2. Des vertus géopolitiques

On rappellera que, sans changement des comportements, le taux de dépendance énergétique extérieur de la France comme de l'Europe devrait continuer à progresser, ce qui entraînera une vulnérabilité accrue du Vieux continent face aux pays exportateurs de pétrole, de charbon et de gaz, et donc un affaiblissement sur le plan géopolitique international. Il est, en effet, dangereux d'être tributaire d'espaces de production énergétiques qui peuvent à tout moment tenter d'instrumentaliser leurs ressources .

La situation est d'autant plus inquiétante que les sources d'approvisionnement sont relativement peu diversifiées : la moitié environ du gaz consommé dans l'Union européenne ne provient que de trois pays : la Russie (25 %), la Norvège et l'Algérie, ce qui explique les craintes exprimées au plus haut niveau lors du conflit gazier russo-ukrainien début 2006. Quant au Moyen-Orient, il totalise les deux tiers des réserves mondiales et un tiers de la production mondiale de pétrole, ainsi que 40 % des réserves de gaz (notamment Qatar et Iran).

Il est par conséquent urgent de repenser notre approvisionnement énergétique en ayant recours à des solutions locales afin de préserver l'indépendance énergétique et la sécurité d'approvisionnement de nos territoires. Les collectivités territoriales doivent ainsi s'engager sans tarder dans une « diversification du bouquet énergétique ».

En effet, tant que les énergies de substitution ne seront pas développées, notre dépendance au pétrole sera forte. C'est précisément la raison laquelle la demande d'« huile de pierre » (petra oleum) est peu élastique aux prix : selon Evariste Lefeuvre, directeur-adjoint du service de la recherche de IXIS Asset Management , une hausse de 25 % du prix du pétrole ne réduit la demande que de 1 % . Avec des solutions alternatives locales, gageons que cette élasticité progresserait fortement dans les années à venir.

3. Des vertus sociales

Le coût de production de chaque tonne équivalent pétrole (tep) est de l'ordre de 300 euros. Au lieu d'être utilisé pour importer de l'énergie, cet argent pourrait être injecté dans l'économie nationale (environ un tiers pour l'investissement et deux tiers pour l'emploi). Il est parfois estimé que, pour chaque millier de tep non importé, entre trois et six emplois durables pourraient être créés en France, sans compter les effets induits sur le reste de l'économie. En « relocalisant » le coût de l'énergie, le pays pourrait créer d'ici 2010 entre 30.000 à 60.000 emplois de proximité et jusqu'à 150.000 emplois en 2050 , emplois liés au sol et donc par nature non délocalisables.

La mise en oeuvre des énergies locales vise aussi à stabiliser activités et emplois : qu'adviendra-t-il d'un territoire de montagne dont 90 % de l'économie tourne autour des activités touristiques s'il ne neige plus à cette altitude ? De même, qu'adviendra-t-il de l'agriculture française après 2012 si la réforme de la politique agricole commune évolue vers une disparition progressive des subventions aux agriculteurs ?

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