b) Les réalisations et les perspectives
(1) Les réalisations
Dès maintenant, les biotechnologies sont passées au stade industriel.
Dupont de Nemours a installé une usine de production de molécules de synthèse, où les biotechnologies interviennent à plusieurs stades de la production chimique pour produire 500 000 tonnes par an de propanediol (utilisés dans la fabrication du tergal).
Dans certains marchés pharmaceutiques ou agroalimentaires, les processus des biotechnologies se substituent aux processus chimiques. Par exemple :
- pour la production de bêtacarotène sur un marché mondial de 2 milliards de dollars,
- ou, pour la production d'un acide aminé utilisé dans l'alimentation du bétail, sur un marché de 1,5 milliards d'euros.
(2) Les perspectives
Les perspectives d'extension d'emploi des biotechnologies dans l'industrie sont vastes.
Sans pouvoir être exhaustif, au-delà de l'investissement progressif des procédés chimiques de transformation industrielle qui sera peu à peu favorisé par la hausse du prix des carburants fossiles, des avancées fortes sont à attendre dans le domaine de la biotechnologie : l'utilisation des extrêmophiles, et l'emploi des biotechnologies dans le domaine de la fabrication de l'énergie .
Les bactéries extrêmophiles fabriquent des molécules dites « extrêmolytes » pour protéger leurs cellules des environnements agressifs dans lesquels elles vivent, la production en série d'extrêmolytes ou analogues est déjà utilisée dans les cosmétiques (crème solaire) ; la recherche actuelle porte sur des molécules qui permettront de limiter les effets des chimiothérapies ou d'être employées dans le traitement de maladie de peaux.
Dans le secteur central de l'énergie , beaucoup de recherches biotechnologiques portent sur les énergies nouvelles. On peut donner deux illustrations de mouvement :
- l'INRA de Marseille mène des recherches sur le génome d'un champignon 60 ( * ) qui dégrade la biomasse de façon accélérée et pourrait accroître fortement les rendements des biocarburants de deuxième génération.
- l'Université de Humboldt à Berlin conduit un programme sur les bactéries hydrogénases permettant de produire de l'hydrogène par biocatalyse, etc..
A un terme plus lointain, d'une dizaine d'années, va émerger un champ de recherches biotechnologique sur lequel on peut s'interroger éthiquement où l'on utilisera la biodiversité pour se couper de la nature .
Maintenant que l'on sait fabriquer de l'ADN synthétique, on peut reprogrammer les processus biologiques d'une bactérie.
L'institut Venter a tout récemment mis en oeuvre cette biologie synthétique en transplantant la totalité de l'ADN d'une bactérie dans une autre.
A Boston, les start-up biotechnologiques, détectées par des « business angels » et dotées par de sociétés de capital-risque de centaines de millions de dollars, ne sont pas rares.
On voit l'implication de ce champ de recherches.
Car, si on sait fabriquer de l'ADN synthétique - si l'on sait réécrire le génome entier d'une bactérie, ce qui n'est pas encore fait -, on pourra en modifiant ce génome obtenir des artéfacts nombreux fonctionnant sur des catégories réactionnelles (c'est-à-dire des modes de reconnaissance entre atomes) inconnues sur terre.
Ces recherches qui pourraient déboucher d'ici une dizaine d'années devraient en tout état de cause respecter des cahiers des charges très rigoureux (artéfacts non invasifs, non délétères et contrôlés). On mesure ici l'importance de conduire ces recherches dans un cadre éthique rigoureux et sous contrôle de la communauté humaine.
* 60 Ce champignon, le Trichoderma reesei, avait été identifié au Vietnam par les Américains car il dégradait de façon accélérée les uniformes des troupes.