II.- TROIS POLITIQUES COMPLÉMENTAIRES INDISPENSABLES : MIEUX PRÉVENIR, RENFORCER L'OFFRE DE SOINS ET RÉDUIRE LES RISQUES

A. PRÉVENIR LE PASSAGE À L'ACTE, UNE PRIORITÉ

La prévention commence par la limitation de l'offre de stupéfiants, c'est-à-dire par l'interdiction de l'usage des drogues illégales, la répression de leur détention et celle de leur production et de leur commerce. Le maintien de la pénalisation de l'usage est donc un volet essentiel de la politique de prévention comme on le montrera dans la dernière partie du présent rapport. Cela ne suffit naturellement pas, puisqu'on a aussi évoqué les signaux alarmants donnés par les statistiques de consommation. Il faut alors inlassablement informer et éduquer, dépister les facteurs de risque, proposer le cas échéant une aide sociale, médicale ou psychologique. C'est dire que la prévention doit être à la fois collective et individuelle, couvrir une très large gamme d'actions, depuis le message diffusé par les médias jusqu'à l'entretien avec un professionnel éventuellement suivi d'une consultation spécialisée.

Les conditions de l'efficacité des politiques de prévention sont de mieux en mieux connues, en particulier grâce à des études effectuées à l'étranger, la culture de l'évaluation étant encore insuffisamment développée en France, ainsi qu'il a été souvent indiqué à la mission d'information.

Certains enseignements tirés de l'ensemble des réflexions menées à ce sujet sont présentés ci-dessous ; il a semblé particulièrement important à vos rapporteurs de proposer d'améliorer l'efficacité des campagnes de prévention lancées en France en s'inspirant des enseignements tirés des études et d'évaluations disponibles, de préconiser le renforcement de la prévention dès le plus jeune âge, d'améliorer la formation des personnels chargés de la prévention.

1. Améliorer les méthodes de la prévention

L'identification des publics prioritairement destinataires de la prévention, l'adoption d'une démarche centrée sur la promotion de la santé et la clarification des messages diffusés sont les principaux axes de l'effort à mener afin d'améliorer les méthodes de la prévention.

a) Mieux cibler les publics visés

La nécessité d'élaborer la politique de prévention en fonction des types de consommation et des publics visés a souvent été soulignée devant la mission d'information. M. Pierre Arwidson, directeur des affaires scientifiques de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, a ainsi précisé que l'institut « travaille sur deux axes complémentaires : d'une part, prévenir ou réduire la consommation de substances psychoactives ; d'autre part, prévenir ou réduire les conséquences liées aux addictions chez les consommateurs. » (115 ( * ))

Cette distinction n'est pas éloignée des trois catégories de prévention identifiées par le professeur Daniel Bailly, pédopsychiatre et auteur d' Alcool, drogues chez les jeunes : agissons :

- la prévention universelle , qui s'adresse à l'ensemble de la population potentiellement consommatrice ;

- la prévention sélective , qui s'adresse, au sein de cette population, aux personnes présentant des facteurs de risques pour le trouble concerné ;

- la prévention indiquée , qui s'adresse plus spécifiquement aux personnes à très haut risque, présentant des marqueurs cliniques ou biologiques de vulnérabilité ou manifestant les symptômes du trouble.

Les cibles visées appellent en effet des démarches différentes : « Ce n'est pas parce que l'on diminue la consommation moyenne de la population adolescente que l'on va réduire l'incidence de l'abus et de la dépendance. Autant les programmes de prévention généralisée centrés sur l'amélioration des compétences psychosociales et de l'estime de soi sont efficaces en termes de consommation, autant agir sur l'abus et la dépendance nécessite de repérer très tôt les enfants à risque pour les aider à faire face à ce risque. Les deux types de prévention peuvent fort bien être mis en place en milieu scolaire mais ils ne poursuivent pas les mêmes objectifs, ne recourent pas aux mêmes méthodes de travail et ne concernent pas les mêmes populations », a commenté à cet égard le professeur Daniel Bailly lors de son audition (116 ( * )) .

M. Alain Morel, directeur général de l'association Oppelia, a estimé de son côté : « Il existe deux stratégies importantes. La première consiste en une intervention précoce afin d'apporter, dans le dialogue, des outils de changement pour ceux qui en ont besoin. La seconde repose sur l'éducation préventive et le travail sur les comportements d'usage. » (2)


* (115) Audition du 16 février 2011.

* (116) Audition du 23 mars 2011.

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