2. Une politique étrangère « héroïque » ?

Ce qualificatif d' « héroïque » a été appliqué à la politique étrangère sud-africaine par le directeur de l'Institute for security studies pour souligner la divergence entre les objectifs de cette politique et les capacités qui lui sont associées. Les interlocuteurs de vos rapporteurs ont évoqué les atouts de l'Afrique du Sud mais aussi les limites à son action, qui tiennent à ses capacités militaires et politiques et à sa situation intérieure.

Après la restructuration récente de son armée, l'Afrique du sud ne dispose plus d'une expérience militaire significative. Le budget de la Défense représente 1,7 % du PIB et 6,5 % du budget de l'Etat. Les parlementaires rencontrés par votre délégation ont indiqué que ce budget était souvent ajusté à la baisse.

Pays à revenu intermédiaire, l'Afrique du sud doit pouvoir compter sur une croissance soutenue pour consolider sa transition politique. Le gouvernement combine une politique économique libérale avec une politique de promotion de la population noire qui, maintenue à l'écart des dispositifs de formation pendant la période de l'apartheid, reste sous qualifiée. Pour préserver la cohésion nationale, cette politique aurait besoin d'une phase d'expansion prolongée.

Sur le plan politique, passé l'élan de la première transition, une tâche immense attend les autorités sud-africaines pour soutenir la cohésion du pays et préserver les équilibres de la politique de discrimination positive.

Le taux de chômage reste très élevé (environ 40 % de la population active en moyenne) et affecte majoritairement la population noire (dans un rapport de un à sept).

La société sud-africaine reste marquée par un degré de violence très élevé qui reste un défi pour les autorités.

Le SIDA, qui touche un adulte sud-africain sur cinq, dépasse largement la dimension sanitaire pour constituer un phénomène économique et social. L'augmentation de la mortalité a conduit, entre 1995 et 2004, à un recul de l'espérance de vie de 56 à 46,5 ans.

Lors des entretiens au Parlement sud-africain, la priorité économique et sociale a été clairement rappelée à votre délégation. Les efforts en matière de défense et l'implication dans la gestion des crises africaines ne sont pas perçus comme antinomiques avec cette priorité et font l'objet d'un consensus, l'Afrique du sud estimant avoir besoin du développement du reste de l'Afrique pour son propre développement. Il s'agit là d'une vision de long terme qui pourrait cependant être contredite si la croissance n'offrait plus les marges de manoeuvre nécessaires.

Enfin les limites à l'action d'une puissance émergente comme l'Afrique du sud sont également politiques. Les difficultés d'une intervention extérieure - fût elle africaine- sont connues des responsables qui privilégient le « soft power ». Le pays se refuse à être perçu comme le relais de puissances extérieures au continent, et réalise que son statut de « puissance » suscite une certaine méfiance, voire de l'agacement, de la part d'autres Etats africains et qu'il pourrait se voir soupçonné de tentations hégémoniques, voire d'impérialisme.

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