E. M. STEVE TAIT, DIRECTEUR SCIENTIFIQUE DES OBSERVATOIRES VOLCANOLOGIQUES ET SISMOLOGIQUES DE L'INSTITUT DE PHYSIQUE DU GLOBE DE PARIS, REPRÉSENTANT LA FRANCE

Merci beaucoup, Monsieur le sénateur. Je dois avouer que je ne savais pas que je devais prendre la parole. J'ai appris en arrivant que j'étais inscrit sur la liste des intervenants. Donc je n'ai pas préparé d'intervention particulière. Je pense que la plupart des choses ont été dites par Madame Inniss, présidente du groupe intergouvernemental de coordination. Je représente l'Institut de physique du globe de Paris qui est l'opérateur principal français du réseau sismique dans la région des Caraïbes.

La contribution principale de l'IPGP consiste à fournir des données au système d'alerte. Il y a deux structures à l'IPGP qui peuvent y contribuer. D'une part, les stations appartenant au réseau mondial sismologique GEOSCOPE : trois stations y participent, la station de Fort-de-France à l'observatoire volcanologique et sismologique de la Martinique, et récemment, des stations au Mexique et au Costa Rica.

L'IPGP propose actuellement des projets de remise à niveau du réseau sismologique et marégraphique pour participer au réseau d'instrumentation au niveau du bassin. La première partie de ce projet a démarré en Guadeloupe l'année dernière. Nous avons donc une station opérationnelle en Guadeloupe, une deuxième en cours de route et nous proposerons d'autres stations en Guadeloupe et en Martinique par la suite. Un des éléments à signaler ici : au niveau des sources tsunamigènes aux Caraïbes, il s'agit de trois choses principales : les zones de subduction qui peuvent donner lieu à des séismes de très grande magnitude (c'est là assez bien identifié), des failles au nord et au sud du bassin, au niveau du Venezuela, de Porto Rico, etc., et les failles dites intraplaques qui se trouvent dans la plaque Caraïbes mais ne sont pas à l'heure actuelle complètement recensées. Des campagnes bathymétriques pour recenser et identifier ces failles ont été démarrées. Deux campagnes ont eu lieu cette année, pilotées par l'IPGP et d'autres collaborateurs. Nous proposons également une troisième campagne, qui n'est pas financée pour l'instant et qui couvrirait la partie nord de l'arc, où nous ignorons principalement les failles qui peuvent nous intéresser. Le réseau auquel a fait allusion Madame Inniss peut bien couvrir la localisation de séisme au niveau de la zone de subduction et les failles au nord et au sud. En ce qui concerne les failles intraplaques aux Caraïbes, la situation est moins évidente et il faut probablement une densification de stations un peu plus grande. Cela n'a pas été complètement fait pour l'instant. Je peux citer à titre d'exemple le séisme dit « des Saintes » qui a eu lieu fin 2004, juste après le tremblement de terre de Sumatra, qui a engendré un petit tsunami dans l'archipel de la Guadeloupe. Voilà pour cet aspect-là.

Je peux rappeler la structure des 4 groupes de travail mis en place par le GIC aux Caraïbes. Le système de surveillance et de détection est assuré par le groupe numéro 1, où les représentants français viennent de l'IPGP, pour des raisons évidentes. Le deuxième s'occupe de l'évaluation des risques avec l'université Antilles-Guadeloupe ; le BRGM y participe. Le groupe n°3, avec Météo France, s'occupe de diffusion et de communication. Et enfin le groupe 4, préparation, disponibilité opérationnelle et résilience, est dirigé par le chef d'état-major de zone, le lieutenant-colonel Philippe Cova, qui est le représentant français dans ce groupe-là. Il y a d'autres acteurs, bien sûr, la coopération avec le SHOM a été évoquée toute à l'heure. La collaboration entre le SHOM et l'IPGP pour la mesure du niveau de la mer est en route. Voilà ce que je peux dire pour l'instant.

Le domaine où il y a le moins de choses en route concerne les groupes 3 et 4, au niveau de l'alerte diffusion et de la disponibilité opérationnelle ; il y a besoin d'associer les collectivités, les conseils généraux et les conseils régionaux, pour voir comment cela peut fonctionner sur le terrain. Peut-être y a-t-il une interaction forte à avoir avec le groupe de travail 2 pour vraiment bien identifier les zones où le risque est le plus élevé. Il y a un manque de bathymétrie petits fonds. L'outil Litto3D que proposent l'IGN et le SHOM semble très intéressant. L'IPGP avait essayé d'obtenir par quelque moyen que ce soit l'acquisition de ces données-la. Le relais a été maintenant repris par l'IGN et le SHOM, tant mieux. Je voulais juste rappeler ce que j'ai dit tout à l'heure : l'existence de cet outil Litto3D semblait intéresser énormément les autres États de la région, particulièrement les petites îles. L'affrètement de l'avion est un élément important du coût. En gros, si l'avion est dans la région pour faire des levés bathymétriques sur les côtes françaises, cela peut être une très bonne chose si d'autres îles peuvent en profiter. Il y a des montages financiers à élaborer pour voir comment mutualiser les moyens. Ce point a été signalé à la rencontre intergouvernementale 4, qui vient d'avoir lieu en Martinique. Il s'agit d'une demande à la France de voir quelles possibilités elle a d'étendre ses campagnes aux autres États.

C'est tout ce que je peux dire dans l'immédiat. Merci beaucoup.

M. Roland COURTEAU

Merci, Monsieur Tait. Maintenant je vais m'adresser à Monsieur Stefano Tinti, président du groupe intergouvernemental de coordination du système d'alerte aux tsunamis pour l'Atlantique nord-est et la Méditerranée, le fameux GIC/SATANEM.

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