c) La structuration du supportérisme

Cette question doit être traitée dans la mesure où les associations de supporters sont un fait de société qu'il faut accepter et accompagner. Les autorités britanniques ont quant à elles supprimé la possibilité pour des personnes de venir en groupes importants dans le stade, afin de briser la géographie des tribunes, si importante pour les associations de supporters. Elles n'ont pu le faire que parce que le supportérisme anglo-saxon est fortement individualisé et cela a effectivement permis de diminuer les risques de débordement. En France, ce type de politique serait certainement contre-productive pour le football, et à moyen terme pour la sécurité aux abords des stades.

Des structures de coordination doivent donc être créées dans chaque club avec les associations de supporters , afin d'engager le dialogue préalablement aux matchs sur les animations qui peuvent être mises en place . La mise en place de responsables de départements « supporters » dans les clubs a joué un rôle bénéfique à cet effet, mais la multiplication des actions de prévention, notamment en présence de représentants des collectivités territoriales et des forces de police aurait une utilité réelle.

La Ligue a créé un correspondant supporters au sein de la Commission nationale mixte de sécurité et d'animation dans les stades (CNMSA), ainsi qu'un espace « supporters » sur le site Internet de la LFP, ce qui démontre qu'elle a pris conscience de ces enjeux. La Fédération des associations de supporters (FAS) est ainsi représentée au sein des institutions du football, ce qui constitue un point très positif. Vos rapporteurs soulignent à cet égard que la FAS soutient des actions très intéressantes, comme celle des « Jeunes citoyens supporters » du Toulouse football club, estampillée du label « génération supporter », qui promeut auprès des plus jeunes, une nouvelle forme, plus positive, de manifestations de soutien 53 ( * ) .

Le but est de changer la « culture supporter » du football, par le soutien de bonnes pratiques de supporters.

Les associations « ultras » sont quant à elles, des interlocuteurs peu fiables et dont la coordination est très récente, mais néanmoins importants, et un effort doit donc être fait en leur direction.

d) La sécurité des supporters

Les stades ont fait plus de morts chez les supporters que la violence des hooligans 54 ( * ) . Souvent, c'est au demeurant l'action de supporters, qui dans des conditions insuffisantes de sécurité, peut avoir des conséquences dramatiques, comme dans le cas du stade du Heysel.

L'une des précautions majeures afin d'éviter les victimes étouffées contre les grilles est de supprimer les séparations entre les tribunes et le terrain. L'UEFA préconise cette suppression et l'Angleterre l'a mise en application, mais plusieurs stades de Ligues 1 et 2 (notamment le stade de Lens) sont toujours dotés de grillages destinés à empêcher les supporters d'envahir la pelouse. On peut s'étonner que la Fédération française de football, dans l'article 22 du règlement des terrains et installations sportives, incite à la mise en place de tels grillages de protection. En effet, autant il est contestable que les invasions de pelouse soient dangereuses pour les supporters et les joueurs, ceux-ci ayant généralement le temps de rentrer dans les vestiaires, autant il est certain que les grilles constituent un danger pour les supporters et tendent psychologiquement à exciter les supporters violents.

Vos rapporteurs préconisent par conséquent l'interdiction des grilles séparant les tribunes de la pelouse dans les stades.

Cette mesure devrait être accompagnée, au niveau local, d'une politique de communication des clubs auprès de leurs associations de supporters, et d'une application systématique, par l'action couplée des forces de police et de la justice, de mesures d'interdictions de stade en cas d'invasion de la pelouse .

Les préoccupations relatives à la sécurité doivent être prioritaires. La spécificité française est que les stades appartiennent aux collectivités territoriales qui sont dès lors responsables des aspects de sécurité matérielle. Cette sécurité ne doit pas seulement être considérée en tant que telle mais également pendant le match.

La mise en place de conventions relatives à la sécurité entre les collectivités territoriales, l'État et les clubs 55 ( * ) , définissant les responsabilités de chacun, notamment pendant les matchs, serait très utile dans la politique de prévention des risques.

Vos rapporteurs se félicitent de la volonté affichée par la LFP de mettre en place, en partenariat avec les collectivités territoriales, des systèmes de contrôles d'accès informatisés qui favoriseraient la sécurisation des stades grâce à une meilleure connaissance du nombre et de l'identité des supporters. Ils encouragent par ailleurs le projet de création par des universitaires rennais d'un Master Métiers de la sécurité autour des rencontres sportives.

* 53 Dominique Regia-Corte, responsable des relations entre le Racing club de Lens et les supporters, a également présenté des initiatives très intéressantes au groupe de travail, lors de son audition du 20 mars 2007.

* 54 En Angleterre, les catastrophes d'Ibrox Park en 1971 et de Hillsborough en 1989 ont entraîné respectivement la mort de 66 et 96 spectateurs. En France, 18 personnes ont trouvé la mort lors de l'effondrement d'une tribune provisoire au stade de Furiani.

* 55 Sur le modèle parisien du contrôle local de sécurité, qui réunit les villes de Paris et de Boulogne-Billancourt, le département des Hauts-de-Seine, le procureur de la République, la préfecture, le ministère de l'Intérieur et le club Paris-Saint-Germain, dans une démarche commune de prévention-répression des violences à l'intérieur et à l'extérieur du stade.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page