B. AU LYCÉE : UN ENSEIGNEMENT MODULABLE

Au lycée, la durée hebdomadaire d'enseignement passe à 30 heures, et jusqu'à 35 heures maximum, selon le niveau et les options.

1. Le lycéen jouit d'une grande liberté

a) Une organisation assez largement choisie par le lycéen
(1) Un système modulaire responsabilisant et motivant...

La Direction nationale de l'enseignement décide des objectifs et des grandes lignes des thèmes et des modules d'études aussi bien pour les programmes du lycée que pour les programmes de l'enseignement professionnel. Sur la base du programme de base, chaque fournisseur d'éducation prépare le programme local.

En raison de la structure modulaire dans l'enseignement général et professionnel du second degré, les étudiants peuvent combiner des études incluant les programmes du lycée ainsi que de la formation professionnelle.

Au lycée, le programme est conçu pour durer trois ans, mais les étudiants peuvent le suivre en deux ou en quatre ans.

L'enseignement ne se fait pas par classe d'âge mais par module de matière . Des élèves de 16 à 19 ans peuvent donc suivre un même cours et tous les élèves n'avancent pas au même rythme.

Chaque matière fait l'objet d'une évaluation à la fin du module et lorsque l'étudiant a validé le nombre d'unités requises, il reçoit un certificat de contrôle. En l'absence de redoublement, signalons cependant qu'en cas d'échec au test, l'élève devra suivre à nouveau le même module au cours d'une seconde période.

Au cours de leurs études au lycée, qui restent majoritairement de 3 ans, les élèves doivent valider 75 modules, dont 50 sont obligatoires et 25 facultatifs. Les cours obligatoires sont fixés au niveau national, tandis que les cours facultatifs sont choisis par l'établissement.

Chaque module représente 38 heures d'enseignement et l'organisation de ses cours est choisie par chaque lycéen par période de 6 à 7 semaines, la dernière semaine de chaque période étant consacrée aux tests.

En fait, les lycéens ne sont pas répartis dans des classes, mais dans des cours disciplinaires, en fonction de leur choix. Ils peuvent donc doser les défis et choisir leurs options en fonction de leurs centres d'intérêt et de leur projet d'orientation.

C'est ainsi, par exemple, qu'un lycéen du lycée Ressu d'Helsinki peut choisir parmi 300 cours, dont certains obligatoires, et parmi 13 langues étrangères. Il s'agit toutefois d'un lycée exceptionnel et très renommé, qui peut s'enorgueillir des meilleurs résultats du pays au baccalauréat. Il est évident que les petits établissements, notamment en province ne peuvent proposer ce choix à leurs élèves.

Il y a donc autant d'emplois du temps que d'élèves. C'est après avoir établi l'emploi du temps des élèves, en fonction de leurs souhaits, que l'établissement établit celui des professeurs . Lorsque trop d'élèves sont inscrits pour un module, ce dernier pourra le cas échéant être divisé. Dans certaines matières, telles que des langues assez rares par exemple, ce sont des professeurs d'université qui assurent les cours. Ceux-ci participent également à certains cours appliqués.

(2) ...qui n'est cependant pas exempt de critiques

Les élèves sont guidés dans le choix de leur module par un conseiller d'orientation qui leur donne des cours collectifs et les reçoit individuellement dans le courant de l'année. Cependant dans la pratique, si, dans les établissements de petite taille, le conseiller est en mesure de recevoir tous les élèves, cela devient beaucoup plus problématique dans les plus grosses structures où les élèves, manquant de conseils, choisissent des modules qui ne correspondent pas nécessairement à leurs compétences ou motivations véritables.

Par ailleurs, certains estiment que, les apprentissages étant progressifs, les choix des lycéens peuvent ne pas respecter le rythme d'apprentissage nécessaire et surtout sa régularité.

Ce problème se pose avec une particulière acuité pour ce qui concerne l'apprentissage des langues étrangères. En l'absence de cours réguliers, il est difficile pour un élève d'assimiler une langue dont il aura suivi, par exemple, trois modules pendant cinq à six semaines mais avec des interruptions pouvant durer six ou sept mois...

En outre, certains interlocuteurs se sont émus de la pauvreté de certains programmes d'enseignement , en histoire par exemple.

Enfin, même si la culture finlandaise explique que les jeunes soient autonomes plus précocement que ceux d'Europe du sud, certains élèves n'arrivent pas à assumer cette responsabilité et seraient davantage sécurisés dans une classe telle que nous la connaissons.

C'est pourquoi, si ce système modulaire semble au premier abord extrêmement attrayant, il n'en est pas moins critiqué et remis en cause par certains, même si les lycéens rencontrés par votre délégation ont défendu les avantages du dispositif. Ils apprécient, à ce titre, la liberté et la diversité des choix, l'indépendance, la motivation et la responsabilisation.

b) Un mode de fonctionnement original : souplesse ou laxisme ?

Le lycéen finlandais bénéficie d'une assez grande liberté, à la fois dans son organisation et dans son mode relationnel avec la communauté pédagogique.

La présence des élèves en cours est contrôlée jusqu'au lycée. Puis les lycéens doivent justifier leurs absences et ne peuvent pas valider un module s'ils ont raté plus de 5 cours. Signalons également la possibilité pour le lycéen d'étudier seul un module et de passer ensuite le test, ce qui est particulièrement précieux pour les élèves malades.

La priorité donnée à la valorisation et à l'encouragement de l'élève est à juste titre mise en avant. Elle peut cependant conduire à ne pas corriger ses erreurs, ce qui peut expliquer le regret exprimé par certains d'un affaiblissement du niveau du baccalauréat.

Les relations entre enseignants et lycéens apparaissent très décontractées. Ainsi que le précise M. Paul Robert dans la revue Educpros du 8 octobre 2009 : « l'ambiance est détendue, chaleureuse. L'autorité est souple. Il est normal, par exemple, de tutoyer le professeur, voire de lui faire la bise en partant ! On observe, d'une manière générale, une grande souplesse par rapport aux règles de vie, et personne n'est choqué de la grande décontraction des élèves, y compris vestimentaire. Du coup, ils peuvent être eux-mêmes et chacun se montre très respectueux de l'autre . »

Ainsi, par exemple, le directeur du lycée Syk d'Helsinki a présenté à votre délégation les valeurs de son établissement : estime de soi, joie de travailler, impartialité et responsabilité, développement des talents de communication et de la créativité. Il s'agit aussi d'encourager la tolérance et la compréhension mutuelles. Précisons que cet établissement, qui accueille 693 élèves à l'école fondamentale et 436 au lycée, a toujours été précurseur dans le domaine de l'éducation, tout en respectant les traditions, et qu'il est considéré comme un modèle dans le reste du pays.

Le directeur du lycée Ressu d'Helsinki a aussi indiqué à votre délégation que la philosophie de son établissement reposait sur la confiance réciproque, un esprit de démocratie entre étudiants et professeurs, et non sur l'autorité.

Cette souplesse relationnelle est appréciée mais certains interlocuteurs se sont émus auprès de votre délégation des conséquences d'une quasi-absence de discipline et d'un sens de l'effort trop peu encouragé.

D'autres se sont interrogés sur l'absence quasi totale de cours magistral avant le lycée, au bénéfice du travail systématique en groupe, le professeur jouant souvent un rôle d'accompagnateur et non d'enseignant, au sens propre du terme.

Parallèlement, le travail personnel à domicile est réduit à une heure en moyenne, davantage cependant pour les élèves souhaitant intégrer une université.

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