I. EXEMPLES DE TSUNAMIS ANTILLAIS DUS AUX SÉISMES

Pour revenir à ces exemples de tsunami antillais liés à la subduction ou proches, il faut citer celui de 1843 : je le disais, il n'y a pas le tsunami avéré. On pense que le séisme était peut-être un peu profond, mais il a fait de nombreux dégâts. Le prisme au niveau de la subduction est un peu particulier et a pu étouffer peut-être la génération d'un tsunami.

Au niveau des Iles Vierges, au nord de l'arc, un tsunami a été répertorié dans la base de données tsunami du BRGM pour les Antilles.

Le séisme des Saintes de 2004 a enregistré une magnitude de 6.3. Certaines observations ont pu être synthétisées et confrontées à des modèles. On travaille beaucoup avec ces approches. On voit qu'un séisme très superficiel, assez destructeur et de magnitude pas très forte, suffit à générer un tsunami tout à fait observé et qui a produit des dégâts.

J. LES TSUNAMIS INDIRECTEMENT LIÉS AUX SÉISMES

Mon intervention était centrée sur les séismes, mais il faut souligner qu'il existe des tsunamis indirectement liés aux séismes, qui sont ceux provoqués par les déstabilisations gravitaires dont je parlais, elles-mêmes pouvant être générées par un séisme.

On a un exemple malheureux, il y a une dizaine d'années, en Papouasie Nouvelle-Guinée, où un séisme de magnitude 7.0 a été suivi d'un glissement sous-marin majeur, d'un volume estimé à plusieurs kilomètres cubes, qui lui, vraisemblablement, a généré des run-up extrêmes de plus de dix, quinze mètres localement. Ce tsunami a balayé toute une partie de la côte de Papouasie, en emportant des villages de pêcheurs et faisant plusieurs milliers de victimes. Ce tsunami n'a pas été observé à distance.

On ne peut pas exclure que de tels effets secondaires de séisme pourraient se produire sur les pentes fortes qui caractérisent la Côte d'Azur et aussi la marge algérienne. Il faut le souligner.

Il faut rappeler également qu'aux Antilles les pentes fortes volcaniques se déstabilisent parfois, cette fois hors séisme, ou en condition éruptive. On a de nombreux cas documentés récemment sur l'île de Montserrat, sur la Montagne Pelée, à la Soufrière.

Vous avez ici quelques exemples au niveau de la Martinique et des modélisations que l'on peut faire aussi entre Montserrat et la Guadeloupe sur cet exemple.

K. ÉLÉMENTS DE DISCUSSION

L'aléa tsunami pour les côtes françaises est assez peu documenté historiquement et géologiquement. Il y a encore du travail à fournir. On s'attend essentiellement à des tsunamis modérés qui peuvent provoquer un certain nombre de dégâts et de gênes portuaires en particulier, comme des dégâts sur les embarcations, des inondations locales sur des plages très peuplées à certaines périodes de l'année. Il faut souligner aussi que ces phénomènes de tsunami ne peuvent pas être décrits comme une vague qui arrive et qui s'arrête. Le phénomène dure plusieurs heures.

On l'a bien vu, en 2003, dans les ports sur la Côte d'Azur. Des plaisanciers ont été réveillés au milieu de la nuit à l'arrivée du tsunami par des vagues apparues huit heures après le séisme. Toute une série d'excitations, de résonance portuaire se met en place lors de la propagation du tsunami, qui fait que le port reste excité pendant des heures. Une résonance se produit brutalement plusieurs heures après la première vague. L'état d'alerte doit durer un certain nombre d'heures pour ce type de site.

Les événements sont rares. Je n'ai pas mentionné ici la série de projets sur lesquels on travaille depuis plusieurs années, qui concernent essentiellement les études d'aléas. Toute une série d'actions sont à souligner, qui ont été soutenues via l'ANR, le Plan Séisme. Il y a la problématique alerte sur laquelle François Schindelé reviendra.

On a aussi l'appui de la modélisation dont je parlais, qui est de plus en plus efficace, qui va nous permettre, dans un contexte d'alerte, d'aller de plus en plus vers des estimations d'aléas en temps réel. Je vous disais que le tsunami ne se propageait pas très vite. Justement, en dix ou vingt minutes, on peut avoir une estimation des zones à risques après un séisme.

Je voudrais terminer sur le fait qu'un certain nombre d'équipes travaillent sur l'aléa. La vulnérabilité des côtes croît énormément, sur les côtes méditerranéennes en particulier, mais pas seulement. Ce qui pose la problématique de l'évacuation des plages, de la réponse à une alerte que l'on sait faire technologiquement.

Cette problématique existe toujours. Actuellement, on a très peu de signalisations, de routes d'évacuation. L'éducation des populations est encore assez limitée. Il ne faut pas verser dans le catastrophisme, mais il est vrai qu'une prise de conscience minimale servirait pour un rivage tel que la Méditerranée. Nous sommes tous appelés à être touristes sur d'autres rivages, cette éducation sera efficace aussi pour toutes les côtes exposées. Tout cela ne doit pas occulter l'aléa pour des raisons économiques et touristiques sur des rivages très peuplés l'été, en particulier.

M. Roland Courteau

Nous allons entamer la deuxième table ronde et nous donnerons la parole à l'issue de celle-ci à celles et ceux qui le souhaiteraient.

M. Jean Claude Etienne

A propos de ces deux premières interventions, celle de Pierre-Yves Bard et celle d'Hélène Hebert que je voudrais féliciter, je voudrais dire ici combien l'Office parlementaire attache d'importance à la coopération avec les grands organismes de recherche : le CNRS dans le premier cas, le CEA dans le deuxième. Je voudrais dire, en me faisant l'écho de ce que le président Lise évoquait il n'y a pas si longtemps, et toi-même cher rapporteur, que sans le CEA notamment, toute l'affaire des capteurs et des avancées enregistrées, notamment depuis 2007 n'auraient pas pu se faire.

Cette coopération de l'Office parlementaire avec les grands organismes de recherche nourrit la réflexion qui préside à la construction de nos rapports. Je voulais les en remercier et les en féliciter.

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