3. Seule reste la voie des sanctions

Il faut bien admettre que les sanctions économiques décidées à cinq reprises par le Conseil de sécurité, mais restées relativement inoffensives, n'ont eu pour l'instant aucun effet sur le comportement de l'Iran. Le soutien de l'Iran au Hezbollah n'a pas cessé, la fatwa contre Salman Rushdie n'a pas été rapportée et le protocole additionnel au TNP n'a toujours pas été ratifié, ni appliqué, laissant l'AIEA à ses interrogations. Pour que l'Iran envisage de reconsidérer sa position, il faudrait que l'Allemagne, l'Italie et la France, mais aussi la Russie et la Chine, acceptent de mettre en place des sanctions plus lourdes. Seraient-elles efficaces ? On peut en douter. Les cas de Cuba et de l'Irak n'ont-ils pas montré que les embargos pénalisent les populations mais n'ébranlent pas les régimes ?

Mais alors, comment convaincre le régime iranien de renoncer à son ambition nucléaire militaire ? Le régime iranien, comme la plupart des dictatures, a besoin de crises extérieures pour échapper à ses problèmes intérieurs. Il nourrit son emprise des menaces qui lui sont adressées.

La perspective d'un Iran nucléaire ne saurait, en soi, nous effrayer . Il n'y a pas de raison de penser que la dissuasion ne fonctionne pas à son égard comme elle a toujours fonctionné. Les dirigeants iraniens détestent l'Occident et Israël. Mais ils tiennent à leur pays, à leur pouvoir et sont des gens rationnels.

En revanche, la nucléarisation de l'Iran entraînerait celle de l'entière région et cela serait une menace pour la paix dans le monde.

C'est pourquoi, il faut s'apprêter à renforcer les sanctions, en étroite coopération avec la Chine et la Russie .

Les sanctions, pour modestes qu'elles aient été, ont eu des effets pénalisants pour la population et les réactions suscitées par la falsification des résultats des dernières élections présidentielles ont montré l'ampleur du mécontentement populaire.

Ahmadinejad ne doit d'avoir résisté à la fureur populaire qu'au soutien que lui accorde le Guide suprême et à la poigne de fer des pasdarans et des basidj ainsi qu'au réseau clientéliste qu'il entretient avec assiduité.

En tendant la main au pouvoir iranien et en déclarant, dans son discours du Caire, que les Etats-Unis étaient prêts à engager avec l'Iran un dialogue global, sans conditions préalables, le Président Obama a fait un geste significatif. Cette approche coïncide et renforce celle de l'Europe. Elle devrait permettre de vérifier d'ici la fin de 2009 si la politique d'ouverture a quelques chances de succès.

S'il n'en était pas ainsi, le moment serait venu de prendre à l'encontre de l'Iran des sanctions vraiment efficaces. Il en est une qui répondrait à ce critère : l'embargo sur les livraisons de pétrole raffiné, notamment d'essence. L'Iran importe 40 % de l'essence dont sa population est grande consommatrice. Le rationnement instauré par le Gouvernement pendant l'été 2007 avait provoqué émeutes et violences, à telle enseigne que les autorités furent obligées de faire précipitamment machine arrière. Il y a toutes raisons de penser qu'un arrêt plus ou moins complet des livraisons de produits pétroliers raffinés à l'Iran inciterait le pouvoir à la réflexion. Une telle mesure devrait être concertée avec les puissances pétrolières du Golfe pour limiter l'impact sur le marché mondial des probables représailles iraniennes en matière de livraisons de brut. Pour s'assurer de l'efficacité de cette politique, il est impératif d'y associer la Chine et la Russie.

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