2. La télévision numérique terrestre, un véritable enjeu industriel
D'abord opérationnel dans 3 zones pilotes (Tokyo, Osaka et Nagoya) depuis le 1 er décembre 2003, le signal numérique hertzien couvrait près de 40 millions de foyers fin 2006 (84 % de la population).
Il convient de rappeler que le programme gouvernemental pour le développement de la TNT a été lancé dès 1997 par le Ministry of Internal Affairs and Communications (MIC), sa mise en oeuvre et sa promotion ayant été placées sous la responsabilité du Terrestrial Digital Broadcasting Promotion Headquarters, une agence interne du MIC.
Comme en Corée mais pour des raisons différentes, ce plan est stratégique pour l'industrie japonaise. Le développement de la TNT implique en effet le renouvellement global du parc de récepteurs (soit 100 millions de téléviseurs dans 45 millions de foyers) d'ici le 24 juillet 2011, date à laquelle la diffusion analogique sera officiellement abandonnée.
Ce plan bénéficie ainsi principalement aux entreprises d'électronique grand public nationales. Le Japon, qui ne connaît aucune barrière légale à l'entrée sur le marché, se caractérise en effet par la préférence très prononcée des consommateurs pour les marques japonaises. Ainsi les cinq fabricants japonais ne connaissent aucune concurrence sur le marché domestique.
D'après les données fournies par les dirigeants de la NHK aux membres de la mission, le pays est pourtant loin d'être prêt pour cette « bascule » : le nombre de téléviseurs en circulation capables de recevoir la TNT est en effet aujourd'hui estimé à 6 millions d'unités sur un parc de 100 millions, pour environ 5 millions d'utilisateurs réels.
3. Les défis de la télévision mobile japonaise
Tous les opérateurs de téléphonie mobile japonais ont intégré la télévision dans leur stratégie et proposent depuis 2004 des modèles de téléphone portable équipés d'un tuner analogique.
Mais le véritable enjeu pour l'ensemble du secteur se situe plutôt dans le lancement des premiers services de télévision mobile personnelle numériques à l'échelle de l'archipel.
a) Les spécificités techniques du 1-seg
La télévision mobile personnelle a été officiellement lancée à titre expérimental dans 29 départements du Japon le 1 er avril 2006 ; sa diffusion a été étendue à l'ensemble du territoire à la fin de la même année. Les signaux 23 ( * ) utilisant la norme ISDB-T peuvent être reçus par les téléphones portables mais aussi par d'autres terminaux mobiles tels que les assistants électroniques ou les consoles de jeu.
Le signal utilise pour sa transmission une des treize fréquences des canaux hertziens alloués à la diffusion des services télévisés, d'où son nom : 1-seg pour « one segment broadcast ». Les douze autres segments du canal sont quant à eux dédiés à la diffusion d'un service en haute définition (HDTV) 24 ( * ) .
b) Des services contraints de proposer les chaînes de la TNT
Le service 1-seg permet de regarder gratuitement les programmes de la télévision numérique terrestre sur la partie supérieure de son mobile et de bénéficier d'informations télétexte fournies par la chaîne et transmises via le signal hertzien ou via internet sur le tiers inférieur de l'écran.
M. Takeatsu Yamauchi, président directeur de la NHK a précisé aux membres de la mission qu'aux termes de la loi, l'obligation de diffuser en simulcast les programmes de la télévision numérique terrestre devait cesser le 31 octobre 2008.
A partir de cette date, les opérateurs mobiles et les chaînes de télévision pourront par conséquent proposer des programmes spécifiques aux clients. Dans cette optique, les différents acteurs de la chaîne de valeur travaillent à l'élaboration de modèles économiques plus profitables que le modèle actuel, fondé principalement sur le télé-achat. Face à la coopération de NTT DoCoMo avec Nippon TV et Fuji TV, KDDI a finalement décidé de s'associer avec TV Asahi pour créer des services spécifiques Internet-TV.
c) Un succès commercial mais une qualité de service susceptible d'être améliorée
Au 31 décembre 2006, 3,4 millions de clients bénéficiaient d'après la NHK du service 1 - seg sur leur téléphone mobile et 260 000 dans leur voiture.
Ce résultat semble plutôt flatteur compte tenu des limites actuelles du service : si la qualité du service est bonne lorsque la réception se fait près d'une fenêtre ou dans la rue, il n'en va pas de même en matière de réception mobile, « extérieure » ou de « deep indoor ».
La qualité du signal se dégrade en effet fortement au-delà d'une vitesse de déplacement de 20 kms/h et le nombre réduit de réémetteurs provoque de fréquentes coupures de signal et empêche l'accès aux services dans le métro, les tunnels et certains bâtiments.
Là encore, tous les acteurs impliqués dans le 1-seg tentent de mettre en place un réseau de réémetteurs suffisamment dense pour permettre l'accès au service dans tous types de conditions.
* 23 Adoptée officiellement en 2003 par le Japon, cette norme est aussi utilisée par le Brésil.
* 24 La norme ISDB-T utilisée au Japon pour la diffusion des services de télévision numérique terrestre permet de diffuser sur une même bande de fréquences trois services de télévision numérique standard multiplexés (SDTV) ou un seul service de télévision numérique haute définition (HDTV).