2. Prendre des initiatives en matière monétaire
a) Dévaluer l'euro ?
Les taux de change ont été stabilisés dès 1997 au sein de la future zone euro 146 ( * ) et, depuis, l'idée d'une dévaluation monétaire est écartée.
La politique monétaire commune est aujourd'hui adoptée dans la zone euro, en fonction des traités communautaires, par la banque centrale européenne (BCE) en relation avec l'Euro-groupe, qui est une réunion mensuelle informelle des ministres des Finances des États membres de la zone euro, en vue d'y coordonner leur politique économique. L'objectif principal de cette politique est la lutte contre l'inflation .
Or, une politique de dévaluation s'opposerait frontalement à celle dite de « désinflation compétitive », qui a souvent inspiré les politiques monétaires en Europe ces deux dernières décennies. La politique de « désinflation compétitive » vise en effet, à l'inverse, à freiner l'inflation dans le but d'obtenir, sur le long terme, une tendance à la baisse des coûts et donc, théoriquement, une meilleure compétitivité économique de la zone euro.
En outre, la mission souligne que la pratique de la dévaluation compétitive n'a le plus souvent que des effets de court terme . Au pire, elle peut même provoquer une perte de compétitivité, à l'opposé de l'effet recherché.
Certes, la dévaluation entraîne à court terme une augmentation des exportations et décourage les importations, ce qui peut relancer la croissance. Toutefois, cette pratique a des effets beaucoup plus contestables à long terme. En effet, le plus souvent, la perte de valeur de la monnaie accélère l'inflation, ce qui provoque, in fine , une perte de compétitivité.
b) Élargir les objectifs de la politique monétaire ?
Sans dévaluer officiellement l'euro, l'Europe saurait certainement mieux échapper aux contraintes actuelles en se dotant d'une stratégie en ce domaine face aux États-Unis et à ses autres concurrents.
Il pourrait s'agir par exemple de compléter les objectifs de la politique monétaire d'un objectif de compétitivité . La France aurait probablement des difficultés à convaincre ses partenaires dans la mesure où des pays comme l'Allemagne se satisfont du niveau élevé de l'euro et ont une balance commerciale excédentaire. La mise en oeuvre d'une stratégie européenne de compétitivité pour l'industrie justifie pourtant un aménagement de notre politique de changes.
Le président de la République a, d'ailleurs, à plusieurs reprises, déploré la faiblesse du dollar par rapport à l'euro en estimant que les disparités monétaires représentent un problème absolument considérable. À l'occasion de ses voeux aux « forces économiques », le 6 janvier 2010, il a ainsi déclaré « Si on fabrique en zone euro et qu'on vend en zone dollar, avec le dollar qui tombe et l'euro qui monte, comment pouvez-vous compenser le déficit de compétitivité des entreprises françaises ? ». Il s'est, en outre, engagé à ce que la question du système monétaire international soit au centre des débats internationaux, sous l'impulsion de la présidence française du G20 en 2011, en vue d'éviter les phénomènes de « dumping monétaire ».
* 146 Cette stabilisation a pris la forme de l'Union économique et monétaire (UEM).