2. Le concept de « patrimoine culturel immatériel »

Comme l'a relevé le directeur général de l'UNESCO, M. Koïchiro Matsuura, la Convention de 2003 a répondu à la nécessité d'assurer la protection d' « un patrimoine vivant, dont la fragilité nous préoccupe, mais dont la richesse nous rend si fiers » 6 ( * ) à l'heure de la mondialisation.

En ce sens, le préambule de la Convention de 2003 réaffirme l'importance du patrimoine immatériel, « creuset de la diversité culturelle » et « garant du développement durable » , et souligne son « rôle inestimable » comme « facteur de rapprochement, d'échange et de compréhension entre les êtres humains » .

L' article 2 de la Convention en précise la définition, qui a donné lieu à de nombreux débats et réflexions entre experts au sein de l'UNESCO.

Ainsi, on entend, par la notion du « patrimoine culturel immatériel » : « les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire - ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés - que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. »

« Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération , est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d'identité et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et de la créativité humaine . »

Ce patrimoine se manifeste notamment dans les domaines suivants, cités de façon ni exclusive, ni exhaustive :

- les traditions et expressions orales, y compris les langues ;

- les arts du spectacle ;

- les pratiques sociales, rituels et évènements festifs ;

- les connaissances et pratiques concernant la nature et l'univers ;

- les savoir-faire liés à l'artisanat traditionnel.

Le premier président de l'Assemblée générale des États parties à la Convention, M. Mohammed Bedjaoui, a souligné, lors de la dernière session de cette assemblée le 16 juin dernier, combien ce concept de patrimoine immatériel est difficile à cerner : il se fonde en effet sur une « contradiction interne » , puisqu'il s'agit d' « archiver le sensible, concilier la marche et l'arrêt, l'élan et le repose », le mouvant et l'immobile, l'être et le devenir » ...

Quelques illustrations plus concrètes de ce concept peuvent être apportées à travers des exemples d'éléments du patrimoine culturel immatériel proclamés « Chefs d'oeuvre », comme retracé dans l'encadré ci-dessous.

Les « Chefs d'oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité » :

quelques exemples

Le programme a distingué deux catégories de patrimoine culturel immatériel :


Les formes d'expression populaires ou traditionnelles , telles que :

- les géants et dragons processionnels de Belgique et de France,

- la Samba de Roda de Bahia au Brésil,

- le Ballet royal du Cambodge,

- les chants polyphoniques des pygmées Aka de Centrafrique,

- le théâtre sanscrit Kutiyattam en Inde,

- le théâtre Nôgaku et le théâtre Kabuki au Japon,

- la création et le symbolisme des croix en Lituanie et Lettonie,

- le mystère d'Elche en Espagne (drame musical sacré),

- les dessins sur le sable de Vanuatu, etc.


les espaces culturels , définis comme des « lieux où se concentrent des activités populaires et traditionnelles », tels que :

- l'espace culturel de Palenque de San Basilio en Colombie,

- l'espace culturel de Kihnu en Estonie,

- l'espace culturel de Sosso-Bala en Guinée,

- l'espace culturel de la place Jemaa el-Fna au Maroc, etc.

Rappelons que ces Chefs d'oeuvre ont été sélectionnés sur la base de six critères : « une valeur exceptionnelle en tant que chefs d'oeuvre du génie créateur humain » ; « un enracinement dans la tradition culturelle ou l'histoire culturelle de la communauté concernée » ; un « rôle en tant que moyen d'affirmation de l'identité culturelle » de cette communauté ; une « excellence dans la mise en oeuvre du savoir-faire » ; un « témoignage unique d'une tradition culturelle vivante » ; une « menace de disparition à cause du manque de moyens de sauvegarde ou des processus de transformation accélérée ».

* 6 Allocution de M. Koïchiro Matsuura, directeur général de l'UNESCO lors de la deuxième session du comité intergouvernemental de la Convention, tenue dans la baie de Tokyo du 3 au 7 septembre 2007.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page