SYNTHÈSE

I. LA RECHERCHE FRANÇAISE CONDUIT-ELLE À LA CROISSANCE ?

La dépense française de R&D en 2006 s'est élevée à 38 milliards d'euros représentant 2,12 % du PIB , bien en deçà de l'objectif de 3 % en 2010 fixé au début de la décennie par la stratégie de Lisbonne, qui s'avère, sous cet angle, un échec : la dépense stagne en Europe autour de 1,8 % du PIB.

Source : Sénat, d'après données OCDE, Principaux indicateurs de la science et de la technologie, octobre 2007

Jusqu'en 2006, la dépense française rapportée au PIB a même connu une baisse rampante depuis la première moitié des années quatre-vingt-dix. Pourtant, un effort de recherche soutenu constitue un enjeu majeur dans le cadre d'une stratégie de croissance à long terme.

A. L'EFFORT DE RECHERCHE ET D'INNOVATION AU COEUR DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE

Trois facteurs sont susceptibles de concourir à l'augmentation de la productivité et de la croissance potentielle : la durée du travail , l'intensité capitalistique et la productivité globale des facteurs (PGF), qui s'explique essentiellement par le progrès technique.

Sur quel facteur de production « miser » pour augmenter la croissance potentielle ? Une plus grande mobilisation de la population en âge de travailler est efficace mais forcément transitoire, tandis qu'une simple accumulation du capital ne peut soutenir la croissance à long terme que pour les pays en phase de « rattrapage » : seule l'innovation permet de s'affranchir de la loi des rendements décroissants des facteurs de production, capital ou travail . L'augmentation de la PGF est caractéristique d'une économie qui évolue à la « frontière technologique », autrement dit au stade le plus avancé du développement technologique.

Rompant avec la période consécutive à l'après-guerre, un phénomène majeur est survenu ces 10 dernières années : l'accélération de la productivité aux Etats-Unis et sa décélération en Europe.

Productivité horaire du travail dans la zone euro et aux Etats-Unis

Taux de croissance moyen

1951-1960

1961-1970

1971-1980

1981-1990

1991-1995

1996-2000

2001-2006

Zone euro

5,0 %

5,8 %

4,0 %

2,5 %

2,1 %

1,7 %

0,9 %

Etats-Unis

2,5 %

2,6 %

1,6 %

1,4 %

1,0 %

2,3 %

2,3 %

Source : Groningen Growth and Development Centre, Total Economy Database, January 2007

Ce constat général suggère que l'Europe peine à passer d'un modèle d'imitation , caractéristique d'une économie en phase de rattrapage, à un modèle d'innovation continue permettant de se maintenir à la « frontière technologique ».

S'il est difficile de mettre en évidence une corrélation directe entre la croissance de la PGF et les dépenses nationales de R&D, la recherche est certainement productrice d' externalités positives . L'Etat doit donc faire en sorte que le rendement privé de la recherche se rapproche de son rendement social, ce qui justifie en théorie les politiques de subventions et d'encouragements fiscaux, voire une intervention directe lorsque le rendement social recherché s'avérerait tout simplement meilleur -et plus facile à obtenir- à partir de la dépense publique, ce qui est généralement le cas de la recherche fondamentale.

L'Etat ne faisant que remédier aux imperfections du marché, la vraie question est celle de son efficacité, dont il est malheureusement impossible de donner une mesure incontestable.

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