2. L'État, la famille et les nouveaux médias

Comme le souligne M. Serge Tisseron, « l'influence des écrans ne saurait se penser indépendamment de celle du cercle familial et des liens qui rattachent chacun à son entourage. Ce qui importe, c'est moins les images que nous voyons que la manière dont nous nous les approprions, et celle-ci se construit toujours au carrefour de l'histoire personnelle de chacun, de sa famille et de son (ou de ses) groupe(s) de références » 116 ( * ) .

Il montre très bien que les images violentes et choquantes auront des effets complètement différents selon l'entourage de l'enfant et les réactions des adultes qui les visionnent avec eux. Il souligne, en conséquence, l'importance de la prise de distance avec les images, qui permet aux jeunes de s'en emparer, et finalement d'atténuer leur impact.

Le paradoxe de l'image est en effet, que pour éprouver des émotions devant elles comme devant la réalité, nous devons provisoirement suspendre notre jugement et y croire. Si elles étaient réelles, mais que, pour pouvoir prendre de la distance par rapport à elles, nous devons être capables à tout moment de percevoir ces images comme des constructions. D'où l'impératif de l'encadrement de leur visionnage et de l'instauration d'un dialogue sur leur impact.

L'Union nationale des associations familiales est clairement consciente à cet égard que les deux approches, « outils de contrôle et vigilance parentale sont complémentaires et prétendre qu'une seule des deux suffit, c'est de la naïveté » (Olivier Gérard, coordinateur du dossier TIC à l'UNAF).

Cette vigilance parentale passe d'abord par la fixation de règles. Mme Sophie Jehel 117 ( * ) souligne ainsi qu'on peut s'interroger « sur la pertinence qu'il y a à laisser des mineurs de 8 ans accéder seuls à Internet, avec ou sans contrôle parental. La possibilité, à cet âge, d'une démarche autonome sur ce média semble faible, les dangers immenses ». La mise en place du logiciel de contrôle parental est ensuite nécessaire. L'État a négocié avec les FAI afin que ces logiciels soient obligatoires et gratuits, mais c'est encore aux parents de faire l'effort de le mettre en place.

Votre rapporteur souhaiterait que l'État aille plus loin en sollicitant des FAI que le message demandant si le logiciel de contrôle parental doit être installé soit une étape obligatoire au cours de la première mise en route d'Internet par un nouvel abonné .

La vigilance parentale passe ensuite sur l'instauration d'un dialogue afin d'apprendre aux enfants « à faire du vélo » 118 ( * ) . La question est de savoir qui peut inciter et aider les parents à dialoguer avec leurs enfants sur la question des nouveaux médias. Votre rapporteur estime, à cet égard, que les médias traditionnels ont un rôle intéressant à jouer.

* 116 Serge Tisseron, Les bienfaits des images, Odile Jacob, 2002.

* 117 Jeunes, médias, violences, Divina Frau-Meigs, Sophie Jehel, et Jacqueline Costa-Lascoux, 2002.

* 118 Voir à ce sujet, le document sur « la parentalité à l'ère du numérique », publié par l'Union nationale des associations familiales.

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