3. Un capital risque favorable aux start up
La concrétisation des opportunités de croissance au Japon a été en partie due à des modalités de financement innovantes, dont le meilleur exemple est le capital risque, que celui-ci soit intégré au sein des structures universitaires, ou bien distinct.
a) L'intégration entre recherche théorique et débouchés industriels
L'imbrication de la recherche fondamentale, des applications industrielles et des supports de financement est la forme la plus intégrée de capital risque. La délégation de la commission a rencontré M. Tomotaka Goji, président de The university of Tokyo edge capital co. Ltd. (UTEC), qui fait justement le lien entre ces trois éléments.
Cette société de capital risque , fondée en 2004 par la prestigieuse université de Tokyo, a pour fonction d'investir dans des sociétés venture ayant exploité des technologies et propriétés intellectuelles issues des laboratoires de recherche de ladite université, ou dans des sociétés venture créées par ses élèves ou professeurs. Intervenant au travers d'un fonds d'investissement soutenu par de grands établissements financiers et alimenté à hauteur d'environ 50 millions d'euros, elle est ainsi spécialisée dans le financement des sociétés non cotées issues du secteur scientifique et technologique (notamment information, communication et biotechnologie).
Surtout réputée pour son enseignement dans les matières scientifiques grâce à la qualité de ses dispositifs de R & D 20 ( * ) , l' université de Tokyo a été l'un des établissements publics précurseurs dans la mise en valeur des résultats de ses recherches en créant un centre de coordination des partenariats universités-secteur privé. Ce dernier a pour fonction de gérer la propriété intellectuelle (accords de licence avec les entreprises), les activités de recherche commune (échange de personnels de recherche), ainsi que le soutien à la création d'entreprise et la commercialisation des résultats des recherches (activité prise en charge, pour la partie financière, par l'UTEC).
En pratique, l'UTEC déniche les technologies prometteuses développées au sein de l'université et fait le lien avec les applications industrielles potentielles, puis avec la création d'entreprise, sans que l'université, qui ne fait en réalité que mettre à dispositions des moyens matériels et humains, ne puisse influer sur ses choix et investissements. Un comité de six personnes (universitaires, spécialistes financiers, jeunes entrepreneurs...) juge de la pertinence des projets et décide d'accorder les subventions au nom de l'UTEC.
b) Des moyens de financement massifs en capital risque
Le capital risque consiste à investir en fonds propres dans des entreprises en phase de démarrage afin de contribuer à leur viabilité économique immédiate, puis de les développer, l'objectif final étant de réaliser une plus value maximale via une cession de participation. Introduit dans les années 60 au Japon, il concerne des firmes qui ne peuvent prétendre aux canaux de financement traditionnels du fait des risques importants attachés à leur développement. De nombreuses sociétés multinationales constituant les piliers de l'économie japonaise (Panasonic, Toyota ...), qui à l'origine n'étaient que des « petites pousses », ont eu recours à ce moyen de développement pour atteindre une taille critique.
Les sociétés de capital risque sont incitées à investir le plus en amont possible , dans leur propre intérêt comme dans celui des sociétés qu'elles financent. En effet, plus elles prennent des parts tôt dans les sociétés technologiques, plus leur part relative dans leur capital social -appelé à croître- augmente, et plus le rendement de leurs investissements est élevé. Outre cet aspect financier, la détention d'une part significative du capital social permet d'obtenir une quote-part d'actions, donc un pouvoir de décision.
La délégation a rencontré plusieurs hauts responsables des plus grands groupes japonais de venture capital. Ceux-ci lui ont fait part de la situation difficile du capital risque au Japon , du fait de performances médiocres en termes de rendement/investissement, qui atteignent cependant 19 % net par an garantis ! Par ailleurs, pose problème la cotation en bourse des entreprises innovantes nouvellement créées, ce qui n'incite pas les petits porteurs à intégrer leur capital ou à y demeurer. Enfin, la délégation a eu le sentiment, d'une façon générale, que les responsables rencontrés étaient davantage attachés à la sécurité et à la rentabilité des fonds investis qu'à la stimulation de sociétés réellement innovantes.
* 20 4.000 personnes y font en moyenne 600 à 700 découvertes ou innovations chaque année.