VII. ACCENTUER LES ENCOURAGEMENTS AU PLAN « BANANE DURABLE » ET SOUTENIR LES BIOTECHNOLOGIES APPLIQUÉES À LA BANANE.

A. ENCOURAGER LES RECHERCHES DU CIRAD SUR L'HYBRIDATION

On a souligné l'importance de l'économie bananière des îles qui est, après le tourisme, la seconde pourvoyeuse d'emplois privés : près de 15 000 emplois sont concernés.

Il s'agit donc d'un enjeu économique et social important.

Il a également été rappelé que la cercosporiose noire menace les Antilles. Cette bioagression exige des épandages aériens très fréquents pour être contenus (de l'ordre de 50 à 60 épandages par an contre la dizaine d'épandages actuellement effectués pour lutter contre la cercosporiose jaune moins virulente).

Le CIRAD mène actuellement une recherche d'hybridations résistantes à la cercosporiose noire mais répondant également à des critères de mise en culture et de commercialisation. Les délais expérimentaux de la mise au point du plant à sa commercialisation sont de l'ordre de 5 à 8 ans.

Or, il semble que si le CIRAD, qui travaille en étroite relation avec la profession, a les moyens de multiplier le nombre d'expérimentations d'hybridations (et de passer de la mise au point de 500 vitroplants hybrides par an à 1 500 par an), les financements manquent pour établir les démonstrations in situ qui sont nécessaires à la validation des vitro-plants hybridés dans des conditions agronomiques normales.

Il est donc primordial d'affecter rapidement les crédits nécessaires à cette action, faute de quoi, la survie des bananeraies antillaises paraît menacée, avec les conséquences économiques et sociales que l'on peut imaginer. Car l'abandon des soles bananières poserait de gros problèmes de reconversion agricole, puisque ces territoires sont parmi les plus pollués des îles.

Cet effort est principalement du ressort de l'Etat, mais il ne semble pas abusif à vos rapporteurs d'évoquer une participation de la profession, qui pourrait être assise sur un faible pourcentage des fonds européens (130 millions d'euros annuellement) qu'elle reçoit.

Cette participation devrait, à notre sens, aboutir à la création d'un centre technique de la culture de la banane, comme il en existe un à La Réunion pour la canne à sucre ou en métropole pour la plupart des filières agricoles.

B. S'INTERROGER À L'ÉCHELLE MONDIALE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES BIOTECHNOLOGIES APPLIQUÉES À LA BANANE

Les biotechnologies pourraient être une solution d'amélioration génétique de l'espèce. Et pourtant, l'un des constats de notre étude est que les programmes d'amélioration génétique de la banane sont insuffisamment développés dans le monde . Plusieurs interlocuteurs nous ont indiqué qu'il est peu probable que des variétés de bananes transformées génétiquement soient plantées dans les prochaines années. Si les recherches sont relativement actives dans des pays comme la Suisse, la Belgique, le Royaume Uni et les Etats-Unis, peu de cultures en plein champ ont été engagées aujourd'hui.

Du fait de sa reproduction asexuée, les bananiers cultivés reposent sur une base génétique étroite (20 cultivars pour la variété Cavendish), qui explique leur sensibilité aux bioagresseurs et peut les rendre très vulnérables aux mutations des ravageurs.

Les experts de la FAO sont conscients de ce problème .

Dans la mesure où la culture de la banane constitue à la fois une ressource alimentaire indispensable et une source précieuse de devises pour beaucoup de pays du Tiers Monde, le développement des biotechnologies appliquées à ce secteur pourrait devenir une urgence.

L'une des voies pour obtenir plus de variabilité génétique de l'espèce Musa (la banane), serait d'utiliser ces biotechnologies, et de mettre au point des variétés de bananes résistantes. Un réseau international pour l'amélioration de la banane et de la banane plantain (INABAP), finance des recherches dans plusieurs pays producteurs.

Les risques que feraient courir au consommateur l'introduction de gènes produisant des toxines permettant de lutter contre la cercosporiose ou encore contre les nématodes et les insectes, sont ténus, car ces toxines existent déjà dans la nature. Il faudrait toutefois engager des programmes de recherche pour vérifier l'innocuité de l'insertion éventuelle d'un gène produisant une toxine permettant de résister à la cercosporiose. Dans le cas de la banane, les risques pour l'environnement seraient insignifiants, puisque la reproduction sexuée n'existe pas.

Il convient, enfin, de mettre en place des systèmes culturaux permettant de réduire les intrants et améliorer l'introduction de bananes.

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