2. Les abeilles

Les abeilles ont peut-être été le premier sujet d'étude de l'impact des lignes à haute tension puisqu'une étude de 1973 (Wellenstein) rapporte de premiers effets négatifs.

Depuis lors, des études américaines, conduites dans l'Oregon sous des lignes à 1 200 kV et dans l'Illinois sous des lignes à 765 kV au début des années 1980, ont montré que les champs électriques pouvaient affecter les colonies , même placées à l'intérieur de ruches en bois. Étaient constatés un excès de propolisation 7 ( * ) , une baisse de la productivité, une hausse de la mortalité et des difficultés à survivre à l'hiver.

La cause de ces phénomènes est qu'une ruche en bois est un isolant imparfait même si elle n'est composée d'aucun élément métallique. De ce fait, en fonction de la hauteur de la ruche, de l'humidité et de l'importance du champ, des courants induits peuvent exister. Ils sont provoqués par les champs électriques émis par les lignes à partir de 2 kV/m mais se manifestent normalement au-delà de 7 kV/m. Dans les structures de la ruche, des courants de 0,02 à 0,04 mA suffisent à provoquer des chocs répétés sur les abeilles à chaque fois qu'elles entrent en contact avec les zones chargées et à entraîner les problèmes susmentionnés.

La solution efficace semble être de réaliser la mise à la terre du toit de la ruche , notamment dans le cas d'un toit métallique classique et plus généralement d'éloigner les ruches des lignes.

En revanche, ces études n'indiquaient aucun effet sur les capacités d'orientation ou de pollinisation des abeilles y compris à l'aplomb d'une ligne à 1 200 kV.

Des travaux ultérieurs portant sur les capacités de magnétoréception des abeilles viennent éclairer cette question.

Les abeilles communiquent entre elles par différentes méthodes afin d'indiquer notamment les lieux de nourriture. Au-delà de ces modes de communication, il semble qu'elles soient dotées d'un dispositif les rendant naturellement sensibles au champ magnétique (Hsu et al. 2007, Plos One ).

Les recherches paraissent montrer que les abeilles sont capables de distinguer d'infimes variations, de l'ordre de 26 nT, du champ magnétique terrestre qui est un champ statique. Les tests opérés pour évaluer leur sensibilité aux champs alternatifs indiquent qu'elle décroît avec l'augmentation de la fréquence. Relativement élevée à 10 Hz, elle devient faible pour des champs inférieurs à 60 Hz et 430 uT (Kirschvink, 1997, Journal of experimental biology ). Cette dernière étude portait sur un nombre très faible d'abeilles (10 à 15 par type de champs) mais suggèrerait que le bruit électromagnétique ambiant ne serait pas susceptible de perturber les abeilles .

Enfin, votre rapporteur note avec intérêt la perspective d'une coopération entre les apiculteurs et RTE , l'idée étant de profiter du corridor écologique formé par les lignes. Un tel partenariat est intéressant et nécessaire. Il gagnerait à être conforté par un protocole scientifique .

* 7 La propolis est un matériau recueilli par les abeilles à partir de certains végétaux. Cette résine végétale est utilisée par les abeilles comme mortier et anti-infectieux pour assainir la ruche.

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