2. Une culture de l'information biaisée

Les jeunes n'ont pas forcément conscience que les conditions de production de l'information, le support ou le canal de diffusion ne sont pas neutres sur Internet et qu'ils conditionnent la forme des messages, induisent une série de choix et donc surdéterminent leur contenu.

Il existe une rupture générationnelle dans la manière dont l'information est perçue, intégrée et restituée : les jeunes aspirent désormais à une compréhension du monde transversale, instantanée et accumulative, rompant ainsi avec notre logique d'apprentissage plus verticale. Ils ont l'impression que les « anciens » sont là pour transmettre la juste dose de connaissances qui leur permettra de faire la part des choses et de conserver les repères fondamentaux. Le magazine Youthology n° 1 note ainsi que « forts d'un sentiment grandissant de supériorité que leur procure aujourd'hui la technologie, ils se jugent capables de se forger une opinion sur tout ».

M. Jacques Piette, dans son article sur « Le nouvel environnement médiatique des jeunes : quels enjeux pour l'éducation aux médias » 64 ( * ) , fait un constat similaire : « pour les jeunes, la question de la fiabilité de l'information n'est pas plus pertinente en ce qui concerne Internet que les autres médias , exception faite des pages personnelles, lieu d'expression et d'opinions individuelles, dont ils reconnaissent la nature subjective. Pour le reste, ils s'en remettent à leur bon sens. Les jeunes ont peu conscience des motivations qui président à la création de sites web et leur esprit critique à cet égard est très peu développé. Certaines études constatent que, interrogés sur leur capacité à discerner la valeur, la crédibilité et la qualité de l'information trouvée sur le net, les jeunes avouent toutefois ne pas toujours disposer d'outils leur permettant d'évaluer judicieusement les contenus en ligne ».

Ce qu'il faut donc, en France, c'est une éducation aux médias qui soit un enseignement à l'analyse critique de l'image. Or aujourd'hui le journal télévisé tend plutôt à imiter Internet (les images prises par des amateurs se multiplient et le sensationnalisme, ainsi que le registre de l'émotion sont de plus en plus utilisés 65 ( * ) ) alors qu'il faudrait plutôt qu'il s'en démarque en apportant un recul critique et une valeur ajoutée. M. Serge Tisseron a estimé, lors de son audition, que les images présentées lors des journaux télévisés devraient systématiquement être légendées avec une indication précise de leur source. En effet, il est important que les téléspectateurs soient avertis que les images qu'ils voient sont issues de vidéos prises par l'armée américaine, d'images de synthèse et qu'elles ont été filmées à tel ou tel endroit précis.

Votre rapporteur estime que la télévision, notamment publique, devrait faire un effort majeur dans la transparence de ses sources d'information afin d'offrir la possibilité au téléspectateur du prendre du recul vis-à-vis de ce qu'il voit.

* 64 Le nouvel environnement médiatique des jeunes : quels enjeux pour l'éducation aux médias, in Actes du Congrès de la Fabden.

* 65 Il n'est qu'à écouter les génériques des journaux de 20 heures qui donnent immédiatement l'impression au téléspectateur que la France est en guerre.

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