C. UN MARCHÉ POTENTIELLEMENT IMPORTANT RESTANT À EXPLOITER POUR NOS ACTEURS NATIONAUX

1. La bonne image de la France au Japon

L' image positive de la France au Japon est toujours portée par le monde du luxe, de l'art de vivre, de la culture, de l'histoire et des traditions.

Notre pays y bénéficie d'un important réseau public d'enseignement du français et de promotion de la langue et de la culture, avec quatre instituts en gestion directe du Quai d'Orsay et cinq Alliances françaises. Par ailleurs, une cinquantaine de sociétés d'amitié franco-japonaise permettent d'entretenir sur le terrain cette relation de proximité, même si leurs effectifs se renouvellent peu, tandis qu'une cinquantaine de jumelages sont actifs entre collectivités territoriales des deux pays.

Les relations interparlementaires restent constantes. Pour exemple, le groupe sénatorial d'amitié franco-japonais, dont les effectifs étaient passés de 26 à 14 membres après le renouvellement sénatorial de juillet 2007, les a vus rétablis à 25 membres suite à une action de sensibilisation.

Dans l' esprit de l'opinion publique japonaise, une certaine diversification s'est opérée depuis quelques années avec l'arrivée de grands investisseurs (Renault, Axa) et de personnalités particulières (Carlos Ghosn, Philippe Troussier, Jean Reno), conférant à notre pays une image différente et plus moderne.

Les relations économiques ont été stimulées par le lancement, de la part des pouvoirs publics français, de nombreuses campagnes ces dernières années (« Le Japon, c'est possible », « L'esprit partenaire France-Japon », « Initiative France-Japon »). Les échanges touristiques, parties prenantes du secteur économique, se renforcent de France à destination du Japon -ils ont doublé entre 1996 et 2006- et se maintiennent dans l'autre sens.

Toutefois, la concurrence d'autres pays que la France au niveau régional s'intensifie (Australie, Chine, Corée...). A titre d'exemple révélateur, l'enseignement du français y diminue, supplanté par le chinois et le coréen.

A l'inverse, l' image du Japon en France paraît aujourd'hui moins forte que dans les années 80, du fait de l'impact de la « décennie perdue » des années 90, de la montée en puissance de pays comme la Chine et l'Inde, et de la succession, à un Président de la République connaissant bien l'Asie et le Japon, d'un nouveau chef de l'Etat tourné davantage vers le monde anglo-saxon.

Cependant, le Japon continue de bénéficier d'une « côte de popularité » importante dans notre pays, notamment chez les jeunes du fait du développement de la « pop culture » nippone (jeux vidéos, dessins animés, marques de l'industrie électronique...).

2. Des relations franco-japonaises à nouveau stimulées

Marquée par le 150ème anniversaire des relations diplomatiques entre la France et le Japon -c'est en effet en 1858 que Napoléon III et le représentant du shogun ont signé un traité de commerce-, l' année 2008 a connu une relance des échanges politiques et culturels entre les deux pays, pas moins de 600 manifestations ayant été organisé en France.

Au niveau institutionnel , le Président de la République française et son Premier ministre se sont tous les deux rendus, séparément, au Japon. Les visites ministérielles n'ont cessé d'augmenter (2 en 2006, 3 en 2007 et plus de 5 en 2008, grâce il est vrai au calendrier des rencontres du G8). L'ambassadeur français au Japon a fait le tour de tous les départements japonais en deux ans. Lors des discussions ayant eu lieu en 2008 sur la création d'un nouvel échelon administratif par regroupement dans l'organisation japonaise, la France a été prise comme modèle de décentralisation.

D'un point de vue culturel et intellectuel , un très grand nombre d'évènements ont été organisés dans chacun des deux pays pour y célébrer l'autre. En France, pas moins de 79 manifestations culturelles se sont ainsi déroulées pour y célébrer « l'année du Japon ». Commencé en 2007, le dialogue culturel des villes s'est poursuivi de part et d'autres.

Enfin, des actions de rapprochement ont été opérées dans le secteur économique . Ainsi, la chambre de commerce et d'industrie française, la plus ancienne chambre européenne au Japon et la seule reconnue d'utilité publique, a fêté son 90 e anniversaire en organisant un symposium. Par ailleurs, une centaine de PME françaises a bénéficié d'un voyage de découverte dans l'archipel.

3. Des opportunités de développement à saisir

Deuxième économie mondiale, le Japon offre une grande proximité culturelle, ainsi que des valeurs communes avec l'Europe, et des opportunités de développement importantes pour nos entreprises, comme l'a d'ailleurs observé M. Yutaka Iimura, ambassadeur du Japon en France, lors de sa venue devant la délégation au Sénat.

Le fait que le Japon constitue un « partenaire naturel » de l'Union européenne et, plus particulièrement, de la France, mais également la nécessité pour les deux pays d'accroître leurs relations bilatérales, y compris et surtout dans le domaine économique, a par ailleurs été clairement souligné par les premiers ministres japonais et français lors de la visite du second, M. François Fillon, dans l'archipel au mois d'avril 2008.

Les entreprises françaises souhaitant investir ou s'implanter au Japon bénéficient de structures de conseil et de suivi sur place, que ce soit à travers les services de la mission économique de l'ambassade, à Tokyo et Kyoto, notamment, ou par le biais de l'Agence française pour les investissements internationaux

En matière de TIC y compris, des opportunités intéressantes sont à saisir pour les entreprises françaises, à condition de respecter certaines exigences vis-à-vis du marché japonais. La rencontre de la délégation avec le responsable d'Alcatel-Lucent au Japon, M. Martin Jordy, a été à cet égard très instructive et peut servir d'exemple.

L'EXEMPLE DU DÉVELOPPEMENT DU GROUPE ALCATEL-LUCENT DANS LE SECTEUR DES TIC

Le groupe Alcatel-Lucent est issu de la fusion, fin 2006, des entreprises française Alcatel et américaine Lucent, qui toutes deux possédaient des représentations au Japon. Ses activités n'ont cessé d'y diminuer entre 2000 et 2007, son chiffre d'affaires étant passé de 500 à 200 millions d'euros sur la période. La part du Japon n'est que de 1 % dans l'activité totale du groupe, et ce alors qu'elle est de 20 % en moyenne dans les pays développés, que le Japon est le deuxième marché au monde en équipements d'infrastructures télécoms et qu'il est détenu à 35 % par des firmes étrangères. Fin 2007, le consortium où figurait Alcatel-Lucent n'a pas été retenu par le ministère en charge des télécommunications pour l'attribution d'une des deux licences nationales pour la réalisation d'un réseau Wimax.

Selon le responsable d'Alcatel-Lucent Japon, le développement des entreprises françaises sur l'archipel se heurte à plusieurs obstacles :

- la structuration du marché des TIC, où les marges sont désormais très faibles et le niveau d'équipement très élevé ;

- la concurrence exacerbée des entreprises chinoises, excellentes techniquement, qui investissent tous les secteurs du marché en acceptant de livrer, pour chaque contrat, toutes sortes d'équipements annexes sans garantie de paiement, simplement pour « occuper la place ».

Malgré ces difficultés, le secteur reste intéressant pour nos entreprises, le groupe Alcatel-Lucent ambitionnant par exemple de devenir l'un des trois premiers équipementiers au Japon en 2020. Plusieurs exigences doivent toutefois être respectées :

- proposer des produits extrêmement innovants, qui ne se contentent pas de « recycler » ceux déjà existants mais d'apporter une véritable plus-value. Ainsi, Alcatel-Lucent souhaite développer à l'horizon 2010 au Japon une norme de télécommunication de haut débit, dénommée Long term evolution, à vocation internationale ;

- conserver un degré de qualité très élevé et parfaitement constant, condition pour s'attirer et maintenir la fidélité des opérateurs japonais, extrêmement exigeants dans le choix de leurs équipementiers ;

- établir des programmes de coopération, notamment techniques, avec des sociétés japonaises. C'est ainsi qu'Alcatel-Lucent a signé un partenariat stratégique avec l'entreprise japonaise NEC, pour créer une société commune de R&D en charge du projet de réseau mobile de quatrième génération.

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Réunie le mercredi 1 er avril 2009, votre commission des affaires économiques a examiné le présent rapport et l'a adopté à l'unanimité.

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