(2) Un chantier exemplaire sur le plan de la sécurité : le campus de Jussieu

« On critique beaucoup Jussieu aujourd'hui » , pourtant, « le cas de l'université de Jussieu est à maints égards un cas d'école » a déclaré le président du SYRTA, devant la mission.

Si la presse s'est faite l'écho du rapport de la mission interministérielle d'enquête sur la rénovation du campus de Jussieu, qui dresse un constat sévère de l'opération commencée en 1997 103 ( * ) , l'autorisation préfectorale de prolongement de travaux 104 ( * ) n'a été obtenue que parce que ceux-ci se déroulent dans des conditions de sécurité optimale.

Dressant un bref historique de l'opération de désamiantage débutée il y a presque dix ans, M. Peyrat a indiqué que le chantier avait été mis en place progressivement et dans le respect des obligations réglementaires de sécurité pour les intervenants et les occupants du campus : « Sur ce site, une prise de conscience collective est intervenue très tôt » . Dès 1975, les universités ont demandé un premier rapport qui a mis en évidence une présence d'amiante dans l'air très importante, en certains points du campus ; des mesures de confinement conservatoires ont pu être prises pour ce qui concerne l'amiante placé dans les faux plafonds.

Lors du déplacement de la mission sur le site, les représentants des trois établissements universitaires et de l'EPA Jussieu ont indiqué que, dès 1985, leurs responsables ont pris l'initiative, à titre de précaution, d'isoler certains locaux et de protéger les faux plafonds à l'aide d'un film plastique.

Suite aux deux décrets de février 1996, des travaux de confinement 105 ( * ) ont été réalisés sur le campus en 1996 et 1997, sous la responsabilité des universités de Paris VI et Paris VII, ainsi que de l'IPG, en attendant le retrait définitif de l'amiante. « Le risque amiante a pu être annihilé grâce à cette action préventive » , puis, « dès lors que les autorités universitaires ont pu s'assurer du relogement des personnes considérées, les travaux de désamiantage ont débuté », a précisé M. Bernard Peyrat en ajoutant que « le processus qui a été suivi à Jussieu est celui qui devrait être toujours mis en oeuvre, quel que soit le site : mesures conservatoires, prises de dispositions pour évacuer partiellement les locaux par barre ou groupe de barres ».

Lors de la projection d'un film présentant le chantier de désamiantage d'une des barres du campus, la délégation de la mission a pu constater, lors de son déplacement sur le site, la rigueur des mesures de sécurité mise en oeuvre à Jussieu dans quatre domaines :

• assurer la sécurité des ouvriers du chantier :

Les salariés, munis d'une tenue à usage unique et d'un masque de protection, pénètrent sur le chantier par l'intermédiaire d'un sas divisé en cinq compartiments. Ils sont soumis à un dépoussiérage après avoir quitté la zone contaminée, puis à une première douche, en tenue, suivie d'une seconde douche après déshabillage.

• éviter la dispersion des fibres d'amiante dans l'atmosphère :

Afin de limiter la dispersion de poussière d'amiante dans l'atmosphère, le flocage est humidifié puis l'amiante est retiré à l'aide d'une spatule. Les surfaces désamiantées sont brossées pour éliminer les dernières traces d'amiante La zone du chantier est isolée et maintenue en dépression pour éviter que des fibres d'amiante ne s'échappent vers l'extérieur. Des analyses sont régulièrement effectuées pour évaluer la concentration de fibres d'amiante dans l'air.

A l'heure actuelle, « dans les cours de Jussieu, il y a moins d'amiante qu'il n'y en avait il y a 20 ans, quand les plaquettes de freins étaient faites en amiante et qu'il existait une pollution environnementale mesurable non négligeable », a témoigné le professeur Claude Got.

• garantir l'innocuité des déchets :

Les déchets sont envoyés vers des centres d'enfouissement lorsque leur teneur en amiante est faible. Dans le cas contraire, ils sont traités par une entreprise spécialisée, qui les vitrifie pour les transformer en un matériau inerte. Les eaux usées contaminées par l'amiante sont filtrées avant d'être rejetées dans le système d'évacuation général.

Il a été rappelé à la mission que 40 tonnes d'amiante avaient été retirées de la barre 65-65 du campus, la première à avoir été désamiantée.

• sécuriser le site après la fin des travaux.

Les surfaces désamiantées sont brossées pour éliminer les dernières traces d'amiante. Les travaux sont considérés achevés lorsque la concentration d'amiante dans l'air est inférieure à cinq fibres par litre.

Si le chantier de Jussieu est exemplaire, il fait aussi figure d'exception, tant en raison de son coût que de sa médiatisation.

* 103 Le rapport dénonce principalement les surcoûts (1,39 milliard d'euros contre une estimation initiale de 135 millions d'euros) et le retard (prévue pour l'année 2000, la fin des travaux devrait être reportée à 2013).

* 104 Un arrêté préfectoral du 22 juillet 2004 a autorisé la prorogation de 36 mois du délai initial fixé au 1 er janvier 2005 (conformément aux dispositions du décret du 12 septembre 2001). Il prend effet le 1 er janvier 2005 et est éventuellement renouvelable une fois.

* 105 Isolation des plafonds et des surfaces contaminées par la pose de films autocollants et condamnation des gaines en revêtant les portes des placards techniques.

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