C. LES OBSTACLES AU DÉVELOPPEMENT DES ÉNERGIES LOCALES APPARTIENNENT AU PASSÉ

1. De l'aventure à la maturité technologique

Si les énergies renouvelables thermiques ont pu être présentées dans les années 1980 comme des « procédés expérimentaux » ou des « aventures technologiques », la situation est aujourd'hui radicalement différente .

Avec les effets classiques de la courbe d'apprentissage et de la taille critique résultant de l'extension des marchés, la technologie est désormais totalement fiable , éprouvée et maîtrisée dans toutes les filières : géothermie (profonde et superficielle), bois-énergie, solaire, biogaz et réseaux de chaleur.

Concernant la géothermie , la mise en place de matériaux composites se substituant à l'acier a permis de résoudre les problèmes de corrosion qui ont hypothéqué certains projets géothermiques menés en Ile-de-France entre 1980 et 1985. De même, les techniques de forage et de maintenance ont été améliorées et la productivité des puits optimisée.

Tête de puits géothermique à Jonzac (Charente-Maritime)

S'agissant des pompes à chaleur géothermiques , si les procédés actuellement sur le marché présentent un coefficient de performance (COP) de 3, EDF a indiqué à vos rapporteurs, au cours de son audition, que des COP de 6 pourraient, à moyen terme, faire leur apparition. Par ailleurs, le BRGM a fait savoir que les matériels du marché étaient de qualité et que les installations par capteurs enterrés horizontaux ou verticaux étaient fiables.

La combustion du bois-énergie a réalisé, elle aussi, des progrès considérables : les chaufferies actuelles sont résolument modernes et sont d'ailleurs directement dérivées des installations industrielles qui valorisent leurs déchets dans leurs propres chaudières. La combustion, qui permet aujourd'hui d'atteindre des rendements de 90% 33 ( * ) , est sans commune mesure avec les calorifères et autres chaudières à bois du passé : elle est désormais servie par les technologies les plus en pointe qui font incontestablement du bois, et plus généralement de la biomasse, l'énergie du futur .

Plus généralement, les chaufferies actuelles permettent :

- de réduire les contraintes (alimentation et décendrage automatique, autonomie accrue, propreté autour de l'installation) ;

- de réguler la combustion (combustion complète, amélioration des rendements, réduction des rejets et des cendres) ;

- d'améliorer la tolérance sur la qualité des combustibles (granulométrie variable, humidité assez importante, essence indifférente...).

Par ailleurs, leur conception intégrée en ensembles modulables les rend aisément extensibles et regroupe la totalité de l'installation :

- silo de stockage ;

- système d'extraction et de transfert vers la chaudière, générateur de chaleur composé d'un brûleur (ou avant-foyer) et d'une chaudière, automate de conduite et de surveillance, système d'épuration des rejets gazeux et d'évacuation des cendres.

Grappin automatique (à gauche) et chaufferie bois (à droite)

Dans le domaine du bois-énergie domestique, on constate de la même façon une très forte amélioration des performances des poêles, foyers fermés et autres inserts , entraînant une diminution des achats de bois à besoin de chaleur équivalent Gageons, à cet égard, que la diminution de l'utilisation domestique du bois dans la consommation finale d'énergie sera rapidement compensée par l'augmentation des besoins des réseaux de chaleur.

Ces derniers présentent également un degré de maturité technologique remarquable. La qualité des canalisations utilisées est telle que les incidents sont rares et, comme cela a déjà été relevé, l'espérance de vie des réseaux construits actuellement dépasse les 30 ou 40 ans.

Par ailleurs, la technologie du solaire thermique , à la différence du solaire photovoltaïque, est là encore parfaitement maîtrisée.

Enfin, il faut souligner la quasi-maturité des unités de méthanisation . Si la France accuse un certain retard en la matière par rapport à divers pays européens (Danemark, Allemagne, Suisse), celui-ci tient moins à des difficultés technologiques ou de savoir-faire qu'à l'absence de volonté politique.

* 33 Le rendement énergétique est le rapport de la puissance utile sur la puissance calorifique. Ainsi une chaudière ayant un débit calorifique de 89 kW et une puissance utile de 75 kW aura un rendement énergétique de 84 %.

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