2. La presse magazine : la face méconnue de la presse nippone

Les périodiques et magazines constituent, à l'étranger du moins, la face méconnue de la presse nippone. Il existe toutefois plus de 2 000 mensuels publiés au Japon, sur les thèmes les plus variés. Les grands groupes médiatiques sont bien présents dans ce secteur mais de nombreux titres sont publiés par des maisons d'éditions indépendantes.

Ce type de presse est apparu avec le Shukan Shincho dans les années 1950. Lors de sa création, ce titre s'est retrouvé dans une position originale vis-à-vis des grands quotidiens nationaux : il avait peu de moyens financiers, ses journalistes n'avaient pas accès aux Kisha clubs et n'avait pas de réseau de distribution à domicile, d'où une vente principalement en kiosque. C'est ce statut que le titre a su transformer en avantage. Le magazine a en effet mis en avant une ligne éditoriale agressive et un style d'écriture narratif et sensationnaliste. Tous ses moyens furent consacrés à la recherche de scandales compromettant les hommes politiques, magnats ou autres célébrités.

Un modèle qui a été suivi par d'autres titres, donnant jour à un genre à part où se mêlent des reportages d'investigations, des ragots, mais aussi des critiques littéraires, des l'actualité politique ou sur des faits de société, des commentaires... Les shukanshi actuels rassemblent ainsi en même temps des caractéristiques de la presse à scandale et celle des newsmagazines les plus sérieux.

Pour inciter le lecteur à acheter un numéro en kiosque, les shukanshi misent sur des campagnes d'affichage dans les voitures de métro annonçant des révélations et des scandales. Cela ne signifie pas qu'il ne faut pas prendre ces magazines au sérieux car la plupart des scandales politiques qui se sont avérés fondés ont été révélés par les shukanshi. Des scandales dont les journalistes des journaux admis dans les kisha clubs sont, dans la plupart des cas, parfaitement au courant mais qu'ils ne révèlent pas. Le plus souvent, les quotidiens de référence ne commencent à couvrir ce genre de sujet qu'après les révélations des magazines et les réactions des intéressés.

Cette « face sombre » assez méconnue à l'étranger de la presse japonaise fait pourtant partie intégrante des médias nippons, de la vie publique économique et politique du pays et du système du kisha club : les Shukanshi servent de « soupape de sécurité » en faisant des révélations sans remettre en cause le système.

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