B. M. JAN SOPAHELUWAKAN, PRÉSIDENT DU GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL DE COORDINATION DU SYSTÈME D'ALERTE AUX TSUNAMIS DE L'OCÉAN INDIEN (GIC/SATOI)

Merci beaucoup, Monsieur le président. Je voudrais partager avec vous nos expériences et ce que nous avons fait dans l'océan Indien. J'ai aussi le privilège de suivre tout ce processus depuis le début et, quand le tsunami de 2004 s'est produit, je présidais la Commission océanographique intergouvernementale (COI) en Indonésie.

Je vais vous donner simplement un survol rapide de ce qui se passe dans l'océan Indien, quelle est la situation actuelle, quels sont les problèmes à venir en vue du programme global d'alerte aux tsunamis et ce que nous voulons faire dans le futur. Vous voyez cette diapositive. Depuis que nous avons eu le sommet du tsunami à Djakarta, une semaine ou 10 jours après le tsunami en janvier 2005, nous avons arrêté le système Hyogo à Kobé. Vous vous en souvenez probablement, sur cette base décidée à Hyogo s'est déroulée la rencontre ministérielle de Phuket où le cadre politique du système d'alerte aux tsunamis de l'océan Indien a été adopté. Nous n'avons pas simplement adopté ce système mais un groupe de systèmes complets nous permettant de mettre en place d'autres systèmes. Nous avons eu aussi des rencontres de GIC, qui sont devenues annuelles ; je voudrais souligner ici l'importance de la plateforme de Bonn. Nous avons aussi ce GIC à Bali, c'est le consortium de l'océan Indien, composé de 10 pays donateurs internationaux qui aident les pays de l'océan Pacifique et de l'océan Indien. Nous avons parlé de problèmes de durabilité, de systèmes de veille, dans le cadre de la rencontre de Phuket, et en avril dernier à Hyderabad, nous parlions de la partie transitionnelle et des multirisques. Voilà donc quelques aspects.

Voici les lignes directives des décisions adoptées à Hyderabad. Je vous parlerai un peu plus tard de notre contribution pour l'évaluation des risques : il y a une réunion le 14 octobre 2009 et des problèmes internes assez importants. Je vous donne l'arrière-plan que certains d'entre vous connaissent déjà : l'océan Indien est différent du Pacifique en ce sens que nous avons des modalités de bassin un peu différentes et une situation asymétrique où la zone de production de tsunamis est l'Indonésie à côté d'autres petites zones qui ne produisent pas tellement de tsunamis.

De là, nous arrivons aux modalités sur la capacité de développement que nous avons dans l'océan Indien. 29 pays sont impliqués dans la participation de ce système d'alerte de l'océan Indien. Lorsque s'est produit un tremblement de terre en 2007, nous avons utilisé cet événement pour évaluer le degré de préparation des pays. 6 pays sont déjà préparés pour devenir des centres d'alerte aux tsunamis, l'Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande et (c'est ce que l'on appelle les États à venir, qui vont pouvoir envoyer les informations sur le tsunami) le Bangladesh, la France avec La Réunion, les Maldives. Vous avez ici presque tous les autres pays de cette région. Cela accroît la responsabilité et l'intérêt de ces pays.

De même que François a parlé du système d'alerte dans le Pacifique, je voudrais vous parler du système indonésien. Une fois que se produit le tremblement de terre, première information, entrent en jeu les sismographes ; à partir de cette information, des ajustements seront faits par les opérateurs et on émettra les premières alertes sur le potentiel de tsunami, envoyées ensuite aux autorités régionales pour se préparer à un tsunami potentiel. Ce doit être confirmé ensuite par des bouées de mesure de tsunami. Si le tsunami se produit réellement, on émet une deuxième alerte. Heureusement, jusqu'à présent, ce deuxième exercice n'a pas eu lieu. Mais pour la première alerte, nous avons déjà eu pas mal d'expériences.

Nous avons composé ce GIC de l'océan Indien avec 6 groupes de travail. Les 4 premiers groupes s'occupent de suivi, de détection et d'évaluation du risque, le cinquième groupe, de l'émission des alertes et le dernier, de la réponse aux alertes. Voilà donc les grandes lignes du système d'alerte aux tsunamis de l'océan Indien.

Je voudrais à présent vous donner nos résultats, dont je vais vous présenter l'état, ainsi que le système de bout en bout, les fournisseurs de services, qui sont une véritable contribution par les États membres de l'océan Indien, et les manuels de comportement de gestion du risque. Nous sommes actuellement dans une phase de transition. Je vais vous montrer aussi nos systèmes de suivi déjà déployés dans les bassins de l'océan Indien, les marégraphes, les tsunamimètres (une vingtaine, que nous développons), et notre contribution à la suite de l'esprit de la réunion de Phuket. Le fournisseur d'alertes au tsunami régional est promu par le SATOI. Dès 2010, l'Inde, l'Australie et l'Indonésie qui ont déjà un niveau de service 1, vont passer au niveau de service 2 dont nous parlons dans le cadre du RTWP (Regional Tsunami Watch Provider).

Voici un survol rapide des stations sismiques. Nous voulons avoir 70 stations en 2010 (en 2009, nous en avions déjà plus). Vous voyez la distribution de toutes ces stations : elles sont concentrées autour de l'océan Indien, dans la région indonésienne. L'Indonésie bénéficie également d'un accès aux données sismographiques en temps réel.

Pour les stations côtières, nous avons différents types de plate-forme de communication par téléphone mobile, par système satellitaire également. Voici donc la distribution des marégraphes : 60 stations donnent des rapports de façon continue depuis février 2009, d'autres seront déployées en 2009-2010. Ces stations fournissent des données en temps réel toutes les 6 minutes, par exemple les stations australiennes. C'est un investissement coûteux. Nous avons 7 types de tsunamimètres et de bouées (allemands, américains et autres), nous voudrions avoir 44 tsunamimètres dans le bassin indonésien. Plusieurs types de produits ont été mis en place, 9 sont inactifs à cause du vandalisme, deux le sont en raison de problèmes techniques, 2 autres opèrent en temps réel. Voici la configuration actuelle et à venir, vous voyez comment les bouées et les tsunamimètres sont localisés dans l'océan Indien. A l'avenir l'Indonésie va déployer 80 stations, à la fin de 2010, l'Inde va en déployer 50 et la Malaisie, 21.

L'autre contribution de l'océan Indien au système d'alerte au tsunami est un manuel d'évaluation des risques de tsunami pour partager toutes nos expériences, on peut y avoir accès par le web du COI.

Nous produisons aussi des cartes de risques de tsunami. On peut voir ici pourquoi dans l'océan Indien les tsunamis arrivent souvent. Voici les cartes qui vous montrent les lieux des risques suprêmes sur une période de 50 ans : c'est localisé sur les côtes. Ici, on voit les tsunamis sur une période de 100 ans. On voit aussi les risques sur 500, 1 000 et 2 000 ans. Plus la période de temps est longue, plus le risque est élevé dans les bassins de l'océan Indien. Nous donnons des informations très importantes sur les temps de déplacement des vagues des tsunamis et grâce à certains logiciels nous formons les gens autour de ce bassin dans l'océan Indien. Voici la frange côtière sur laquelle nous travaillons en utilisant ce logiciel COMIT pour le temps de déplacement des vagues de tsunami. Je vous ai dit précédemment que c'est notre contribution propre, nous sommes un fournisseur régional d'alertes de tsunamis.

Tout centre peut devenir un fournisseur d'alertes et peut transmettre l'information à n'importe quel autre pays par les centres nationaux d'alerte au tsunami. Est-ce national ou international ? C'est l'application de l'esprit de Phuket. Nous sommes maintenant dans la période de transition qui est critique, nous devons utiliser ce que les fournisseurs de services ont déjà précédemment fourni. En 2011, la capacité doit être accrue, nous allons échanger nos SOP (Standard Operating Procedures) et les données sur les différents bassins océaniques. Nous sommes en train de tester les différents systèmes de communication. Nous échangeons des bulletins de tremblement de terre pour ceux qui sont au-dessus de 6 sur l'échelle de Richter. Nous invitons les États de la barre pacifique à faire partie de nos travaux.

Voilà quelques-unes de nos activités. Nous mettons l'accent aujourd'hui sur l'organisation de tests terrestres qui auront lieu en octobre de cette année. C'est un système montant et descendant. Nous avons quelques évaluations grâce à des questionnaires sur certains pays sélectionnés. Voici le profil de l'état de préparation de chaque pays.

A l'avenir, notre problème clé est l'intégration et la coordination en utilisant le système de mise en place et d'accès aux données, l'interopérabilité, et la capacité des communautés à un développement durable de ces systèmes. Je ne voudrais pas entrer dans les détails, mais il faut suivre les protocoles en place, arriver au niveau de service 2, ce que nous ferons dans les mois à venir, et renforcer l'état de préparation des pays à travers le système Indian Ocean Wave. Il doit y avoir un accès aux données et à l'interopérabilité, par exemple il faut avoir des formats identiques pour les bulletins de tremblements de terre ; sur l'évaluation du risque et la résilience communautaire, il faut avoir des données aussi rapidement que possible ; sur le niveau de risque, il faut absolument qu'il y ait des agences internationales pour aider à élever le niveau d'information local. Il faut aussi l'intégration des niveaux d'alerte nationaux et des groupes de gestion et d'évaluation des risques par une coordination effective sur le web. Sur la question de la durabilité, nous mettons l'accent sur la perspective du multirisque et de ses capacités.

Il y a trois besoins : la gouvernance, la détection du risque et le suivi, et l'évaluation du risque. Du côté gouvernance, il faut mettre en place les protocoles de RTWP, des plates-formes pour le multirisque. Le côté durable est très important pour le suivi, la détection et le développement des données en topographie et en bathymétrie. Les besoins sur l'état de préparation seront testés dans l'exercice Indian Ocean Wave 2009. Il faut former les centres de formation en fournissant les guides d'utilisation et de suivi, ainsi que les gens sur place.

A l'avenir, ce sont les cadres principaux, je ne veux pas répéter ce qui a été dit précédemment, tels sont les problèmes auxquels nous faisons face par l'intermédiaire de la COI. Nous essayons de structurer les groupes de travail pour avoir une meilleure visibilité dans l'océan Indien, les Caraïbes, le Pacifique, etc. Il faut améliorer notre efficacité opérationnelle des GIC et pouvoir coopérer avec d'autres groupes de la COI. Il faut renforcer le secrétariat ainsi que les relations et la coopération avec d'autres organismes internationaux. Voici donc l'éventail d'activités que nous aurons à l'avenir. L'année prochaine nous aurons la rencontre du GIC à Djakarta en avril 2010. Pour l'avenir nous sommes dans une partie critique de la période de transition. Il faudra absolument pouvoir résoudre les problèmes de durabilité, d'évaluation du risque, d'éducation du public en général et de réponse aux dangers.

Pour conclure, je voudrais mettre l'accent sur 5 facteurs très importants pour progresser rapidement. Nous avons de la chance parce qu'en raison de l'impact dramatique du tsunami de 2004, l'océan Indien est désormais plus sûr maintenant, en raison de l'implication massive internationale, de la coordination de l'UNESCO et de la COI et grâce à de nombreux États donateurs : les États-Unis, la France, la Chine, l'Allemagne, etc. (il y a beaucoup de pays donateurs et d'organisations donatrices). Nous avons aussi un engagement important des pays de l'océan Indien, des pays hautement affectés (Indonésie, Thaïlande, Malaisie, Sri Lanka, Maldives) et des pays hautement impliqués aussi (Australie, Kenya, Maldives, Seychelles). Nous avons la chance d'avoir à disposition des modélisations et les meilleures pratiques du PTWC et du JMA, ainsi que les capacités scientifiques et techniques des pays affectés comme l'Indonésie et l'Inde. A l'avenir, nous devons faire face à des défis internes et externes. Nous devons intégrer les centres d'alerte aux tsunamis existants ; il faut aussi mettre en place nos protocoles de coordination. Nous aurons un problème de durabilité et de préparation des systèmes d'alerte descendants.

J'ai terminé ma présentation, Monsieur le Président.

M. Roland COURTEAU

Merci à vous, Monsieur le Président. Je vais maintenant donner la parole à Jean-Pierre Mac Veigh, directeur délégué pour l'Outre-mer à Météo France. Vous avez la parole, Monsieur.

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