B. L'IMPACT DU PROJET
1. Un effet économique incontestablement positif
La société INCO estime qu'une production annuelle de 55.000 tonnes de nickel et de 5.000 tonnes de cobalt devrait générer environ 113 millions d'euros de revenus annuels pour la Nouvelle-Calédonie . La société estime également que les exportations de l'usine devraient permettre à la Nouvelle-Calédonie d'équilibrer sa balance commerciale et de faire progresser son produit intérieur brut entre 8 % et 10 % .
L'emploi généré par le projet Goro Nickel est estimé à 1.300 emplois directs et 300 emplois indirects et induits pendant la construction de l'usine. Le recrutement local durant la période de construction devrait, selon les éléments fournis par INCO, concerner environ 800 personnes . La phase d'exploitation de l'usine nécessitera la création de 800 à 900 emplois directs et 1.600 emplois indirects .
En période d'exploitation courante du projet l'activité devrait engendrer 2.500 emplois, dont 800 directs chez Goro-Nickel . L'exploitation du gisement de Goro est prévue pour durer au moins 50 ans et peut-être le double selon l'étendue des titres miniers accordés à Goro Nickel à proximité.
2. Une avancée technologique majeure
La vraie nouveauté introduite par le projet Goro Nickel concerne la technologie utilisée, qui est particulièrement novatrice. Pour schématiser, en cas de succès, elle permettrait de rendre rentable l'exploitation de minerais jugés pauvres en nickel , les latérites, par opposition aux garniérites (présentes dans le projet du Nord).
Au-delà du cas particulier de Goro, ce procédé permettrait d'augmenter de manière très significative les quantités de nickel qu'il serait possible de traiter, en Nouvelle-Calédonie et ailleurs . Les responsables du projet du Nord regardent ainsi avec beaucoup d'intérêt le succès de cette technologie qui leur permettrait de traiter les latérites de Koniambo, et donc d'accroître la durée d'exploitation de leur gisement.
Votre rapporteur spécial ne peut que se réjouir qu'une technologie de ce niveau soit en voie d'être mis au point en Nouvelle-Calédonie, qui pourrait ainsi servir de « modèle » pour l'avenir de l'exploitation du nickel.
Le procédé HPAL « Schématiquement, le procédé HPAL consiste à introduire dans un autoclave du minerai de très faible granulométrie et de l'acide sulfurique dans une proportion en poids acide/minerai d'environ 1/3. De la vapeur d'eau est alors injectée jusqu'à l'obtention d'une pression interne de l'ordre de 50 bars. Dans ces conditions, une réaction chimique provoque la destruction des minéraux oxydés et la mise en solution des éléments qui les constituaient, le nickel et le cobalt , mais aussi le manganèse, le zinc, le cuivre, le chrome, l'aluminium et le magnésium. Le fer, qui représente 80 % du minerai, reprécipite quant à lui sous forme d'oxydes sans consommer d'acide. Le magnésium, seul élément qui se trouve aux alentours de 3 % dans les latérites et qui consomme de l'acide, est le facteur qui limite la rentabilité économique du procédé . « C'est la raison pour laquelle, les garniérites (dans lesquelles le magnésium approche les 30 %) ne peuvent être traitées via cette technique. Un saupoudrage est néanmoins opéré afin d'augmenter légèrement la teneur en nickel et valoriser les parties du gisement sous forme garniéritiques (frange minéralisée sous les latérites). « Une fois la mise en solution opérée, la liqueur est d'abord concentrée, puis neutralisée par l'ajout de lait de chaux, avant de subir différents traitements chimiques visant à séparer les différents éléments. Les résidus solides sont quant à eux dirigés vers une unité de neutralisation (usine de pré-traitement des effluents industriels) avant d'être stockés, d'abord dans un site provisoire, puis dans les anciennes fosses minières dès que l'exploitation aura dégagé un volume de stockage suffisant . « Les traitements de la liqueur utilisent des techniques dites « d'extraction par solvant ». Il s'agit en fait, d'utiliser certaines molécules (organiques) qui présentent une grande affinité avec le nickel et le cobalt. Toutefois, étant donné que certains éléments possèdent des propriétés chimiques très proches, il est nécessaire d'assurer une succession de purifications et d'extractions afin de séparer correctement les métaux en solution. INCO détient un brevet sur cette partie du procédé qu'elle a optimisé dans ses laboratoires canadiens . Le nickel et le cobalt sont ensuite convertis sous une forme chimique commercialisable, oxyde de nickel obtenu par pyrohydrolyse (exclusivité INCO) et carbonate de cobalt. La solution finale, débarrassée des métaux stratégiques, est alors dirigée vers l'unité de traitement des effluents où elle est traitée une dernière fois avant son rejet dans le lagon . « La technologie développée par INCO permet d'accéder à des taux de récupération métal de l'ordre de 92 % pour le nickel et le cobalt, ce qui est remarquable en comparaison des autres techniques (environ 85 % en pyrométallurgie) . « Enfin, il est important de signaler que la technologie « HPAL » récente a fait l'objet de trois projets pour nickel en Australie de l'Ouest entre 1996 et 1999, dont un seul a survécu aux problèmes technologiques rencontrés dans la phase de montée en puissance. La raison principale de ces échecs réside dans l'absence d'unité pilote . » Source : réponse au questionnaire de votre rapporteur établi par la direction de l'industrie, des mines et de l'énergie de la Nouvelle-Calédonie (DIMENC) |