B. LE SITE DE GORO

1. L'exploitation des latérites

Autant les difficultés du projet Nord sont liées au contexte politique et aux hésitations des partenaires industriels, autant celui de Goro repose avant tout sur un pari technologique .

En effet, l'intérêt porté au sud de la Nouvelle-Calédonie ne repose pas sur la valorisation des garniérites riches en nickel (exploitées dans le nord et qui alimentent l'usine de la SLN à Doniambo ou les usines japonaises), mais sur les latérites , plus pauvres en nickel, mais plus riches en cobalt et surtout, bien plus abondantes dans cette partie du territoire. Même si, à l'époque de ses deux premiers projets, l'hydrométallurgie des latérites nickélifères était une technique connue et usitée au niveau industriel à Cuba (Moa Bay et Nicaro), les difficultés techniques rencontrées par d'autres opérateurs (notamment SLN et Amax en 1972 sur Prony) amenèrent INCO à privilégier son procédé « Carbonyl » qu'elle avait développé pour le traitement de ses minerais sulfurés canadiens (et qu'elle utilise toujours dans ses installations de Sudbury).

2. Une première version du projet : Goro Nickel I

Dès l'acquisition du gisement en 1992, et eu égard aux innovations techniques opérées au fil du temps sur le traitement des latérites, notamment en matière de récupération des éléments stratégiques, INCO testa l'ensemble des procédés utilisés à travers le monde. Elle sélectionna finalement le procédé HPAL ( High Pressure Acid Leaching ) dont elle développa une variante qu'elle testa d'abord en laboratoire au Canada, puis en Nouvelle-Calédonie, entre 1998 et 2000, dans une unité pilote, pour un investissement de 50 millions de dollars. Devant le succès rencontré dans l'évaluation de son procédé, INCO prit la décision de lancer la construction de son unité commerciale dont le coût était estimé, à l'époque, à 1,65 milliard de dollars. La construction a démarré en juillet 2001.

Mais en décembre 2002, après avoir constaté un dérapage du coût d'investissement prévisionnel de 30 % à 45 %, INCO décidait de suspendre la réalisation du projet pour une période d'au moins six mois : les travaux sur le site furent arrêtés, le groupement BTH (Bechtel, Technip et Hatch) chargé jusqu'alors de l'ingénierie du projet fut congédié et une revue complète du projet fut lancée, avec le recrutement d'une nouvelle équipe d'ingénérie.

La première phase de la revue du projet, achevée en juillet 2003, a permis de mesurer et d'individualiser les dérives par rapport aux coûts prévisionnels initiaux. Fin 2003, INCO décida de prendre un nouveau consortium d'ingénierie composé de SNC Lavalin et de Foster Wheeler pour l'aider à réduire les dérives de coûts constatées en première phase et ramener le coût global du projet sous la barre des 1,8 milliard de dollars .

A la fin de l'été 2004, grâce à la révision complète du projet, une nouvelle estimation de l'investissement total était disponible : 1,878 milliard de dollars . Cette estimation servira alors de référentiel à INCO pour la suite de son projet et lui permettra d'officialiser sa décision d'aller à nouveau de l'avant le 19 octobre 2004 .

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