépendre le salaire réel des tensions sur le marché du travail, de sorte que le salaire réel augmente de plus de 33 % en période de réduction du chômage. Deux autres variantes sur la répartition de la valeur ajoutée sont examinées : l'une, nommée V 4,0 , dans laquelle les salaires ne bénéficient pas du tout des gains de productivité et ne dépendent donc que de l'effet Phillips ; l'autre, notée V 5,0 , dans laquelle tous les gains de productivité du travail sont redistribués aux salariés.

Tableau 8: Résultats des variantes sur le partage de la valeur ajoutée

 

V 0,0

V 4,0 : 0% des gains de productivité aux salariés

V 5,0 : 100% des gains de productivité aux salariés

 

Europe

France

Europe

France

Europe

France

PIB 1

12,1

7 ,1

12,7

7,3

11,1

6,5

Emploi total 2

10 007

949

11 077

1 035

7 971

791

Emploi de recherche 2

3 140

346

3 174

348

3 073

342

Solde budgétaire 3 2010

0,13

0,07

0

0

0,38

0,30

1 en écart au compte tendanciel en 2030, en %.

2 en écart au compte tendanciel, en milliers.

3 en pourcentage du PIB

De l'examen de ces variantes (tableau 8), il apparaît que les meilleurs résultats en termes de PIB et, surtout, d'emplois sont obtenus avec la plus grande modération salariale. Si les écarts de PIB sont faibles entre les scénarios, ils sont importants pour l'emploi. Ces résultats s'expliquent par la plus grande compétitivité de l'Europe et de la France dans le scénario V 4,0 et la substitution plus favorable à l'emploi lorsque le coût du travail est plus faible. La proximité des effets en termes de PIB recouvre en fait des croissances assez différentes en contenu. Dans le scénario avec modération salariale (V 4,0 ) la croissance est davantage tirée par les secteurs exportateurs, comme celui des biens d'équipements. Néanmoins, aucune hypothèse n'a été faite concernant l'utilisation du supplément d'excédent brut d'exploitation. Les entreprises peuvent en effet utiliser cette déformation du partage de la valeur ajoutée de deux manières : d'une part en baisses de prix supplémentaires de manière à accroître leur compétitivité, d'autre part en investissement 81 ( * ) . Dans le scénario avec forte hausse des salaires (V 5,0 ), la croissance est davantage expliquée par la consommation des ménages.

* 80 On modifie les coefficients a et a' et s'en déduit ex post . Le réglage de ne peut donc être obtenu que par tâtonnement

* 81 Le modèle Némésis n'incorpore cependant pas d'accélérateur profit.

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