B. ... SUGGÈRE UN PROBLÈME STRUCTUREL DE PARTAGE DE LA VALEUR AJOUTÉE

En dehors du recours à l'endettement, trois leviers peuvent être actionnés pour soutenir la demande des ménages : une augmentation de la productivité propre à faciliter l'augmentation des salaires (cf. infra) , la dépense publique via un ajustement moins rigoureux des dépenses publiques (cf. scénario de crise) et, enfin, un partage de la valeur ajoutée plus favorable aux salariés.

La crise financière et économique actuelle, qui succède à une période de croissance fondamentalement déséquilibrée car fondée sur un endettement croissant des agents économiques, donne toute son acuité à l'exploration de cette dernière piste.

1. L'endettement a soutenu la demande...

La voie d'une évolution du partage de la valeur ajoutée plus favorable aux salaires est parfois évoquée pour lever les contraintes pesant sur la progression du pouvoir d'achat.

Stabilisée en France autour de 65 % de la valeur ajoutée depuis le début des années quatre-vingt dix - niveau historiquement faible ( cf. graphique suivant ) -, l'évolution de la part des salaires y a cependant suivi une tendance conforme à celles observées en Europe ces dernières années.

Dans le contexte d'une croissance dont le régime a imposé, dans la plupart des grands pays industrialisés, un endettement croissant des ménages, il est éclairant d'effectuer, pour la France, un parallèle entre la diminution de la part des salaires dans la valeur ajoutée et la baisse du taux d'épargne des ménages .

Bien que le phénomène soit plus spectaculaire dans les pays anglo-saxons, l'endettement accru des ménages , passé de 49 % du revenu disponible brut des ménages en 1996 à près de 72 % en 2007, a apporté une incontestable contribution à la croissance économique française , soit via l'investissement immobilier des ménages, soit via leur consommation.

Les crédits à l'habitat représentent plus de 70 % de l'encours total des crédits aux ménages (73 % à fin 2007). Ces crédits contribuent directement, non pas à la consommation, mais à la formation brute de capital fixe (FBCF) 25 ( * ) des ménages, qui est une composante du PIB. A cet égard, avec la crise immobilière, la FBCF des ménages, après avoir contribué à la croissance annuelle du PIB à hauteur d'environ 0,3 point de 2004 à 2007, devrait au contraire peser sur la croissance à hauteur de 0,2 point en 2008 et 2009 puis apporter à nouveau une contribution positive annuelle, contenue, de 0,1 point de PIB jusqu'en 2013.

Mais, indirectement , par les effets de richesse qu'ils entraînent, ces crédits contribuent aussi au soutien de la consommation -certes, dans une moindre proportion que dans les pays anglo-saxons, où l'encours des prêts à la consommation est directement conditionné par la valeur des actifs immobiliers des ménages.

* 25 C'est-à-dire à l'investissement.

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