3. Les « conflits gelés » : un atout pour la diplomatie russe

Au cours de leur déplacement, les membres de la délégation ont interrogé les autorités russes sur les « conflits gelés », qui demeurent une source d'instabilité et de tensions.

LES « CONFLITS GELES »

Cette expression renvoie aux conflits séparatistes apparus lors de l'effondrement de l'URSS dans les régions de Moldavie et du Caucase du Sud. Bien que des « cessez-le-feu » soient intervenus, ces régions demeurent une source d'instabilité et de tensions.

La Transnistrie

En 1992, la région orientale de Moldavie, la Transnistrie, surtout peuplée de Russes et d'Ukrainiens, a voulu faire sécession du nouvel État moldave, majoritairement peuplé d'une population roumanophone. Des affrontements armés ont opposé les troupes moldaves aux forces locales. Un cessez-le-feu est intervenu entre les deux camps, et la Russie a déployé une force d'interposition qui est toujours présente sur place.

Lors d'un référendum d'autodétermination, organisé en septembre 2006, 97 % des habitants se sont prononcés en faveur de l'indépendance et d'une association avec la Russie. La République autoproclamée de Transnistrie n'est pas reconnue par la communauté internationale. Des négociations dans le format 5 + 2 (Moldavie, Transnistrie, Russie, Ukraine, OSCE, plus l'Union européenne et les États-Unis depuis leur admission comme observateurs en mai 2005) n'ont pas permis d'arriver à ce jour à un accord sur le statut de cette province.

Le Nagorny Karabakh

À la fin des années 1980, des conflits ont éclaté entre Arméniens et Azéris, en particulier dans la région du Nagorny-Karabakh, une région rattachée à l'Azerbaïdjan, mais majoritairement peuplée d'arméniens. Après de violents combats, un cessez-le-feu est intervenu en 1994 établissant de facto le contrôle des Arméniens sur la région du Nagory Karabakh qui a proclamé son indépendance. Le « groupe de Minsk » de l'OSCE, composé notamment de la Russie, des États-Unis et de la France, a présenté en juin 2006 un plan en huit points qui jusqu'à présent n'a pas permis de trouver un accord.

L'Abkhazie

Lors de l'effondrement de l'URSS en 1991, l'Abkhazie, une région frontalière de la Russie a fait sécession de la Géorgie. Le gouvernement géorgien a envoyé des troupes mais, après de violents combats, celles-ci furent défaites par les forces abkhazes, soutenues par des unités russes..

Après de violents affrontements armés, une médiation de la Russie est parvenue à imposer un cessez-le-feu en 1994 avec une force de maintien de paix composée de 3000 militaires russes. Toutefois, des affrontements continuent d'intervenir entre les militaires russes ou les forces abkhazes et les policiers géorgiens, comme l'a illustré récemment la polémique soulevée par la destruction d'un drone géorgien.

L'Ossétie du Sud

L'Ossétie du Sud, à la différence de sa voisine l'Ossétie du Nord, qui faisait partie intégrante de la Fédération de Russie, était rattachée à la République de Géorgie dans le cadre de l'Union soviétique. Lors de la disparition de l'URSS, l'Ossétie du Sud a demandé son rattachement à la Fédération de Russie, ce qui a provoqué un conflit avec les forces géorgiennes. Un cessez-le-feu est intervenu en 1992 prévoyant le déploiement d'une force de maintien de la paix de la CEI composée de 500 militaires russes.

Il ressort des entretiens menés par la délégation, un certain pessimiste sur la volonté réelle de Moscou de parvenir à un règlement des « conflits gelés », le statu quo étant favorable à ses intérêts. En effet, si les autorités russes ne semblent pas aller jusqu'à reconnaître l'indépendance de ces entités, malgré les appels en ce sens du Parlement russe qui se fonde sur le précédent du Kosovo , ces régions constituent pour la Russie un instrument de leur influence et un moyen de pression pour empêcher un trop grand rapprochement de la Moldavie et de la Géorgie avec l'occident .

C'est particulièrement vrai des régions séparatistes de Géorgie, la délégation ayant eu le sentiment lors de ses entretiens à Moscou que la Russie était disposée à trouver une issue avec les autorités de Chisinau concernant le règlement du conflit en Transnistrie, sous la condition que la Moldavie ne cherche pas à se rapprocher de l'Alliance atlantique.

En revanche, la volonté de rapprochement de la Géorgie avec l'OTAN explique certainement le regain de tension au sein des régions séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud et le soutien manifeste apporté par la Russie à ces deux entités.

En outre, l'arrêt du soutien de la Russie à l'Abkhazie, région peuplée d'une population de religion musulmane et sa réintégration au sein de la Géorgie chrétienne, pourrait avoir des effets déstabilisateurs au sein même de la Russie, en particulier dans la région du Caucase du Nord, où vivent d'importantes communautés musulmanes, d'après certains des interlocuteurs de la délégation.

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