INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs,

Dans son essai d'épistémologie historique intitulé Comment on écrit l'histoire 1 ( * ) , publié en 1971, l'historien français Paul Veyne déclarait que « l'histoire n'existe pas, il n'existe que des histoires ». L'histoire demeure avant tout le produit d'une activité humaine , soit qu'elle résulte de la réflexion scientifique conduite par un historien qualifié, soit qu'elle consiste en un récit du passé auquel est susceptible de se livrer toute personne désireuse de se référer à des événements antérieurs.

Dès lors que tout ce qui s'est produit par le passé est potentiellement « également digne de l'histoire », la présentation et l'analyse d'événements historiques suppose un effort de hiérarchisation qui est tributaire des choix opérés par le narrateur de ces événements, selon une méthode et des critères plus ou moins scientifiques et objectifs. Dans cette logique, Paul Veyne insiste sur le fait qu' « il faut qu'il y ait un choix en histoire, pour échapper à l'éparpillement en singularités et à une indifférence où tout se vaut ». Si l'historien est libre de sélectionner l'événement historique qu'il souhaite mettre en avant, il n'en demeure pas moins que les faits qui ont constitué cet événement ont une existence réelle et ont des liaisons objectives et inchangeables. C'est cette analyse qui conduit Paul Veyne à soutenir que « la vérité historique n'est ni relative, ni inaccessible comme un ineffable au-delà de tous les points de vue, comme un « géométral » ».

Ces considérations épistémologiques établissent une distinction claire entre le savoir historique et « la commémoration, par récits, monuments ou rites, de grands événements politiques ou religieux, légendaires ou authentiques, qui sont chers à une société considérée » 2 ( * ) . En tant qu'analyse critique et discipline scientifique, l'histoire n'a pas pour objet de sacraliser un événement et, encore moins, d'accompagner le réflexe identitaire que celui-ci peut susciter au sein d'un groupe social. C'est cette différence fondamentale entre histoire et mémoire, entre enquête rigoureuse et méthodique et instrumentalisation politique du passé, entre primat de l'esprit critique et démarche hagiographique et idéologique qui s'est précisément trouvée au coeur des débats soulevés par le projet présidentiel de création d'une « Maison de l'Histoire de France ».

L'annonce de ce projet et la réflexion qui l'accompagne remontent déjà à la fin de l'année 2007. Dans une lettre de mission conjointe en date du 20 novembre 2007, les ministres de la culture et de la défense ont chargé M. Hervé Lemoine, conservateur général du patrimoine au ministère de la défense et inspirateur du projet présidentiel, de rédiger un rapport sur la création d'un « centre de recherche et de collections permanentes dédié à l'histoire civile et militaire de la France ». Ce rapport, rendu public en avril 2008, a pris alors pour titre « Maison de l'Histoire de France » 3 ( * ) . Il a été suivi de deux autres rapports, l'un rendu en mai 2009 par M. Jean-Pierre Rioux sur « Les sites susceptibles d'accueillir un musée de l'Histoire de France » , l'autre rendu en avril 2010 par M. Jean-François Hebert intitulé Éléments de décision pour la Maison de l'Histoire de France .

Trois événements majeurs sont intervenus, jusqu'ici, pour accompagner le projet dans ses phases opérationnelle et d'approfondissement de la réflexion :

- une association de préfiguration du futur établissement public de la Maison de l'Histoire de France , présidée par M. Jean-François Hebert, a été créée au début de l'année 2010. Elle a pour objectif principal de préfigurer la création de l'établissement public dénommé « Maison de l'Histoire de France », en fournissant un cadre de pilotage stratégique tant du point de vue de la programmation scientifique et culturelle que du point de vue de la programmation immobilière ;

- la décision d'implanter la future institution sur le site parisien des Archives nationales a été annoncée par le Président de la République le 12 septembre 2010, à l'occasion de sa visite du site préhistorique des Eyzies-de-Tayac. Elle marque le début des négociations entre l'association de préfiguration, la direction des Archives nationales et l'opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (OPPIC) en vue de la répartition entre la Maison de l'Histoire de France et les Archives nationales des espaces libérés dans le quadrilatère Rohan-Soubise consécutivement au déménagement d'une partie des fonds d'archives sur le nouveau site de Pierrefitte-sur-Seine. Cette annonce s'est accompagnée d'une controverse nourrie sur l'éventuelle concurrence de deux institutions publiques consacrées à l'histoire sur un même lieu, et plus largement sur la vocation parisienne des Archives nationales et l'avenir de leurs missions fondamentales en matière de conservation et de valorisation de nos documents d'histoire ;

- le comité d'orientation scientifique de la Maison de l'Histoire de France , présidé par M. Jean-Pierre Rioux, a été installé par le ministre de la culture et de la communication le 13 janvier 2011. Il a vocation à être « consulté et [à] se prononc [er] sur l'ensemble des composantes du projet et sur la politique culturelle de la Maison de l'Histoire de France » 4 ( * ) . Il a, ainsi, pour mission première de définir l'objet et les principales responsabilités de la future institution et d'élaborer la charte qui présidera à sa programmation scientifique et culturelle.

Compétente en matière de patrimoine, d'éducation, d'enseignement supérieur et de recherche, la commission de la culture du Sénat entend être attentive aux principes et aux modalités de mise en oeuvre d'une structure fédératrice de notre riche et dense réseau de musées et lieux d'histoire. Compte tenu de l'importance de ces musées pour la mise en valeur du potentiel culturel et touristique et de l'identité de nos territoires, le Sénat doit avoir toute sa place dans la réflexion sur la création d'une « Maison de l'Histoire de France ».

C'est pourquoi elle a confié le soin à votre rapporteur de produire un rapport d'information précisant à la représentation nationale quels devraient être le contenu des missions du futur établissement ainsi que les principes qui présideront à sa conception sur les plans technique, juridique et financier afin de garantir le succès de l'opération.

Il ressort des nombreuses auditions que votre rapporteur a conduites pendant près de cinq mois que les multiples controverses suscitées par ce projet sont principalement le résultat de difficultés de coordination dans la communication et d'une concertation insuffisante en amont de la communauté scientifique. À cela, s'ajoutent des éléments contextuels propres à radicaliser les adversaires les plus hostiles au projet, en particulier les craintes d'un repli identitaire alimentées par le débat sur l'identité nationale et l'onde de choc provoquée par l'annonce de l'installation de la Maison de l'Histoire de France sur le site parisien des Archives nationales.

En effet, M. Pierre Nora, historien célèbre pour ses travaux sur les lieux de mémoire, estimait, dans une lettre ouverte adressée au ministre de la culture et de la communication en date du 11 novembre 2011, que le projet de création d'une Maison de l'Histoire de France « aura beaucoup de mal à se remettre de son origine impure et politicienne » 5 ( * ) , faisant ainsi référence au contexte qui a entouré son annonce, marqué par le débat controversé sur l'identité nationale.

À la crainte d'une instrumentalisation de l'histoire présentée sous la forme d'un roman national 6 ( * ) , se sont ajoutées les critiques résultant de l'annonce, par le chef de l'État, le 12 septembre 2010 à la suite de sa visite de la grotte de Lascaux, de l'installation de la Maison de l'Histoire de France sur le quadrilatère Rohan-Soubise. Les personnels des Archives nationales ont dénoncé une décision qu'ils ont jugée brutale, en raison de son caractère inattendu et de l'absence de toute consultation préalable, et ont manifesté leur indignation en occupant pendant 134 nuits des dépôts de l'hôtel de Soubise, de septembre 2010 à janvier 2011. Après une interruption consécutive à un accord conclu le 27 janvier 2011 entre les représentants du personnel des Archives nationales et le cabinet du ministre de la culture et de la communication, l'occupation nocturne des locaux a repris.

Or, deux éléments majeurs ont frappé votre rapporteur.

D'une part, elle a pu constater que la très grande majorité des personnalités auditionnées, notamment des historiens a priori hostiles au projet présidentiel, n'entendait, en aucune façon, s'opposer au principe même de création d'une institution de médiation culturelle destinée à valoriser nos collections à caractère historique, à conférer une plus grande visibilité à notre réseau de musées d'histoire et de société et à mieux faire connaître les travaux de la recherche en histoire. Les critiques se sont prioritairement focalisées sur la méthode qui a présidé à la réflexion et à la communication sur ce projet.

À cet égard, il a été principalement reproché aux concepteurs et aux responsables de la mise en oeuvre du projet de ne pas avoir procédé à une consultation préalable suffisamment approfondie de la communauté des experts concernés, aussi bien les historiens que les archivistes, les sociologues, les anthropologues, les ethnologues et autres experts en sciences humaines ou encore les professionnels de l'exposition au grand public.

Un certain nombre d'observateurs ont également jugé incongru que l'installation d'un comité d'orientation scientifique chargé d'élaborer la charte éditoriale du futur établissement ne soit intervenue que le 13 janvier 2011, soit exactement quatre mois après l'annonce du choix de la localisation par le chef de l'État. Plus surprenant encore, les membres de ce comité n'avaient pas été mis au courant de l'organisation d'une exposition du musée des plans-reliefs (qui devrait constituer un des éléments du socle de la Maison de l'Histoire de France) au Grand Palais pour le mois de février 2012, avant son annonce par le chef de l'État lors de son discours au Puy-en-Velay le 3 mars 2011. Les difficultés à constituer le comité d'orientation scientifique et le manque d'échange d'informations entre ce dernier et l'association de préfiguration ont soulevé des inquiétudes quant à la bonne collaboration entre les responsables de la mise en oeuvre opérationnelle du projet et les membres de la communauté scientifique. De ces difficultés a parfois résulté un certain nombre de malentendus liés aux annonces publiques concernant ce projet, comme l'illustre l'annonce de l'exposition des plans-reliefs au Grand Palais sur laquelle le comité d'orientation scientifique n'a pas été consulté.

D'autre part, l'incompréhension des personnels des Archives nationales et le fait qu'ils n'aient pas été consultés préalablement sur l'articulation de ce projet avec leurs propres activités apparaissent d'autant plus paradoxaux que les Archives nationales avaient depuis 2001 conduit une réflexion très approfondie sur la relance de leur propre musée de l'histoire de France .

En d'autres termes, votre rapporteur a relevé un très grand niveau d'incompréhension entre les principaux acteurs concernés, à savoir l'État, la communauté scientifique et les personnels des Archives nationales alors même que, sur le fond, les intérêts et les objectifs des différentes parties auraient dû logiquement converger .

Car, au-delà de ces incompréhensions réciproques, la plupart des personnes interrogées par votre rapporteur s'accordent pourtant sur le diagnostic suivant :

- la nécessité d'une tête de réseau des musées d'histoire et de société répartis sur l'ensemble de notre territoire : le tissu des musées d'histoire et de société est particulièrement dense sur l'ensemble de notre territoire et les trésors que constituent nos collections à caractère historique sont souvent d'une qualité exceptionnelle et insoupçonnée. Alors que nos musées des beaux-arts disposent d'établissements leur conférant une visibilité et un prestige internationaux de premier ordre, il est paradoxal que notre pays ne dispose pas d'une institution de médiation culturelle en mesure de valoriser notre patrimoine historique et de replacer notre pays au coeur des parcours itinérants des grandes expositions internationales à dimension historique ;

- la nécessité de valoriser la recherche appliquée et l'enseignement dans le domaine de l'histoire , une science humaine dont l'utilité tant sociale qu'économique n'est pas à démontrer : en particulier, la création d'une grande institution de médiation culturelle consacrée à l'histoire paraît opportune dans la redynamisation de notre politique de publications et d'édition et de diffusion des savoirs et des connaissances historiques , en partenariat avec les universités et les centres de recherche et de grands établissements culturels 7 ( * ) qui bénéficient déjà d'un soutien financier dans le cadre du grand emprunt. Pour mémoire, au cours de la présentation des projets de recherche susceptibles d'être financés par le grand emprunt, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche a posé comme principe que « les sciences humaines et sociales doivent être associées à l'ensemble des travaux de recherche que nous allons porter dans le cadre du grand emprunt . Non seulement pour accompagner le changement mais aussi renforcer la compréhension mutuelle de la science et de l'ensemble de la société, et pour apporter son regard transversal, avec l'immense richesse de notre culture et de notre histoire » ;

- la nécessité de développer la vulgarisation de la connaissance en histoire : l'accès du plus grand nombre à l'histoire s'est opéré jusqu'ici principalement dans le cadre de l'enseignement scolaire. Au-delà de l'enseignement scolaire, l'approfondissement des connaissances en histoire semble être de plus en plus réservé à la communauté scientifique et aux publics avertis ayant une pratique régulière de la lecture et du visionnage des magazines et des documents historiques. Or, il existe un véritable besoin de vulgarisation de la connaissance en histoire qui pourrait être utilement mise en oeuvre par des institutions de médiation culturelle, en complémentarité avec l'enseignement scolaire ;

- la nécessité d'adopter une approche globale fondée sur la complémentarité de nos politiques en faveur de l'enseignement de l'histoire, de la recherche en sciences humaines et sociales et de la valorisation de notre patrimoine historique : la grave crise que traverse l'enseignement de l'histoire, en particulier au lycée, et les inquiétudes manifestées par les enseignants-chercheurs en sciences humaines et sociales lors des grèves du printemps et de l'hiver 2009 plaident pour un effort global de redynamisation de nos politiques en faveur de l'histoire ;

- la nécessité de bien comprendre les difficultés d'appréhension de l'histoire comme objet muséographique : tout objet de valeur historique devra être accompagné d'un effort de contextualisation qui suppose une nécessaire part de subjectivité dans le cadre de la mise en scène d'un message. Par conséquent, la coopération étroite et régulière entre la communauté scientifique et les professionnels de l'exposition au grand public devra constituer une exigence fondamentale du fonctionnement du futur établissement.

Dans le cadre de ce rapport d'information, la commission de la culture, de l'éducation et de la communication du Sénat n'entend pas se substituer au rôle du comité d'orientation scientifique de la Maison de l'Histoire de France qui aura la responsabilité d'élaborer la charte éditoriale du futur établissement. À partir de la consultation des différentes parties concernées par la création de cette nouvelle institution de médiation culturelle, elle a eu principalement pour souci de dégager des propositions opérationnelles en vue de poser les conditions de la légitimité scientifique du projet et de son succès durable auprès du grand public.

I. LES MUSÉES D'HISTOIRE ET DE SOCIÉTÉ EN FRANCE : UN RÉSEAU RICHE ET DENSE, MAIS MÉCONNU

Le premier musée 8 ( * ) ouvert au public en France fut créé à Besançon en 1694 9 ( * ) . Toutefois, c'est sous la Révolution que les pouvoirs publics ont oeuvré au développement des musées sur le reste du territoire afin de garantir l'accès des citoyens aux oeuvres d'art et aux collections dont la jouissance était jusqu'alors réservée à la famille royale, aux nobles et aux congrégations religieuses . En effet, la Révolution française s'est accompagnée d'un important processus d'appropriation de biens nationaux et d'intérêt public, autrefois confisqués par la noblesse et le clergé, avec pour objectif de les exposer au public dans un espace neutre. Les collections royales sont dès lors devenues les collections nationales, gérées par les musées nationaux qui les ont considérablement enrichies depuis 1792.

C'est ainsi que, pendant le siècle des Lumières, le musée s'est progressivement imposé comme l'un des principaux lieux de la diffusion du savoir et de l'éducation du peuple. Néanmoins, au souci de démocratisation de l'accès à la culture, se sont ajoutées d'autres motivations bien plus politiques de glorification du régime en place. Ce fut notamment le cas sous les règnes de Louis-Philippe I er et de Napoléon III qui ont, chacun, créé un musée de l'histoire de France, le premier consacré aux gloires de France au sein du château de Versailles, et le second installé au sein des Archives nationales. À chaque fois, le discours adopté, qui s'employait à mettre en avant la continuité historique entre l'Ancien Régime, la Révolution française et le monarque ou l'empereur de l'époque, reposait sur une légitimation du pouvoir politique en place .

Sous la III e République, ce n'est plus prioritairement au travers des musées mais bien à partir de l'enseignement de l'histoire à l'école que le discours historiographique est utilisé comme un outil de renforcement de la cohésion nationale, l'illustration la plus frappante en étant le manuel d'histoire de Lavisse.

D'une façon générale, on note que, depuis la Révolution et la Terreur, les sciences de l'homme, aussi bien l'histoire que l'anthropologie, l'ethnologie et la sociologie, ont régulièrement fait l'objet de luttes politiques vigoureuses et ont été soumis à de puissantes logiques d'instrumentalisation, en particulier pour servir à des fins de défense de la patrie.

A. UN RÉSEAU INSUFFISAMMENT STRUCTURÉ

1. Les musées d'histoire en France : des établissements polymorphes en quête de visibilité

À la suite d'une enquête menée en 1993 auprès de 1 090 musées français à l'initiative de l'Association internationale des musées d'histoire, Mme Marie-Hélène Joly, conservatrice, et M. Laurent Gervereau, historien, ont recensé en 1996, dans le cadre de leur inventaire des musées et collections d'histoire en France 10 ( * ) , un corpus global de près de 800 établissements en France susceptibles d'être classés comme des musées d'histoire . Or, compte tenu de leur multiplication significative au cours des vingt dernières années, dans un mouvement d'expression croissante des identités et des mémoires locales, il y a fort à penser que ce nombre sous-estime aujourd'hui la richesse de notre réseau de musées disposant de collections historiques répartis sur l'ensemble du territoire national.

Ces musées d'histoire disposent de statuts disparates : au-delà de la dizaine de musées nationaux à dimension historique, ayant le statut de service à compétence nationale ou d' établissement public placé sous la tutelle du ministère de la culture, et des lieux de mémoire placés sous la tutelle du ministère de la défense, la plupart des musées d'histoire répartis sur notre territoire appartiennent aux collectivités territoriales , et principalement aux municipalités. D'autres ont été créés par le biais d'initiatives privées, et sont bien souvent gérés dans un cadre associatif .

Le musée d'histoire est, à l'évidence, une notion profondément polymorphe. Encore aujourd'hui, définir ce que l'on entend par musée d'histoire constitue une entreprise particulièrement ardue. Dans l'inventaire précité, Mme Marie-Hélène Joly constatait qu'en l'absence de définition claire, le musée d'histoire continuait de se définir « plus en creux, par rapport à ce qu'il n'est pas » 11 ( * ) . Au cours d'un colloque intitulé « Des musées d'histoire pour l'avenir », organisé à l'Historial de Péronne en 1996, elle reconnaissait que l'expression « musée d'histoire » était bien plus un « mot-valise, dans lequel chacun met ce qu'il veut et dont les contours sont très flous ». À cette occasion, elle a alors tenté d'élaborer une ébauche de définition du musée d'histoire : « c'est un lieu dans lequel on conserve et on montre des traces matérielles du passé pour évoquer un événement ou un phénomène dans une intention plus historique qu'esthétique » 12 ( * ) .

C'est ainsi que la notion de musée d'histoire peut recouvrir une très grande diversité d'établissements exposant au public des collections à caractère historique : il peut s'agir aussi bien de musées d'histoire nationaux, sous tutelle de la direction des musées de France du ministère de la culture, de musées d'histoire territoriaux gérés par des collectivités territoriales, que des musées non réglementairement définis comme tels par la direction des musées de France 13 ( * ) présentant des collections consacrées à un événement ou à une période historique déterminée ou encore à un grand personnage de l'histoire, nationale ou locale.


* 1 VEYNE, Paul, Comment on écrit l'histoire. Essai d'épistémologie , Paris, Seuil, 1971.

* 2 Ibidem .

* 3 LEMOINE, Hervé, « La Maison de l'Histoire de France » - Pour la création d'un centre de recherche et de collections permanentes dédié à l'histoire civile et militaire de la France , rapport au ministre de la défense et à la ministre de la culture et de la communication, avril 2008.

* 4 Dossier de presse sur l'installation du comité d'orientation scientifique de la Maison de l'Histoire de France, disponible sur le site du ministère de la culture et de la communication le 13 janvier 2011.

* 5 NORA, Pierre, Lettre ouverte au ministre de la culture et de la communication, Le Monde , édition du 11 novembre 2011.

* 6 Dans une tribune intitulée « Le musée de l'histoire rance » publiée dans l'édition du quotidien Libération du 15 octobre 2010, l'historien Nicolas Offenstadt estime que « le projet culturel phare du quinquennat s'inscrit [...] d'emblée dans l'offensive idéologique de retour au roman national d'exaltation des racines qui marque les discours sur l'histoire tenus par et autour du Président ».

* 7 C'est notamment le cas de la Bibliothèque nationale de France, l'Institut national de l'audiovisuel ou le Centre national du cinéma et de l'image animée.

* 8 D'un point de vue étymologique, le mot « musée » est issu du grec mouseion et du latin musaeum , termes employés initialement afin de désigner les temples dédiés aux muses, déesses protectrices des arts libéraux, la muse étant communément la divinité qui inspire un artiste.

* 9 POULOT, Dominique, Une histoire des musées de France : XVIII e -XX e siècles , Paris, La Découverte, 2008.

* 10 JOLY, Marie-Hélène, et GERVEREAU, Laurent, Musées et collections d'histoire en France - Guide , Association internationale des musées d'histoire, Paris, 1996.

* 11 Ibidem .

* 12 JOLY, Marie-Hélène, « Les musées d'histoire » in Des musées d'histoire pour l'avenir , actes du colloque organisé à l'Historial de Péronne du 19 au 21 novembre 1996, Noêsis, Paris, 1998.

* 13 La loi n° 2002-5 du 4 janvier 2002 relative aux musées de France institue une appellation « musée de France » délivrée par le ministre chargé de la culture, le cas échéant après avis du Haut conseil des musées de France, sur la base de critères définis par la loi et précisés par voie réglementaire.

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