DES CORPS DE FONCTIONNAIRES PEU VALORISÉS

Les fonctionnaires affectés à des tâches informatiques ne sont généralement pas valorisés.

M. Claude Sapin, délégué aux systèmes d'information du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie a indiqué que, hors externalisation, un peu plus de 6.000 agents du ministère sont affectés à des tâches informatiques (soit entre 6 et 7 %, mais 15 % à l'INSEE), ces chiffres étant comparables à ceux d'un établissement bancaire comme la Société générale.

M. Jean-Yves Latournerie, directeur des systèmes d'information et de communication au ministère de l'intérieur a exposé que le recrutement de personnels techniques spécialisés titulaires, aussi bien que contractuels, s'avère souvent difficile compte tenu, en particulier, de la faible attractivité de l'administration dans ce domaine. En outre, le vivier de personnels dûment formés apparaît insuffisant. M. Jean-Yves Latournerie a cité l'exemple de trois concours qu'il a fallu organiser sur trois années pour recruter 130 fonctionnaires de catégorie B. Dans le but de faciliter la professionnalisation des compétences, le ministère étudie la création d'une filière unique de techniciens.

Les difficultés de mise en place d'une véritable filière informatique ont été exposées de la manière suivante par le ministère de l'emploi ( cf encadré ci-après ).

Les obstacles à la mise en oeuvre d'une véritable filière informatique selon le ministère de l'emploi

« Les agents chargés de l'assistance informatique de proximité dans les services se consacrent essentiellement à des travaux qui présentent des aspects répétitifs ou peu valorisants. Les statuts de la fonction publique étant principalement axés sur les corps et les grades administratifs et non sur les compétences relatives aux métiers, ces agents ne disposent pas ou peu de possibilités d'évoluer selon un parcours professionnel attrayant. De ce fait, certains ont abandonné les fonctions informatiques qu'ils occupaient, préférant renoncer à leur prime de fonction informatique pour exercer des tâches administratives. C'est ainsi que des travaux relevant de la sécurité des systèmes par exemple, sont assurés dans certains sites par des agents non formés aux actions qu'ils entreprennent.

« Du fait des évolutions technologiques rapides, les agents chargés de l'assistance de proximité voient s'alourdir fortement leur charge de travail ainsi que les connaissances à acquérir.

« Quand il s'agit que la maîtrise d'ouvrage participe à la définition, au pilotage, à l'accompagnement et la prise en main des projets du système d'information, celle-ci rencontre des difficultés à mener à bien les travaux requis, faute d'implication par les services eux-mêmes, mais aussi par manque de formation.

« Certains agents formés pour développer les outils d'intérêt local ne peuvent exercer leurs compétences car ils consacrent une part importante de leur activité à l'administration et à l'exploitation des serveurs régionaux.

« Les fonctions d'expertise permettant de soutenir l'évolution des compétences sont rares au sein du ministère, voire totalement absentes ».

De fait, M. Pierre de La Coste a exposé que les « nouveaux métiers » ont dû se fondre dans des statuts de corps rigides et inadaptés à la réalité de leurs missions . Les promotions obéissent à des procédures statutaires qui font rarement la part belle aux réalisations dans les domaines des technologies de l'information.

Il a ajouté que, « de surcroît, les règles de recrutement de l'administration permettent de plus en plus difficilement de recruter des contractuels qui pourraient pallier les manques de compétences spécifiques des techniciens ou ingénieurs issus des corps d'Etat. Comme les administrations ne peuvent pas non plus faire travailler en régie à temps plein des personnels de sociétés de service en informatique et en ingénierie (SSII) (ce qui relèverait d'ailleurs de prêt illicite de main d'oeuvre), elles ne peuvent pas ajuster leurs effectifs aux besoins ponctuels de compétences qui surviennent généralement lors de phases de mise en oeuvre de projets importants ».

La solution au problème posé ne semble pas en vue. Le secrétariat d'Etat à la réforme de l'Etat estime en effet qu'une « harmonisation semble difficile car tous les informaticiens n'exercent pas tous les mêmes métiers : expert réseau, développeurs, assistant utilisateurs... De plus, tous les départements ministériels ne sont pas logés à la même enseigne avec des statuts et des possibilités de recrutement différents ».

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