B. LUTTER CONTRE LA HIÉRARCHISATION DES FILIÈRES PAR LA CONSÉCRATION D'UN TRONC COMMUN COMPLÉTÉ PAR DES OPTIONS ÉQUILIBRÉES

L'échec de la réforme de 1993 démontre que la grande majorité des lycéens souhaite désormais suivre des formations aussi ouvertes que possible. Le succès de la section S, et dans une certaine mesure celui de la série ES, s'explique par ce souci de « ne se fermer aucune porte ».

Dès lors, il conviendrait sans doute de prendre acte de ces évolutions et de fusionner les trois séries de la voie générale , en définissant un tronc commun complété par un jeu d'options.

A l'évidence, un tel tronc commun existe et s'est constitué tout au long du XX e siècle, avec l'ajout au noyau rassemblant français, philosophie et mathématiques d'une langue vivante et de l'histoire-géographie, ces cinq disciplines venant d'ores et déjà dessiner de fait le coeur de la culture du citoyen en ce début de XXI e siècle. 21 ( * )

C'est en effet l'une des fonctions du baccalauréat que de venir définir le bagage culturel et intellectuel du jeune adulte et c'est cette fonction que la hiérarchisation des filières vient indiscutablement obscurcir et subvertir.

Il apparaît pourtant nécessaire de restaurer cette fonction unificatrice et intégratrice : dès lors qu'il est devenu le diplôme majeur du système éducatif, c'est-à-dire le pivot autour duquel s'organisent l'insertion professionnelle et la poursuite d'études, il est bon de rendre au baccalauréat une certaine unité en définissant les connaissances et les compétences acquises par chaque bachelier.

Le tronc commun pourrait donc valoir pour les trois voies, à charge pour les enseignants d'adopter les méthodes pédagogiques adaptées à chacune d'entre elles.

Cette solution a au demeurant été envisagée, pour les séries générales, par le récent rapport que l'inspection générale de l'éducation (IGEN) et l'inspection générale de l'administration de l'enseignement supérieur et de la recherche (IGAENR) ont consacré à la filière S. 22 ( * )

Celui-ci soulignait notamment que « nombreux ont été [les] interlocuteurs, qu'ils soient recteur, inspecteur, chef d'établissement ou enseignant, à préconiser une fusion des trois séries générales », avant toutefois de rejeter cette solution au motif qu'un « cycle unique ne se concevrait pas sans la mise en place d'options lourdes. Les effets de contournement, de ségrégation voire de ghettoïsation propres au système des options n'auraient aucune raison de ne pas se manifester dans l'usage que les élèves et leurs familles feraient de telles options. L'avantage réservé aux initiés retrouverait ici sa pleine valeur, avec un poids encore plus évident du choix du lycée d'origine, le contrepoids constitué aujourd'hui par les séries n'existant plus. »

Si votre groupe de travail est sensible à ce souci de ne pas vivifier par la construction d'un tronc commun la logique de hiérarchisation, il n'est toutefois pas pleinement convaincu par les arguments avancés par le rapport précité.

La mise en place d'un jeu d'options ne se traduirait par une reconstitution des filières existantes ou par des effets de ségrégation renforcés que s'il ne se voyait imposer aucun cadre. C'est pourquoi votre groupe de travail propose que le choix des options revête le caractère d'un « menu » obligatoirement équilibré : tout élève des séries générales devrait ainsi choisir trois options parmi trois groupes de disciplines correspondant aux trois orientations majeures de l'enseignement général que sont indiscutablement les études littéraires, les sciences économiques et sociales et les disciplines scientifiques. Le choix de ces options serait accompagné de la possibilité de les suivre en mineure ou en majeure.

Il serait ainsi possible de permettre une certaine différenciation des parcours des élèves sans laisser libre cours à la reconstitution des filières. Par ailleurs, la multiplicité des arrangements possibles de ces trois options permettrait d'empêcher les logiques de hiérarchisation de se reconstituer brutalement.

Proposition n° 4 - Mettre fin à la hiérarchisation des filières au sein du baccalauréat général en privilégiant une logique de tronc commun accompagné d'options équilibrées. Ce tronc commun pourrait également être consacré pour l'ensemble des baccalauréats.

* 21 Il s'agit là du tronc commun qui se retrouve déjà dans l'ensemble des baccalauréats. Il ne préjuge bien entendu pas du contenu de celui qui pourrait être adopté. Ainsi, la physique-chimie, les sciences de la vie et de la terre ou les sciences économiques et sociales pourraient-elles également en faire parti, même si pour l'heure, elles ne sont pas enseignées dans toutes les séries.

* 22 IGEN, IGAENR, La série scientifique au cycle terminal du lycée : articulation avec le cycle de détermination et orientation vers les études supérieures, novembre 2007.

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