12. Des structures de recherche et développement encore insuffisantes

a) La recherche

C'est l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) qui assure l'essentiel de la recherche publique sur les systèmes d'élevage ovin. Trois de ses départements scientifiques au moins ont à connaître de cette espèce : celui sur la génétique animale, celui de la physiologie animale et des systèmes d'élevage, et enfin celui de la santé animale.

Il serait donc faux de dire que la recherche publique est absente de ce secteur. Toutefois, comme l'a souligné notre collègue député Yves Simon dans son récent rapport précité, « ses résultats ne sont pas suffisamment diffusés. Cette vacance de données a laissé place au développement d'études diverses et variées ainsi que de recueils de données de gestion technico-économiques par les organismes concernés (...) sans réelle évaluation ni de la valeur scientifique des programmes, ni de la pertinence et de l'efficacité de ces travaux ».

La recherche appliquée connaît un problème récurrent de financement, qui ne concerne pas que la production ovine, mais l'ensemble des productions animales. D'une façon générale, l'évolution des crédits destinés à la recherche appliquée professionnelle tranche avec celle des crédits publics destinés à la recherche agronomique, comme le montre le graphique ci-dessous.

EVOLUTION DES SUBVENTIONS DE L'ETAT À L'INRA ET DES CRÉDITS VERSÉS PAR L'ANDA 9 ( * ) /ADAR 10 ( * ) AUX ICTA 11 ( * ) DE 1988 À 2005 (EN MONNAIE CONSTANTE, BASE 100 EN 1998)

Source : Institut de l'élevage

Alors que la production de ruminants représente près de 30 % de la valeur totale de la production agricole et occupe 50 % du territoire, les effectifs de l'Institut de l'élevage ne représentent que 15 % de l'ensemble des effectifs des instituts techniques. Ils ont, au surplus, été affectés par des baisses récurrentes ces dernières années.

Institut de recherche ayant une forme associative, ce dernier inscrit son action dans le cadre d'un contrat d'objectif conclu entre l'association de coordination technique agricole (ACTA) et le ministère en charge de l'agriculture. Au service de l'ensemble des filières animales, il consacre 15 % de son activité totale et 26 de ses ingénieurs et techniciens au secteur ovin.

b) La formation et l'encadrement technique

La formation est largement déficiente en matière ovine, comme en témoigne le peu de programmes d'enseignement y étant consacrés dans les établissements spécialisés. L'élevage ovin est souvent perçu, à tort, par les candidats à l'installation comme une production ne nécessitant pas de formation pointue. C'est ainsi que la durée des stages d'installation connaît une tendance baissière et que le niveau d'aptitude préalable à l'installation décroît.

L' encadrement technique en production ovine est notoirement insuffisant, comparé notamment à d'autres filières. Les structures de développement ont été affectées par de lourdes réductions d'effectifs pour des raisons économiques. Comme le souligne l'Institut de l'élevage, cela peut entraîner un cercle vicieux au sein d'une production perçue comme étant en perte de vitesse, dont l'encadrement technique n'apparaît plus nécessaire et dont la réduction limite à son tour, voire prive de conseils techniques les éleveurs.

c) La génétique

Le dispositif français de génétique animale a été réformé par la dernière loi d'orientation agricole, en 2006, qui acte le désengagement de l'Etat du secteur et prévoit pour chaque race la création d'un organisme de sélection chargé de coordonner l'ensemble des actions en ce domaine, voire à en réaliser tout ou partie lui-même.

En effet, de multiples intervenants sont mobilisés en matière de génétique animale, et tout particulièrement dans la filière ovine :

- les établissements de l'élevage (EDE) assurent l'état civil et le contrôle des performances au niveau départemental ;

- l'unité nationale de sélection et de promotion raciale (UPRA) ou l'unité de sélection (US) réalisent l'évaluation individuelle et assurent le testage sur descendance ;

- les centres d'insémination animale (CIA) prennent en charge les activités de production et de mise en place de semences pour l'insémination.

Or, une récente étude de l'Institut de l'élevage 12 ( * ) pointe le défaut d'organisation de l'ensemble de ces structures. Soulignant que « beaucoup d'organismes remplissent plusieurs services de l'amélioration génétique », elle s'interroge en ces termes : « on peut se demander si ces services auprès des éleveurs sont bien coordonnés et donc cohérents. Il apparaît donc qu'une grande partie des bassins ne bénéficie pas de services de la génétique ovine très coordonnés. Il est donc important pour eux d'améliorer cette coordination et ainsi la cohérence des services de la génétique ovine ».

Contrairement à d'autres filières animales, et notamment la filière bovine, la filière ovine ne fait pas l'objet, en effet, d'une stratégie génétique clairement identifiée, ce qui a été indiqué à vos rapporteurs lors de plusieurs auditions. Or, la génétique permet d'orienter l'élevage ovin allaitant vers la production d'agneaux de qualité, plus productifs et adaptés aux conditions locales d'élevage, ainsi qu'aux maladies endémiques de plus en plus récurrentes.

* 9 Association nationale pour le développement agricole.

* 10 Agence du développement agricole et rural.

* 11 Instituts et centres techniques agricoles.

* 12 « Réorganisation de l'encadrement de la génétique ovine », étude du département génétique de l'Institut de l'élevage, décembre 2007.

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