DEUXIÈME PARTIE

I. ALLOCUTIONS D'OUVERTURE

A. M. CHRISTIAN GAUDIN, SÉNATEUR, RAPPORTEUR DE L'OPECST

Monseigneur,

Messieurs les Ambassadeurs,

Madame la Présidente,

Monsieur le Secrétaire général,

Mes chers Collègues parlementaires,

Mesdames, Messieurs,

C'est un grand honneur pour moi d'ouvrir la séance solennelle de cet après-midi au cours de laquelle M. Christian Poncelet, Président du Sénat, déclarera officiellement ouverte pour la France l'année polaire internationale 2007-2008.

Dans ce propos préliminaire, je voudrais vous faire partager trois convictions que j'ai acquises au cours de mon travail parlementaire sur les régions polaires : vous dire tout d'abord le caractère exceptionnel de ces régions ; témoigner ensuite de l'excellence de la recherche scientifique française et, enfin, affirmer la nécessité d'une collaboration européenne et internationale plus forte.

Rapporteur au Sénat de la loi de transposition du Protocole de Madrid de 1991, j'ai immédiatement été sensibilisé à la nécessité de la protection de l'Antarctique et plus généralement des pôles.

Ces régions doivent être protégées parce qu'elles jouent un rôle essentiel pour notre planète.

Elles sont des témoins de changements majeurs du climat, de la biodiversité et même de nos sociétés.

Ce témoignage, il nous appartient de le recueillir, de l'interpréter et d'en tirer des enseignements. A la disposition des hommes de science et des citoyens, c'est une invitation à exercer librement mais en pleine connaissance de cause notre responsabilité.

La richesse des régions polaires, les hommes ont cru un moment la trouver dans l'exploitation sans limite des ressources naturelles. Concrètement, la chasse aux phoques et aux baleines s'est arrêtée après la quasi-extinction de ces espèces, triste exemple de notre capacité de destruction. L'Antarctique, seul continent érigé en réserve naturelle pour l'humanité, pour la paix et pour la science, est un héritage précieux. C'est aussi un héritage fragile car, ne nous le cachons pas, sa protection tient beaucoup à son inaccessibilité.

Mais la véritable richesse de ces régions, c'est la science qui nous la révèle.

A cet égard, l'année que je viens de passer pour préparer mon rapport pour l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques en rencontrant les scientifiques, en rendant visite à nos partenaires internationaux après m'être rendu moi-même en Antarctique, comme Bruno Rougier l'a rappelé, m'a donné la certitude de l'excellence des équipes de recherche françaises et du soutien logistique qui leur est apporté.

Dans plusieurs domaines majeurs comme les sciences du climat ou la biologie, nos chercheurs se placent au premier rang mondial.

Cependant, la recherche française en milieu polaire ne s'arrête pas, loin s'en faut, à ces deux disciplines phares. Que ce soit dans l'observation de la Terre et de l'Univers ou en anthropologie, ces recherches sont d'une extraordinaire richesse.

Les bases françaises, soutenues respectivement par les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) et l'Institut Paul-Emile Victor (IPEV), sont des lieux extrêmement privilégiés pour les chercheurs dans l'océan austral comme en Antarctique ou au Svalbard.

Pour rester excellente, notre recherche a besoin d'être mieux soutenue. Je l'ai écrit dans mon rapport et le redis devant vous aujourd'hui.

Enfin, dans ces régions si difficiles d'accès et si vastes, rien sans doute ne peut plus se concevoir sans une collaboration internationale affirmée Cette coopération est d'ores et déjà inscrite dans la vie quotidienne de la recherche en milieu polaire.

La France, je souhaite particulièrement le souligner, a montré la voie d'une coopération européenne plus intégrée en construisant en commun avec l'Italie la base Concordia et en fusionnant avec l'Allemagne sa base du Svalbard. Cette double dynamique doit aujourd'hui converger pour servir de force centrifuge à la coopération européenne. Dans le domaine polaire aussi l'Europe se construit, comme le disait Jean Monnet, par des solidarités concrètes. C'est à la fois pragmatique, nécessaire, mais constitue aussi un engagement politique clair.

James Cook, n'ayant pu découvrir l'Antarctique en 1773, aurait eu cette phrase : « Si quelqu'un a le courage et la volonté d'apporter une réponse à cette question en allant encore plus loin que moi, je ne lui envierai pas la gloire d'une telle découverte, mais je me permettrai néanmoins d'affirmer que le monde n'en tirera aucun profit. »

Plusieurs générations de scientifiques l'ont déjà fait mentir. L'année polaire internationale qui s'ouvre aujourd'hui montrera, je crois, combien encore le témoignage des pôles est important pour les hommes.

Je vous remercie.

Bruno ROUGIER

Monsieur le Sénateur, nous vous remercions de votre intervention. Je vous propose maintenant d'écouter Catherine Bréchignac, membre de l'Académie des Sciences, spécialiste de physique des agrégats, présidente du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), présidente du conseil d'administration du Palais de la découverte et, à partir de l'année prochaine, présidente du Conseil international pour la science (ICSU).

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