D. UN COÛT DE GRILLE MAÎTRISÉ

1. Un coût global de grille conforme aux prévisions

Le coût de grille représente le coût de l'ensemble des programmes diffusés pendant une année, qu'ils soient issus d'achats extérieurs (cinéma, fiction, divertissement...) ou de la production en interne (information notamment).

Vos rapporteurs relèvent que le coût de grille global est conforme aux prévisions budgétaires. Il ne constitue plus en 2009 une variable d'ajustement. En effet, sur la période 2005-2009, ce dernier a augmenté en moyenne de 1,9 % par an, alors même que les ressources nettes disponibles ne progressaient que de 1,8 %, sur la même période.

En 2008, la diminution des recettes publicitaires a conduit l'entreprise à « piloter » le coût de grille. Ce dernier n'a augmenté que de 0,6 % en 2008 (1 869,6 millions d'euros) par rapport à 2007 50 ( * ) contre 2,4 % l'année précédente. Les économies décidées en 2008 se sont élevées à 46,7 millions d'euros. Les cases stratégiques ont été privilégiées. En outre, le rythme de mise à l'antenne des programmes a été adapté.

En 2009, l'écart au budget 51 ( * ) , après prise en compte des dépassements de dépenses d'une part, et des économies sur certains postes, d'autre part, s'élève à 1,5 million d'euros. Le coût de grille agrégé de France Télévisions s'établit, en effet, à 1 937,1 millions d'euros, en progression de 3,61 % par rapport à l'année 2008, contre 1 938,6 millions d'euros dans le budget initial 52 ( * ) .

Vos rapporteurs se félicitent que des économies aient été réalisées sur le programme national, d'un montant approximatif de 15 millions d'euros. En revanche, un dépassement du même ordre a été constaté sur les dépréciations et fins de droits . Ces derniers s'établissent à 38,2 millions d'euros contre 23,6 millions d'euros budgétés en 2009.

Vos rapporteurs rappellent que l'ensemble des droits de diffusion , qu'ils soient produits par le groupe, coproduits, produits par des tiers ou achetés, sont sortis des engagements hors-bilan et comptabilisés au bilan lors de leur diffusion. Les achats de droits de long métrage pour deux diffusions sont consommés lors de chaque diffusion à 50 % de leur valeur. Les autres programmes acquis pour plusieurs diffusions sont consommés sur deux diffusions, la première au taux de 80 % et la seconde au taux de 20 %.

RAPPEL DE LA MÉTHODE DE DÉPRÉCIATION
DES DROITS DE DIFFUSIONS ACQUIS

Extrait :

« Les droits de diffusion acquis sont revus semestriellement au cas par cas par la direction des programmes de chaque chaîne, puis par la direction de chaque chaîne en cas d'indice de perte de valeur. Si cet indice de perte de valeur est confirmé, le programme acquis est totalement déprécié. Cette revue est étendue aux engagements d'achats, ce qui peut conduire à constater une provision pour risque. Les principaux indices de perte de valeur retenus sont les suivants :

- un changement de ligne éditoriale,

- un litige juridique,

- un litige technique,

- un problème de classification du programme (violence, etc.),

- une audience trop faible lors de sa 1ère diffusion,

- une certaine obsolescence (si lié à un événement),

- un programme artistiquement non diffusable,

- une incapacité de diffusion (date de fin des droits trop proche sans possibilité de négocier une prolongation).

« Un indice de perte de valeur peut entraîner ou être la conséquence d'un changement de case de diffusion du programme considéré. Aussi, il peut arriver que ce programme figure dans une case qui se voit habituellement affectée des programmes de moindre valeur. Dans le cas où l'écart est très significatif, la chaîne peut être amenée à provisionner ce programme déclassé car celui-ci est dès lors utilisé de manière non-conforme aux options retenues lors de son acquisition.

« Par ailleurs, les droits de diffusion acquis comprennent également les droits sportifs pluriannuels. Ces droits de retransmission d'évènements sportifs majeurs correspondent à des coûts très significatifs qui ne peuvent être couverts, compte tenu notamment de leur mécanisme d'attribution, par les ressources de l'exercice pendant lequel a lieu l'événement.

« Pour tenir compte de cette situation particulière, le groupe France Télévisions a décidé de :

- porter au bilan, quatre ans avant l'évènement, nombre d'années correspondant à la périodicité des évènements considérés, la valeur d'acquisition de ces droits, en contrepartie d'une dette fournisseur sur laquelle viennent s'imputer jusqu'à extinction de cette dette les paiements successifs effectués ;

-  afin d'assurer une continuité de la présentation au bilan de ces évènements sportifs au même titre que la continuité de l'impact de ces droits est assuré au compte de résultat, il a été décidé de présenter ces droits au bilan au 31 décembre précédent la première des quatre années considérées. Ainsi, les nouveaux droits remplacent immédiatement les droits sportifs pluriannuels consommés au cours de l'exercice ;

- différer chaque année, sur une durée correspondant à la périodicité des événements, le montant des produits permettant de couvrir le coût du droit de retransmission à la date de son utilisation, par une incrémentation linéaire de produits constatés d'avance, le montant ainsi différé étant soldé sur l'exercice de survenance de l'événement.

Source : Annexe aux comptes consolidés 2009 de France Télévisions

Il convient de souligner que ces dépréciations sont également en hausse par rapport à 2008 (36,9 millions d'euros) et 2007 (31,6 millions d'euros). En réponse aux demandes de précisions sur les modalités de gestion de ce poste, France Télévisions a indiqué souhaiter réduire son montant, notamment grâce à la meilleure circulation des programmes entre les chaînes. Il devrait ainsi s'établir à 15,2 millions d'euros dans le cadre du budget de 2010.

Vos rapporteurs seront vigilants quant à l'évolution de ces charges qui requièrent une gestion particulière nécessitant d'anticiper tout risque technique, juridique, d'audience ou de changement de ligne éditoriale qui conduirait à ne pas diffuser le programme.

S'agissant des antennes , l'année 2009 a été marquée par une très forte progression du coût de grille de France 4, de l'ordre de 54 % , qu'il faut apprécier à l'aune du montant de son coût de grille de 34,4 millions d'euros . Ce dernier est également en hausse sur France 5, s'agissant des fictions.

COÛT DE GRILLES PAR ANTENNE EN 2009

(en millions d'euros)

Réel 2008

Réel 2009

Écart 2009/2008

2009/2008

France 2

781,8

794,9

13,1

1,7 %

France 3

776,8

807,6

30,8

4,0 %

France 4

22,3

34,4

12,1

54,1 %

France 5

115,0

125,0

10,0

8,7 %

RFO

170,7

178,2

7,5

4,4 %

Source : France Télévisions

Vos rapporteurs saluent les efforts de France 2 et France 3 en matière de la maîtrise du coût de grille. Cependant, des craintes demeurent sur d' éventuelles dérives des coûts de France 3 , en ce qui concerne les dépenses du réseau , notamment sur les emplois non permanents.

ÉVOLUTION DES CHARGES DE DIFFUSEUR
DE FRANCE TÉLÉVISIONS EN 2008 ET 2009

(en millions d'euros)

Source : France Télévisions

En dépit de la hausse du montant des dépréciations de programme de 14,6 millions d'euros et du programme régional de 2,3 millions d'euros, des économies ont été réalisées sur les autres éléments de la grille afin de se conformer aux prévisions budgétaires.

Vos rapporteurs relèvent 53 ( * ) que le coût du programme national a été réduit à hauteur de 14,9 millions d'euros et celui de l'information nationale de 0.5 million d'euros, soit 0,23 % par rapport au budget, malgré un volume horaire de diffusion plus important. L'information nationale et régionale représente 29,2% du coût de grille des programmes.

S'agissant plus particulièrement de l'information régionale , son coût diminue en 2009 de 1,55 %, par rapport aux prévisions. Sa progression a donc été limitée à 1,9 % par rapport à 2008 (6,5 millions d'euros) .

Le coût du sport national baisse de 1,77 % ( 3,1 millions d'euros) en raison d'une année 2009 moins riche en évènements internationaux prestigieux (JO...) et de coûts de production maîtrisés, malgré la production et la diffusion du championnat du monde de ski à Val d'Isère.

COÛT DE GRILLE DE FRANCE TÉLÉVISIONS PAR GENRE EN 2009

Source : D'après les données de France Télévisions

La hausse du coût de grille globale en 2009 est certes à apprécier au regard de la baisse de 0,6 % intervenue en 2008, année des mesures d'économies imposées sur l'ensemble des coûts. Vos rapporteurs relèvent néanmoins que le budget des fictions progresse de 26,5 millions d'euros en 2009 par rapport à l'année précédente. Or, son coût horaire est en augmentation de 17 %. Ce constat renvoie à la question de la politique d'achat et de la maîtrise des coûts que vos rapporteurs jugent inégale, selon les genres et les producteurs.

La présentation agrégée du coût de grille qui comporte à la fois les achats externes et les coûts internes tels que les coûts salariaux ne permet cependant pas d'approfondir l'appréciation de l'évolution des dépenses.

COÛT HORAIRE PAR GENRE DE PROGRAMMES EN 2008 ET 2009

(en milliers d'euros)

2008

2009

Information

34,7

35,4

Sport

123,9

132,0

Cinéma

88,4

84,1

Fictions

59,5

69,7

Séries TV, films

10,0

12,6

Jeunesse

14,8

15,5

Magazines

28,3

26,5

Documentaires

14,6

14,3

Théâtre, musique

13,7

15,2

Variétés, jeux, divertissements

63,0

57,2

Programmes divers

4,7

5,9

Source : France Télévisions

2. La pertinence du maintien de la double rédaction

Le coût de l'information nationale des rédactions de France 2 et France 3 s'élève à 119,4 millions d'euros 54 ( * ) en 2009 pour un volume de diffusion de 2 143 heures .

Ce coût se décompose en plusieurs genres de programmes d'information :

- les éditions nationales qui regroupent les différentes tranches d'information réalisées par les deux rédactions nationales de France Télévisions 55 ( * ) , soit 1 374 heures diffusées pour un coût de 155 millions d'euros ;

- les magazines d'information qui correspondent à 440 heures diffusées par France 2 et France 3 pour un coût de 37 millions d'euros ;

- les opérations exceptionnelles de l'information 56 ( * ) se sont traduites par 44 heures de diffusion par France 2 et France 3 pour un coût de 3 millions d'euros. Il s'agit d'opérations exceptionnelles comme la retransmission de cérémonies ;

- les autres programmes d'information couvrent 285 heures de diffusion par France 2 et France 3, pour un coût de 4 millions d'euros . Ces sujets sont divers puisqu'ils concernent aussi bien des informations pratiques telles que les pages météo de France 2 et France 3 et le Point Route diffusé par France 2, qu'une couverture citoyenne par le biais de la retransmission des débats en direct de l'Assemblée Nationale et du Sénat par France 3, ainsi que depuis octobre 2009, la retransmission des nouvelles questions cribles thématiques du Sénat.

S'agissant du maintien d'une double rédaction, il convient de souligner que l'article 44 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication modifiée par la loi du 5 mars 2009 prévoit que « lorsqu'ils diffusent des journaux télévisés, les services de la société France Télévisions disposent d'une ligne éditoriale indépendante » . La double rédaction pour les sujets d'information nationale vise à protéger le pluralisme éditorial en assurant une diversité de traitement de l'information.

Néanmoins, force est de constater qu' elle génère des coûts supplémentaires . France Télévisions a précisé à vos rapporteurs qu' « une articulation entre les journaux télévisés nationaux et les réseaux régionaux et locaux [est] assurée par le pôle Information de proximité avec, notamment, la création d'une agence interne France Télévisions . »

En outre, il existe une organisation transversale commune pour les sports comme pour les magazines d'information, afin de renforcer la cohérence de l'offre éditoriale du bouquet France Télévisions. De surcroît, une mutualisation des moyens de fabrication de l'information nationale, des magazines et des sports a été mise en place 57 ( * ) .

France Télévisions poursuit en affirmant qu'une telle organisation permet notamment de « développer les échanges et les synergies par une organisation symétrique des éditions et par la mise en commun de certains services supports, météo, médiathèque, infographie et un travail important sur la planification. »

Vos rapporteurs saluent les efforts de maîtrise de dépenses réalisés depuis 2004, s'agissant de l'information nationale. Ainsi, son coût diminue légèrement de 0,2 % en 2009 par rapport aux prévisions du budget, malgré un volume horaire de diffusion plus important. Il n'augmente que de 0,8 % par rapport à 2008. Quant au budget 2010 il est prévu une progression de ce coût de 3,46 %.

Pour autant, vos rapporteurs s'interrogent sur la pertinence du maintien d'une double rédaction, tant au regard des synergies que des résultats d'audience .

En effet, si les journaux de France 2 font montre d'une bonne résistance 58 ( * ) face à ceux de TF1, ceux de France 3 ont connu une baisse d'audience en 2009. Ainsi, le journal national du 12/13 en semaine enregistre une part de marché de 16,8 % soit une réduction de 1,7 % avec une perte de 190 000 spectateurs. En fin de semaine, sa part de marché est en régression de 1,9 % pour s'établir à 13,7 %. Quant au 19/20, il connaît une érosion comparable, de l'ordre de 1,7 % en semaine (19,7 % de parts de marché et 3,7 millions de téléspectateurs) et 1,5 % en fin de semaine (17,4 % de parts de marché et 3,1 millions de téléspectateurs). Ce sont au total 290 000 téléspectateurs qui ont cessé de regarder le 19/20 de France 3 en 2009.

Vos rapporteurs jugent nécessaire, non seulement de poursuivre la mutualisation des moyens et l'adaptation des métiers, mais également d'approfondir la transversalité de l'organisation sur certains sujets d'information afin d'en permettre un traitement plus réactif ainsi que d'en alléger les coûts.

La Cour des comptes relevait déjà dans son rapport précité une disparité de coût horaire entre les chaînes du groupe. Ainsi, le coût horaire des journaux d'information nationaux de France 3 a décru de 20 % depuis 2004 alors que ceux de France 2 a progressé de 3,9 %.

Vos rapporteurs approuvent les conclusions de la Cour selon lesquelles l'ambition de la « nouvelle télévision publique » ne peut être réalisée qu'au prix d'un « effort de modernisation et de rigueur de gestion inédit ». Elle ajoute que celui-ci ne peut « se limiter aux seules fonctions administratives comme cela a été le cas jusqu'à présent, mais devra embrasser les coeurs de métiers de l'entreprise : l'information et les programmes ».

Une telle démarche de recherche de synergies doit cependant être accompagnée d'un dispositif complet et systématique de suivi de l'activité du secteur de l'information avec des critères d'évaluation. France Télévisions a précisé que « les rédactions sont naturellement évaluées sur leur capacité à respecter les budgets qui leur sont assignés. Par ailleurs un certain nombre d'indicateurs sont suivis sur des périodes longues tels que le coût horaire, le volume horaire produit, ou encore le nombre d'opérations spéciales ou de prises d'antennes pour couvrir des événements qui marquent l'actualité. »

Observant que la fusion des sociétés tend à rendre plus complexe le suivi des différents secteurs, vos rapporteurs appellent donc de leurs voeux la poursuite des efforts de mesure de la performance de l'information par la mise en oeuvre de critères complémentaires d'évaluation. Ceux-ci pourraient, à titre d'illustration, permettre de mesurer l'activité notamment par le volume horaire diffusé rapporté aux effectifs ou bien encore le nombre de sujets fabriqués et diffusés à l'a ntenne rapportés aux effectifs.

3. Des coûts de grilles régionaux hétérogènes

Le coût de grille de France 3 s'élève en 2009 à 807,6 millions d'euros dont 458,3 millions d'euros au titre de la grille nationale, comprenant l'information et les sports, et 349,3 millions d'euros au titre des grilles régionales. Ce coût est en hausse de 4 % par rapport en 2008, année où des mesures d'économie ont été prises sur les coûts de grille de l'ensemble des diffuseurs. Il convient de souligner l'effort de maîtrise du coût horaire de l'information régionale de 22,6 % depuis 2004.

Le coût des grilles régionales, qui représente 43,2 % du coût global de France 3, augmente de 0,8 % par rapport à 2008 pour un volume de diffusion en progression de 9,6 %. En effet, la diffusion régionale a représenté un total de 17 921 heures.

Compte tenu de ces données, vos rapporteurs tiennent tout d'abord à saluer les efforts de maîtrise des dépenses réalisés à France 3 depuis 2007 . Cette évolution a été rendue possible grâce notamment à la conception de tableaux de bord dès 2008 afin d'améliorer le compte rendu de la gestion des différentes régions. Ces tableaux ont été complétés en 2009. Ils couvrent depuis 2010 les données sur l'audience.

En conséquence, vos rapporteurs jugent que le réseau régional dispose aujourd'hui de tous les éléments nécessaires à l'évaluation des différentes directions régionales afin d'optimiser leur gestion et imprimer une « couleur » spécifique à chaque antenne.

Néanmoins, force est de constater la difficile émergence d'un pilotage dynamique fondé sur ces nouveaux instruments de mesure. Des marges de manoeuvres existent pourtant en termes de corrélation entre les différents tableaux de bord ainsi que l'a souligné la mission de contrôle général économique et financier. Vos rapporteurs appellent de leur voeux la mise en oeuvre de stratégies régionales tant dans le domaine de la gestion que dans celui de l'identité éditoriale.

Vos rapporteurs observent une certaine disparité de gestion du coût des grilles régionales, sans justification éditoriale ou technique systématique . Il apparaît ainsi que l'Alsace figure au nombre des régions qui ont maîtrisé leurs dépenses ( cf . tableau ci-dessous). Elle affiche un coût de grille de 18,94 millions d'euros en 2009 pour un effectif de 197 ETP ( cf . tableau ci-après).

RÉPARTITION DU COÛT GLOBAL DES GRILLES RÉGIONALES
ET DES HEURES DE DIFFUSION

Source : France Télévisions

En réponse aux interrogations de vos rapporteurs sur les causes d'une telle disparité, la mission de contrôle général, économique et financier a notamment fourni des éléments d'analyse sur la productivité de différentes antennes régionales. Ainsi, s'agissant de la région Paris Ile-de-France Centre , celle-ci enregistre un coût de grille de 33,103 millions pour 347 ETP. Il convient certes d'évaluer ces montants à l'aune des heures de diffusion. L'Alsace représente 4,11 % de l'ensemble des 17 921 heures contre 6,65 % pour la région Ile-de-France Centre. Tous genres confondus, le coût de l'heure diffusée s'établit en moyenne à 26 000 euros. Pour autant les taux d'audience y sont plus faibles que la moyenne. Le difficile positionnement régional ne peut être le seul facteur explicatif de la faiblesse d'audience de France 3 en Ile-de-France. Des caractères socio-démographiques qui identifient le francilien comme plus jeune, plus actif et d'une catégorie socio-professionnelle plus élevée que le spectateur des autres régions plaident pour une adaptation nécessaire des programmes à son audience.

Le coût horaire de la grille de la région Méditerranée est parmi le plus cher du réseau . Le coût horaire de diffusion est également parmi les plus élevés. Il est par ailleurs en nette augmentation par rapport aux années 2004-2005. La diminution des valeurs de diffusion ainsi que les changements de ligne éditoriale et de format ont contribué à cet état de fait. Son coût horaire, supérieur à la moyenne, s'élève à 35 500 euros. En ce qui concerne l'information, le coût horaire s'établit à 47 500 euros. Le coût moyen des régions s'établit à 40 900 euros.

La mission de contrôle général économique et financier a précisé à vos rapporteurs qu'un niveau de productivité global inférieur à la moyenne nationale explique cette dérive du coût de la grille. Il fallait, en 2008, 101 jours de travail en Méditerranée pour produire une heure d'information et antenne contre 87 jours pour la moyenne des régions. L'antenne de Marseille présente le taux de productivité le plus bas de l'ensemble du réseau avec 70 jours de travail pour produire une heure d'information régionale là où la moyenne se situe à 52 jours.

Vos rapporteurs relèvent que si l'évaluation de la performance a été jusqu'à présent peu pratiquée dans cette région, de nouvelles règles ont néanmoins été mises en oeuvre par le pilotage du Pôle France 3 qui assure la coordination générale du réseau afin de remédier à cette situation.

S'agissant du Limousin Poitou Charente , la mission relève que le coût horaire de diffusion de la région est relativement satisfaisant , se situant dans la moyenne. Il a néanmoins fortement augmenté en comparaison de 2005, année où il était le plus faible de l'ensemble des régions. Les volumes de diffusion ont progressé plus vite que le coût de grille.

L'effort de stabilisation des coûts au niveau moyen des coûts de grille est dû à une gestion des ressources plus efficace que dans les autres régions. Mais le coût « horaire moyen » de diffusion ne doit pas masquer une progression du coût de la grille de cette région. L'augmentation des personnels « permanents » compensée par la diminution des « non permanents » tend à faire progresser les coûts fixes à mesure que les volumes augmentent.

Enfin, il convient également d'insister sur la corrélation entre le coût des grilles régionales et celui des directions régionales représenté dans le tableau ci-après. Le premier représente 87,2 % du second en 2009.

Vos rapporteurs souhaitent qu'une réflexion soit conduite sur les modalités de renforcement des synergies entre les régions afin de réduire les différences budgétaires non justifiées par les spécificités régionales.

Ils craignent, en outre, que certaines régions, considérées jusqu'à présent comme vertueuses en termes de gestion, ne procèdent à un alignement sur le coût moyen de la grille régionale, dans le cadre de la nouvelle organisation .

COÛTS DE GRILLE ET COÛTS DES DIRECTIONS RÉGIONALES EN 2009

(en milliers d'euros)

Coûts de grilles

Dépenses des directions

Alsace

18 947

21 427

Aquitaine

20 362

25 592

Bourgogne Franche-Comté

22 947

25 961

Corse

20 924

26 473

Limousin Poitou Charentes

25 962

29 084

Lorraine Champagne Ardennes

26 388

29 735

Méditerranée

28 742

35 513

Nord Pas-de-Calais Picardie

27 888

30 633

Normandie

24 765

26 684

Ouest

30 698

35 687

Paris Ile-de-France Centre

33 103

36 969

Rhône Alpes Auvergne

35 827

40 058

Sud

32 712

36 781

Total

349 264

400 598

Source : D'après les données de France Télévisions

Enfin, vos rapporteurs tiennent à souligner le manque de corrélation entre le coût de la grille et le nombre d'habitants . De surcroît, ils n'ont pas constaté non plus de lien direct entre le coût de la grille et celui de l'audience .

Ces deux constats devront être traités dans le cadre de la nouvelle gestion du réseau. Depuis 2010, l'audience des émissions régionales est en effet suivie par la direction du Réseau et la direction des Études trimestre par trimestre, conformément aux demandes de la mission du contrôle général économique et financier.

Vos rapporteurs plaident pour le renforcement de la coordination générale dans les plus brefs délais afin d'asseoir l'efficacité de gestion du réseau par une meilleure utilisation des instruments de pilotage et des indicateurs d'activité.

Les meilleures pratiques régionales doivent être étendues à l'ensemble du réseau.


* 50 Le coût de grille s'est établi en 2008 à 1 869,6 millions d'euros.

* 51 S'agissant du plan d'affaires cet écart s'élève à 4,3 millions d'euros par rapport au plan d'affaires.

* 52 Cf. compte de résultat diffuseurs.

* 53 Cf. Compte de résultat synthétique de France Télévisions de 2009.

* 54 Le cout total de l'information nationale s'établit dans le compte de résultat à 216,5 millions d'euros car il comprend également le journal télévisé de RFO pour un coût de 11,6 millions d'euros et 136 heures de diffusion et le Journal des journaux d'Euronews pour 5,5 millions d'euros et 284 heures de diffusion. France Télévisions a précisé en réponse à vos rapporteurs qu'une subvention est versée par l'ex-pôle France 3 à Euronews. Le programme étant diffusé, cette charge est comprise dans le coût de grille, à la différence de l'ex-pôle France 2, pour qui cette charge était positionnée en Autres dépenses du diffuseur car il n'y a pas de contrepartie.

* 55 Cf. Les éditions diffusées sur France 2 : les éditions matinales de Télématin, le 13h, le 20h, et le journal de la nuit ainsi que les éditions nationales de France 3 : le 12/13, le 19/20 et le Soir 3.

* 56 Cf. la retransmission de cérémonies (60 e anniversaire de l'OTAN, 65 e anniversaire du débarquement, les 20 ans de la chute du Mur de Berlin), la couverture des élections européennes, la retransmission du discours du président de la République devant le Congrès de Versailles, un hommage à Mickael Jackson, l'investiture du Président des Etats-Unis.

* 57 Ainsi, depuis une quinzaine d'années, France 3 forme près de 70 % de ses journalistes à une double qualification, « rédaction et images ». Si dans la plupart des situations une équipe de reportage est constituée de deux personnes, force est de constater que l'image d'une équipe à quatre perdure.

* 58 Le journal de 13 heures en semaine réalise une belle performance avec une part de marché de 19,1 % et 2,5 millions de téléspectateurs (soit une augmentation de 0,7 % de parts de marché et de plus de 100 000 téléspectateurs quotidiens par rapport à 2008). Il maintient ses bons résultats le week-end avec une part de marché de 18,5 % et 2,8 millions de téléspectateurs (soit une hausse de 2,2 % de parts de marché et plus de 350 000 téléspectateurs). Le journal de 20 heures, quant à lui, maintient son positionnement, face à une tendance à une légère érosion. En semaine, il détient 20,5 % de parts de marché et rassemble 4,7 millions de téléspectateurs en 2009. En fin de semaine, il enregistre 20,8 % de parts de marché et 4,3 millions de téléspectateurs.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page